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La Scena Musicale - Vol. 7, No. 2

Arion : la jeunesse de ses 20 ans

Par Lucie Renaud / 1 octobre 2001

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Quand les quatre musiciens fondateurs du groupe Arion, la flûtiste Claire Guimond, également directrice artistique, la violoniste Claire Rémillard, la gambiste Betsy MacMillan et le claveciniste Hank Knox, se sont réunis pour la première fois en concert, un soir de décembre 1981, ils n’auraient pu prévoir que l’aventure se poursuivrait, plus vibrante que jamais, 20 ans plus tard. Pourtant, contre toute attente, ces « baroqueux » montréalais de la première heure continuent d’avoir un éclat dans le regard qui sait rassurer les plus sceptiques. Un noyau de mélomanes fidèles soutient l’ensemble depuis ses tout débuts ou presque mais s’y est greffé au fil des ans un public toujours plus nombreux, avide de découvrir les perles du répertoire baroque. Même si Arion voyage en tournée surtout en quatuor -- financement oblige -- l’ensemble s’est élargi pour devenir un orchestre de chambre qui invite régulièrement les artistes les plus prestigieux. Parmi ceux-ci, mentionnons le flûtiste et chef Barthold Kuijken, avec qui l’ensemble vient de signer un disque consacré aux suites concertantes de Haendel, de Telemann et autres Bach (critique à la page 40) et qui dirigera Arion lors du concert de clôture de la saison en avril 2002, la violoniste Monica Huggett, une spécialiste du répertoire mozartien régulièrement invitée (cette année en février), l’alto masculin Daniel Taylor, qui interprétera en janvier 2002 des duos d’amour avec la soprano Suzie LeBlanc, ou le claveciniste Hervé Niquet.

Quand on s’étonne de la longévité de l’ensemble et du fait qu’en 20 ans, aucune friction ne soit venue tempérer l’enthousiasme de ses membres, le claveciniste Hank Knox s’exclame, taquin : « Je n’ai jamais dit qu’on ne s’était pas chicané ! Plus sérieusement, jouer en quatuor relève du mariage exponentiel. » Compromis, ouverture d’esprit, le secret de cette longévité s’explique peut-être par la franche communication musicale qui anime le groupe, en répétition et en concert. « J’aime réagir à ce que j’entends, explique Knox. Si Claire ou Chantal décide le soir du concert de faire tel ornement, j’aime répondre aussitôt par le même. » La chimie s’installe ainsi entre les membres de l’ensemble mais également avec le public.

Knox évoque certains concerts qui ont laissé leur marque dans son imaginaire depuis 20 ans, l’interprétation de l’Offrande musicale de Bach, « le plus grand », en Europe, par exemple. Il ose à peine admettre qu’il adore les compositions de Telemann. Depuis ses débuts, l’ensemble a d’ailleurs enregistré plusieurs des œuvres du contemporain de Bach. Il évoque également la maîtrise totale de Barthold Kuijken qui, avec douceur mais grande conviction, réussit, en une seule petite semaine, à insuffler un son totalement homogène à un Arion élargi.

Il arrive maintenant régulièrement que d’anciens étudiants, qui ont fait partie à un moment ou à un autre du programme de musique baroque de l’Université McGill, -- « un programme unique en Amérique du Nord », souligne Knox avec fierté --, viennent se greffer à l’ensemble et partagent avec leurs aînés la joie de jouer un répertoire qui n’a pas fini d’être dépoussiéré. « Quand on est jeune, il ne faut pas hésiter à faire ce qui nous passionne, même si ça ne rapporte pas, affirme le claveciniste qui a également » dirigé l’ensemble à l’occasion. « Ces temps-ci, je rêve de monter des opéras baroques avec Arion. Je souffle cette suggestion à l’oreille de Claire et elle ne semble pas vouloir me décourager. » L’aventure continue…

 

Pour le concert du 20e anniversaire, « Bach au pluriel », les 12, 13 et 14 octobre, l’ensemble sera sous la direction du chef Jaap Ter Linden.


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(c) La Scena Musicale 2002