La Scena Musicale

Monday, December 15, 2008

Haydn : Concerto pour trompette / Concerto pour cor no 1 / Concerto pour clavecin en ré / Double Concerto pour violon et fortepiano en fa

Dimitri Babanov, cor; Jürgen Schuster, trompette; Ariadne Daskalakis, violon; Harald Hoeren, clavecin et fortepiano; Cologne Chamber Orchestra / Helmut Müller-Brühl
Naxos 8.570482 (72 m 52 s)
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Cette nouvelle parution de Naxos propose quatre concertos rarement entendus de Franz Joseph Haydn, dont les deux seuls survivants parmi la demi-douzaine écrits pour instruments à vent. Dans le Concerto pour cor no 1 (Hob. VIId:3) composé en 1762, Haydn fait une incursion inhabituelle pour l’époque dans le registre grave de l’instrument soliste. Le corniste russe Dmitri Babanov possède un son suave très agréable, rehaussé par une acoustique résonnante et une prise de son précise. Les instruments modernes de l’orchestre de chambre de Cologne offrent un accompagnement rafraîchissant, quoiqu'un peu mou dans le 3e mouvement.

Légèrement antérieur, le Concerto pour clavecin (Hob. XVIII:2) est une œuvre joyeuse et, avec ses modulations surprenantes, non dépourvue d’humour. Le clavecin y est à la fois membre de l’orchestre et soliste. Le Double concerto pour violon et fortepiano (Hob. XVIII:6) est le seul concerto de Haydn pour deux instruments solistes. Il s’agit d’une pièce d’intérêt limité, aux mélodies peu attachantes. Le duo de solistes permet néanmoins à Haydn d’explorer le lien entre concerto et musique de chambre.

Homme de son temps, Haydn compose en 1800 le célèbre Concerto pour trompette (Hob. VIIe:1) pour un instrument d'invention récente à l'époque : la trompette à clés. (Ces clés, actionnées par la main gauche, couvrent des orifices et permettent à l’instrumentiste de jouer la gamme chromatique dans tous les registres, une nouveauté par rapport à la trompette naturelle.) Le deuxième mouvement donne à entendre une mélodie expressive dans le riche registre grave. Jürgen Schuster possède un son lyrique (quoiqu’un peu trop chargé d’air à mon goût), mais il a la fâcheuse habitude de terminer ses phrases par des accents éclatants, pas toujours du meilleur goût. Une version qui ne détrônera pas celles de Winton Marsalis et de Håkan Hardenberger.

- Louis-Pierre Bergeron

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Sunday, October 12, 2008

Capital Brassworks : Gabriel’s Sister

Karen Donnelly, trompette; Capital Brassworks / Alain Cazes
Capital Brassworks Records
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Formé d'une quinzaine de musiciens, dont bon nombre font partie de l’Orchestre du Centre national des arts (CNA), l’ensemble de cuivres Capital Brassworks est devenu depuis sa création en 1999 une institution musicale importante à Ottawa.

Son dernier enregistrement met à l'honneur la trompettiste canadienne Karen Donnelly, soliste de l’Orchestre du CNA depuis 1996. À la trompette piccolo, au cornet à piston comme au flugelhorn, Mme Donnelly se révèle ici une interprète d’un raffinement extrême. Tout y est. Le son, au vibrato bien dosé, est toujours lyrique et chaleureux. L'étourdissante virtuosité ne vise pas à épater la galerie mais sert toujours la musique. Et sur ce fond d'intense musicalité se déploie un répertoire très varié : œuvres pour brass bands du 19e siècle, airs d’opéra romantiques, chanson des Beatles, musique latine, ballades…

Un choix qui fait briller la soliste, mais qui confine souvent l’ensemble de cuivres dans un rôle d’accompagnateur. Capital Brassworks, dirigé ici par Alain Cazes, l’éminent chef et pédagogue montréalais, révèle toutefois de belles qualités (jeu d’ensemble, justesse, richesse de son), que gênent à peine de rares coquilles, par exemple chez les cors dans le Trumpet Voluntary. On peut néanmoins reprocher au disque une austérité excessive, un manque de relief; la sobriété de la soliste dans Napoli et Tico Tico, notamment, appelle quelques explosions d’énergie, plus d'étincelles, quoi.

- Louis-Pierre Bergeron

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