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Famille élargie Lucie Renaud
Quand vient le temps des fêtes de fin d’année, des images plus ou moins pastorales de réunions de famille viennent spontanément à l’esprit. Enfant unique de parents plus âgés et, comble de chance, célébrant mon anniversaire le même jour que Beethoven, quelques jours avant la grande fête des cadeaux, j’admets volontiers que les festivités reliées à la Nativité m’ont laissée plus ou moins enthousiaste toutes ces années. M aintenant que j’ai avancé en sagesse (on peut toujours rêver!), cette période a pris une autre signification, d’abord parce que j’ai maintenant deux enfants mais aussi parce que mes élèves, âgés cette année de 6 à 60 ans, deviennent pour moi une autre famille. Oui, je sais, plusieurs pédagogues de renom mettent enýgarde de ne pas devenir un psychologue et insistent qu’on ne devrait pas tomber dans le piège de la camaraderie. Pourtant… les moments de mes années d’apprentissage dont je me souviens avec le plus de précision et de nostalgie sont justement ceux, plus intimes, que j’avais partagés avec mon professeur du moment. Je me rappelle les exercices toujours ludiques que me faisait faire mon premier professeur dans son immense studio. Jeux de balles et de lumières (j’ai compris leur utilité plus tard, mais, chut!) et petites collations sucrées ont ainsi marqué l’année de mes 5 ans. Mýlheureusement, ce professeur s’est exilée à Hauterive (devenu Baie-Comeau) au bout de cette première année mais elle a continué à m’envoyer des cartes de souhaits à chaque année. Le professeur qui a pris la relève les quatre années suivantes a causé une moins forte impression. Je me souviens pourtant des quelques fois qu’elle m’avait transformée en cobaye dans une classe de pédagogie à l’Université de Montréal et que j’avais appris Haunted House (je l’avoue, je le rejoue à chaque année depuis!). En sixième année d’instrument, j’ai « monté la côte » de Vincent d’Indy pour la première fois en tant qu’élève (je connaissais les lieux grâce aux concerts du vendredi soir gratuits). Mon professeur, une véritable dynamo dotée d’une rare ouverture d’esprit m’appelait son « petit loup à la queue coupée » et m’offrais en cadeau partitions sorties de la caverne d’Ali Baba (ah.! les visites à la procure…) et images mignonnes (oui, je les ai gardées). La maladie devait subitement l’emporter quelques années plus tard, à ma grande tristesse. Passons sous silence l’année d’intérim horrible qui a suivi et qui a coïncidé avec mon entrée dans l’adolescence. Heureusement, j’étais bien accrochée à l’instrument, sinon j’aurais probablement arrêté les études musicales. L’année suivante, un professeur d’une grande bienveillance m’a redonné confiance en mes talents. Vous pensez bien que j’organiserai, une fois de plus, une grande esta musicale à Noël, dans l’espoir que celle-ci alimentera les souvenirs de quelques-uns mais aussi parce, même si on s’entend mieux avec certains membres de la famille, on les aime tous, viscéralement. Bonne année 2002 à la famille des lecteurs de La Muse! Merci pour votre enthousiasme!
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