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La muse affiliée

Volume 3, Numéro 3- MARS 2001

Le plaisir croît avec l'usage

Les langues du monde entier comportent des difficultés et des subtilités qu'il faut étudier, analyser, disséquer au fil des ans pour parvenir à les transcender. La maîtrise d'une langue étrangère s'accomplit généralement quand la pensée s'y articule si parfaitement qu'elle nous hante même dans nos rêves. La deuxième (ou troisième) langue devient alors partie intrinsèque de notre personnalité, une facette supplémentaire qui nous permet une plus grande liberté d'expression.

On répète souvent que la musique est une langue universelle qui traduit émotions et pensées sans barrière artificielle. Il faudrait alors accepter de s'investir entièrement dans l'étude de ce langage, avec la même qualité d'effort qui l'on apporte à la maîtrise de l'anglais, de l'espagnol… ou de l'informatique. Quand je mentionne à mes élèves que je passais deux heures à l'instrument tous les jours dès la fin de mon primaire, leur réaction reste prévisible: « Quoi? Comment tu faisais? » Bien sûr, l'Internet, les vidéos et le Nintendo n'avaient pas place dans mon horaire quotidien et je consommais les émissions de télévision à très petites doses. Malgré les heures de pratique - qui je l'avoue, me pesaient parfois - , je trouvais le temps de rédiger mes devoirs, de dévorer des livres, de jouer avec les voisins, de rêver… La musique faisait tellement partie de mon être que je n'ai jamais mis en doute sa pertinence. Rapidement devenue essentielle, elle a sûrement servi d'exutoire à mes émotions et mes interrogations.

Réjouissons-nous, l'apprentissage de la musique semble vivre un regain de popularité. Le blitz médiatique qui a entouré l'effet Mozart a certes sensibilisé les parents à l'importance d'une éducation musicale. Pourtant, la plupart des parents proposent un instrument à l'enfant comme une activité parascolaire « régulière », sans réaliser que l'étude du langage musical ne peut être vécue à moitié. Aucun parent n'accepterait de débourser pour des leçons d'espagnol privées si l'enfant baragouinait à peine quelques phrases à la fin de l'année!

Bien sûr, il n'est pas nécessaire - ni même souhaitable - de produire une armada de musiciens professionnels. On pourrait faire le rapprochement entre ceux-ci et des professeurs de français de haut niveau, spécialisés dans un domaine ou un autre de leur champ d'expertise. Il faudrait toutefois refuser de niveler vers le bas car les citoyens deviendraient alors des analphabètes musicaux, incapables de saisir les subtilités de ce langage. La musique deviendrait alors une langue morte comme le sont devenus le latin ou le grec ancien, une « curiosité » que certains experts apprécient mais que plus personne n'aime pour leurs possibilités expressives. S'il semble impensable d'envisager cette possibilité, il faudra alors s'impliquer quotidiennement afin de parfaire nos connaissances et celles des élèves…la société de demain.

Vive la musique libre… et vivante!

Lucie Renaud

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