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Johann Nepomuk Maelzel

 

Que veulent dire les lettres MM dans l’indication métronomique?

  1. MétronoMe
  2. Mouvement Métronomique
  3. Maelzel Métronome
  4. Métronome de Malheur! 1

 

La réponse est c)

Vers 1815, l’inventeur Johann Nepomuk Maelzel (1772-1838), un homme d'une rare mais inquiétante habileté, était très occupé. Il avait mis au point une figurine qui jouait du clairon et une sorte de chronomètre – le précurseur de notre métronome.

Un certain compositeur demeurant à Vienne à ce moment-là, visitait assidûment les ateliers de Maelzel : Ludwig van Beethoven . Celui-ci vivait dans les affres d’un amour impossible et d’une surdité grandissante. Maelzel inventa pour lui différents cornets acoustiques2 . Ainsi les deux devinrent de très chers amis.

Entretemps, Maelzel voulant perfectionner son clairon mécanique inventa le panharmonicon, un mécanisme qui pouvait produire tous les sons de l’orchestre. Cet orchestre mécanique géant actionné à l'air sous pression était composé de flûtes, trompettes, percussions, cymbales, triangles, violons, violoncelles et clarinettes et pouvait aussi reproduire les tirs d’une artillerie et divers bruits de combat. Beethoven qui devait 50 ducats à Maelzel accepta promptement d'écrire un morceau pour le monstre de métal. Lequel des deux hommes talentueux fut le premier à avoir l'idée de La Victoire de Wellington  ( Symphonie de la Bataille)3, nul ne sait, mais ils célébrèrent ainsi cet événement : Beethoven écrivit la musique en accord avec les capacités de la machine et Maelzel acheta la partition. Maelzel suggéra à Beethoven d'en faire une adaptation pour un (vrai) orchestre afin de faire des tournées et de gagner de l'argent. La première eut lieu le 8 décembre 1813 et eut un succès triomphal et ils gagnèrent une somme rondelette. Il le refirent et gagnèrent encore plus. Mais Maelzel prétendait aux droits de la partition considérant qu'il avait payé pour elle4. Cela mit Beethoven en fureur5. Il traîna Maelzel devant les tribunaux, mais en 1817 ils se réconcilièrent devant un bon repas et une bonne bouteille6 , partageant entre eux les frais juridiques de cette affaire.

Mais revenons à notre métronome. Un certain nombre de prototypes ont mené au métronome que nous connaissons aujourd’hui. Étienne Loulié en 1696 en avait inventé un mais il était peu commode puisqu’il mesurait 2 mètres de haut! Puis lorsque Maelzel vit lors d’une exposition celui de Ditrich Nikolaus Winkel , un inventeur danois (1780-1826) , il s’en appropria le brevet, le perfectionna puis le mit en marché7 .

C’est ainsi que Beethoven, intéressé par l’instrument, écrivit une pièce dans laquelle il introduisit le tic-tac du métronome. Cette pièce devint l’Allegretto scherzando de sa Huitième Symphonie. Il publia par la suite des indications métronomiques pour ses huit premières symphonies, pour lesquelles les chefs-d’orchestre peuvent être aujourd’hui très reconnaissants. 8

Mais jamais les deux compères ne se seraient doutés qu’au vingtième siècle, des compositeurs introduiraient encore le métronome dans leurs compositions. Les deux exemples qui nous viennent à l’esprit sont : de Villa-Lobos, une pièce accompagnée de trois métronomes qui « jouent » à différentes vitesses, et de György Ligeti, « Poème symphonique  » (1962) avec dix musiciens et…cent métronomes.

 

Plus tard, Maelzel inventa un automate qui jouait aux échecs et qui gagnait à tout coup. Il fit la tournée des foires, puis émigra aux Etats-Unis. Il mourut, onze ans après son viel ami, à bord d’un paquebot qui l’amenait aux Antilles pour un voyage promotionnel. Ses gadgets l’avaient enrichi d’un demi-million de dollars. 9

 

Danielle Laberge


1 Pour ne pas dire : Maudit Métronome!
Il tentait de régler au moins un des problèmes du pauvre compositeur.
Le 12 juin 1813 dans les environs de la cité basque de Vitoria, Sir Arthur Wellesley, futur duc de Wellington, avait  battu à plates coutures l'armée Française commandée par le Roi Joseph Bonaparte. Cela réjouit tous les anti-Napoléoniens d'Europe et particulièrement nos deux acolytes.
Leur amitié commençait à osciller….(si vous me permettez le jeu de mots)
5 Ce qui n'était pas très difficile
6 Peut-être deux?
7 Il avait plus de contacts dans les milieux musicaux et probablement de meilleures astuces de marketing que son compétiteur
8car ils peuvent soigneusement les ignorer.
9Le « Bill Gates » de l’époque, quoi.