Off Festival de jazz : la table est mise

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En dépit d'un sombre pronostic financier qui mettait ses jours en doute l'été dernier, le Off Festival de Jazz revient à la charge avec une troisième édition encore plus ambitieuse. Bien que relégué dans l'ombre du Goliath trônant sur le site de la Place des Arts, cet événement se déroulera lui aussi du 27 juin au 6 juillet prochains. Durant ces 10 jours, près de 50 groupes tiendront l'affiche aux trois lieux de spectacles de l'an dernier : le Lion d'Or, l'Alizé et le Cheval Blanc. Trois nouveaux partenaires seront aussi de la partie : le Va-et-Vient (à Saint-Henri), la Casa del Popolo (boulevard Saint-Laurent) et l'Escogriffe (en plein coeur du Plateau).

Créé de toutes pièces par un collectif de musiciens en l'an 2000, le Off Festival vécut une première de rêve : bénéficiant d'un appui inespéré de la Guilde des Musiciens, cette édition inaugurale encaissa un surplus. Armée d'une nouvelle confiance, l'équipe décida d'étendre son rayon d'action l'année suivante en présentant 36 spectacles au lieu des 22 de l'année précédente, le tout réparti entre trois salles plutôt que dans une seule.

Mais il y a souvent un prix à payer pour ses ambitions. Du surplus de la première année, le Off se trouva confronté à un déficit de quelque 12000 $ en juillet dernier, ce qui remit en doute son avenir. Une soirée bénéfice tenue en décembre permit aux organisateurs d'éponger la majeure partie de la dette, leur laissant une marge de manoeuvre pour cette année.

Comme l'explique Normand Guilbeault, bassiste de métier et membre clé de l'organisation : « En 2000, on partait l'aventure, sans vraiment d'attente précise. Mais il faut bien comprendre qu'on ne cherchait pas à se livrer à une guerre avec les gens du Festival de jazz; tout ce qu'on souhaitait, par contre, c'était créer des conditions décentes pour nos musiciens et pas seulement recevoir des miettes. Il faut dire aussi qu'on est vite passé du rêve à la réalité. »

Pour cette troisième édition, la table est mise, car le Off accueillera des musiciens de France, de Halifax, de Toronto et deux invités spéciaux américains, soit le pianiste David Amran, qui participera à une soirée de musique et de poésie (Lion d'Or, 30 juin), et la Grande Dame du piano, Marilyn Crispell (en duo avec la saxophoniste danoise Lotte Anker, au Lion d'Or le mardi 2 juillet à 20 h 30). Du côté montréalais, le festival couvrira tous les genres, du jazz traditionnel aux musiques actuelles en passant par des rencontres jazz et chanson, sans oublier une soirée de clôture qui réunira certaines célébrités. Parmi ces dernières, signalons le retour du légendaire Nelson Symonds, qui se produira en duo avec un autre guitariste, Jacques Labelle, au Lion d'Or le samedi 6 juillet à 20h30.

Quant à l'avenir, Normand Guilbeault l'entrevoit ainsi : « Cette année, ça passe ou ça casse, tout simplement. Et si ça tombe, j'estime quand même qu'on aura accompli une partie de notre mission, celle de mettre notre cause sur la place publique. Après trois ans, c'est difficile de garder sa motivation, d'autant plus que je me sens un peu désabusé par le manque de solidarité de nos musiciens. Mais comme je suis moi-même musicien, c'est de la musique que je veux faire d'abord et avant tout. Je n'aurais aucun problème à céder ma place à d'autres et certains ont d'ailleurs exprimé leur intérêt à prendre la relève. »