Le Conseil des Arts du Canada ne soutient plus les périodiques à diffusion contrôlée
Le Conseil des Arts du Canada a discrètement  abandonné le soutien qu’il accordait aux périodiques à diffusion  contrôlée dans le cadre de son programme d’aide aux périodiques  d’art et de littérature pour 2010, dont la date d’échéance est  le 1er mars 2009. Dans un courriel, l’agent de programme  Peter Schneider décrit ainsi comment on en est venu à cette décision :  « Après cette période de six ans (NDLR : sept en réalité), et compte  tenu de son expérience et des recommandations émises par des comités  d’évaluation de pairs au cours de cette période, en 2008, le Conseil  a remis en vigueur les lignes directrices précédentes. » M. Schneider  n’a toujours pas expliqué pourquoi elles avaient été rétablies,  ni par qui.
L’enjeu tourne autour de la disposition  dite « Lola » (d’après le nom d’un magazine torontois sur les arts  visuels qui n’existe plus), stipulant qu'un périodique admissible  doit tirer au moins 25 % de son revenu des recettes de la diffusion payée  ou de la publicité. En 2002, quand ce critère avait été instauré,  l’agente de programme de l’époque, Joanne Laroque-Poirier, avait  expliqué que la règle des 25 % de recettes autonomes avait pour but  de vérifier si un périodique avait un lectorat. Selon ses dires, à  l’origine, le critère selon lequel 50 % des exemplaires doivent être  vendus permettait d’assurer l’existence d’un lectorat minimum.  Les recettes publicitaires ont été rajoutées à cette formule, puisque  les annonceurs ne seraient pas intéressés par un périodique sans  lecteurs. Cette proposition est aussi valide aujourd’hui qu’elle  l’était alors.
En plus de représenter un recul, le  retour aux lignes directrices précédentes est en retard par rapport  aux tendances dans le monde de la publication de périodiques. Le Conseil  des arts de l’Ontario, par exemple, après une étude approfondie  de l’industrie des périodiques, l’été dernier, a modifié ses  critères d’admissibilité relativement aux magazines d’art afin  de rendre admissibles les périodiques à diffusion contrôlée. Par  ailleurs, cet organisme a mis en place des critères très progressistes  (pas plus de 40 % de recettes publicitaires, plafond de 30 000 exemplaires  par numéro). Récemment, le nouveau Fonds du Canada pour les périodiques,  dont la création a été annoncée le 17 février dernier, a suggéré  que l’on instaure des critères d’admissibilité fondés sur une  diffusion annuelle payée ou demandée. La limite de 5 000 exemplaires  est trop élevée pour la plupart des magazines d’art et il faudrait  rendre les critères conformes à ceux d’autres secteurs du ministère  du Patrimoine canadien.
Un magazine directement touché par  cette décision est La Scena Musicale (LSM), une publication  bilingue montréalaise consacrée à la musique classique, qui existe  depuis treize ans. C’est l’un des périodiques d’art les plus  respectés du Canada. La rédaction a pris connaissance de la modification  en lisant le site Web du Conseil au moment de préparer la demande de  subvention pour cette année. Déjà récipiendaire d’un financement  du Conseil pour sa version électronique, LSM espérait récemment  encore obtenir une subvention pour sa version imprimée. À Vancouver,  la rédaction du périodique FRONT, peut-être le seul, après  Lola, à recevoir une subvention en vertu de cette clause, ne connaissait  pas le changement lorsque nous lui en avons fait part, le 23 février.  Toutefois, d’après son rédacteur en chef, Andreas Kahre, M. Schneider  lui aurait affirmé que son périodique continuerait d’être admissible  en vertu d’une clause de droits acquis qui ne figure pas dans les  directives de 2010.
Pour La Scena Musicale, c’est  une question de principe et de transparence. Les magazines d’art à  diffusion contrôlée représentent une minorité, mais ils sont depuis  toujours le moteur de la diffusion des arts et devraient être admissibles  au financement. Par exemple, La Scena Musicale publie dix numéros par  année tirant en moyenne à 25 000 exemplaires par numéro et rejoignant  500 000 lecteurs canadiens par année, en plus d’un auditoire mondial  sur Internet. En 2007-08, le Conseil des Arts du Canada a subventionné  106 magazines d’art et littéraires pour un total de 2 661 900 $.
 
Le fait que le changement a été effectué  sans consultation et que les intéressés n’en ont pas été avisés  montre à quel point le processus manque de transparence.
 
La Scena Musicale mène présentement une campagne pour faire annuler ce changement de politique. Nous avons lancé une pétition en ligne et un groupe sur Facebook. Information : info@scena.org.
> Petition en français sur Mesopinions.com
Labels: Canada Council, funding, LSM News


 
 






