La Scena Musicale

Monday, June 2, 2008

Tedi Papavrami : portrait discographique

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Né à Tirana en Albanie, Tedi Papavrami commence l'étude du violon à quatre ans avec son père, Robert Papavrami, professeur réputé dont l'influence sera déterminante pour toute la suite de son développement technique et artistique. À l'âge de 8 ans, il interprète en public avec l'Orchestre Philharmonique de Tirana les Airs Bohémiens de Sarasate, puis à onze ans le premier Concerto de Paganini.

En septembre 1982, à l'initiative du flûtiste Alain Marion, il est invité en France en qualité de boursier du gouvernement français. Il y suit l'enseignement de P. Amoyal au C.N.S.M. de Paris. Tedi Papavrami remporte en 1985 le Prix du Concours International Rodolfo Lipitzer et en 1986 le Premier Prix de violon, premier nommé à l'unanimité du jury du C.N.S.M. de Paris. En 1987 il obtient la Licence de Concert au Conservatoire de Lausanne, dans la classe de P. Amoyal. Il poursuit sa formation avec Z. Francescatti et V. Mullova. En juin 1992, la SACEM lui décerne le Prix Georges-Enesco, et en septembre 1993, il remporte le Premier Prix du Concours International Sarasate à Pampelune ainsi que le Prix Spécial du Public.

Tedi Papavrami a donné de nombreux concerts en récital et en soliste, tant en Europe, qu'en Turquie, au Japon, en Israël, en Afrique du Sud, etc.. Remarqué lors de son passage dans l'émission "Double Je" que lui consacrait Bernard Pivot, il est engagé par la réalisatrice J. Dayan, pour interpréter Danceny, dans l'adaptation des Liaisons Dangereuses réalisée pour TF1, aux côtés de Catherine Deneuve ou Rupert Everett.

Parallèlement à ses activités de musicien, Tedi Papavrami est, depuis 2000, le traducteur d’Ismail Kadaré pour les éditions Fayard, qui travaillent à la parution des œuvres complètes de l’écrivain albanais.

La saison prochaine de Tedi est chargée : signalons ainsi, en septembre, le Concerto de Magnus Lindberg, avec l’Orchestre Philharmonique de Radio France ; des concerts avec l’Orchestre Philharmonique de Nice en avril 2009, ainsi que plusieurs prestations avec le Quatuor Schumann ou en formation chambriste avec des musiciens tels que Ilya Gringolts, Frank Braley, Dame Felicity Lott, Philippe Bianconi…

Johann Sebastian BACH (1685-1750)

The Six Sonatas and Partitas

AEON 2005 / Harmonia Mundi Distribution

Un enregistrement remarquable à tous points de vue ! Il faut ici parler aussi bien du courage, de l’inspiration, que des qualités techniques et interprétatives de Tedi Papavrami.

Tout ceci est réuni dans ce qui représente pour beaucoup une sorte de quintessence de l’art du violon… Dans ces Six Sonates et Partitas, le violoniste franco-albanais ne perd à aucun moment la maîtrise de la ligne mélodique, des bases harmoniques, mais il sait surtout proposer une interprétation claire mais dynamique, colorée mais harmonieuse, inspirée mais respectueuse du texte. Loin de versions voulant se démarquer par des choix interprétatifs (trop) éloignés de la vision du violon de Bach, celle de Tedi Papavrami propose, sans jamais se trahir ou trahir le compositeur, et magnifiquement servie par un jeu d’archet très précis, une sorte de « simplicité originelle » qui mérite tout le respect et l’admiration possible. Usant peut être plus de nuances et d’effets de tempi que Nathan Milstein, dont la version reste pour nombre de mélomanes, et à juste titre, indétrônable, Tedi Papavrami s’impose comme un artiste noble, à l’élégance inspirée, au respect passionné.

Citons une magnifique Partita N°1, avec une Sarabande magnifique où l’émotion se mêle a la respiration émue du soliste ; comment ne pas évoquer cette superbe Ciaccona où Tedi Papavrami fait le choix d’une interprétation des plus simples, mesurées, mais des plus émouvantes également. Avec un son plein, chaleureux, doux mais fort à la fois, son violon murmure, récite, clame la musique de Bach…

Un très grand bravo à Tedi Papavrami pour cet enregistrement exceptionnel !

Johannes BRAHMS (1833-1897)

The Violin Sonatas (N°1 en sol majeur, op. 78 ; N°2 en la majeur, op. 100 ; N°3 en ré mineur, op. 108)

Tedi Papavrami, violon

Philippe Bianconi, piano

AEON 2007 / Harmonia Mundi Distribution

Jeux nuancés, maîtrisés, domptés, virant soudainement aux envolées les plus folles, les plus violentes, les plus exaltées : Tedi Papavrami, brillamment accompagné par le pianiste Philippe Bianconi, propose une interprétation tout en mesure et en passion des Sonates de Brahms. Jeu d’archet soigné, vibrato souple et expressif, mais sans excès, le violoniste fait surtout preuve d’une merveilleuse lecture mélodique de ces pièces et d’une interprétation d’un romantisme certain, mais sans langueur et pathos excessifs. A l’inverse, les passages les plus rythmées et rythmiques, les plus animés et souvent les plus tragiques, ne manquent en aucun cas d’énergie, de sérénité et de volonté. Encore une fois, ce sont la mesure et l’aspect réfléchi, posé, serein, qui ressortent de cet enregistrement de Tedi Papavrami. Interprétées sur un violon contemporain fait par Christian Bayon en 2005, les Sonates expriment sous son jeu, suivi dans sa conception élégante et inspirée, par le jeu précis, concis, opportun, de Philippe Bianconi, toute leur force dramatique : tantôt menées par la tristesse, la douleur, tantôt par la sérénité joyeuse, l’allégresse frénétique, ces pièces soulignent également la volonté remarquable de Tedi Papavrami de ne pas se cantonner à un répertoire de soliste virtuose, et à aborder avec passion et conviction le style chambriste, en le servant parfaitement. Un album pleinement recommandé !

Crédit photographique : © Jérôme Prébois

Audrey Roncigli

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