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La Scena Musicale - Vol. 7, No. 1

Fête en vénétie

Par Dominique Olivier / 1 septembre 2001

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Certains ensembles musicaux ont fait leur marque grâce à une longévité extraordinaire ainsi qu’à l’empreinte qu’ils laissent dans le paysage musical international. C’est bien sûr le cas de l’orchestre de chambre italien I Solisti Veneti, fondé en 1959 par Claudio Scimone, et toujours sous sa direction. L’ensemble est devenu, au fil des ans, une véritable institution de la musique italienne. En effet, Scimone ne se contente pas d’être un chef enthousiaste et intelligent, il est également un musicologue reconnu, qui a contribué de façon non négligeable au renouveau de la musique baroque, celle de la Vénétie, en particulier. On lui doit, notamment, la redécouverte de Tartini, et l’ouvrage Segno, significato, interpretazione, publié à Padoue en 1970. Des connaissances musicales approfondies sous-tendent ses interprétations et, si la vogue des instruments d’« époque » occupe maintenant le devant de la scène baroque, le travail de pionniers de Scimone et de ses « Solisti » reste d’une importance fondamentale.

I Solisti Veneti ont fait le tour du monde plusieurs fois, et forment le seul ensemble étranger invité annuellement au Festival de Salzbourg depuis… 1965.! Leur discographie est monumentale — près de 300 enregistrements — et couvre bien sûr le passage du vinyle au compact. Erato-WEA, BMG-RCA, Philips, Frequenz sont quelques-unes des étiquettes sous lesquelles on peut retrouver leurs enregistrements de Vivaldi — l’intégrale de l’œuvre imprimé du vivant du compositeur —, Albinoni, Tartini, Geminiani, Mercadante, Galuppi, Boccherini… Le travail fait sur l’œuvre de Rossini est lui aussi considérable et présente, outre l’intégrale des sonates pour cordes, le premier enregistrement intégral de Zelmira, Armida et Ermione, ainsi que d’importants enregistrements de L’Italiana in Algeri et du Stabat Mater.

Lors de leur dernière venue à Montréal, en mars 1995, I Solisti Veneti donnaient un concert spectaculaire au Monument-National, dans le cadre de la saison de Pro Musica. Scimone, à la fois altier et drolatique, avec un air moqueur mais heureux errant perpétuellement sur son grand visage maigre, nous aýait donné une prestation enlevée, généreuse, fougueuse bien que d’une grande précision. Cette année, les Solisti reviennent dans un programme entièrement italien encore une fois — il ne faut pas oublier que leur chef est aussi le directeur artistique dý Festival Veneto, qui a pour but de mettre en valeur le patrimoine musical italien —, toujours sous les auspices de la société Pro Musica, en collaboration avec l’Institut culturel italien. C’est dans le cadre de l’événement-bénéfice de la société montréalaise que les musiciens, sous la direction de Scimone, interpréteront des œuvres d’Albinoni, de Vivaldi, de Tartini, de Dragonetti, de Pergolesi et de Rossini.

En plus d’être un gala-bénéfice, ce concert du 30 septembre prochain souligne également un moment important de l’histoire du xxe siècle.: le centenaire du premier message transatlantique, lancé par télégramme sans fil, de Cornouailles, en Angleterre, à Terre-Neuve (la lettre S en morse), le 12 décembre 1901, par Guglielmo Marconi, considéré comme le père de la radio. L’événement sera d’ailleurs diffusé ultérieurement sur les ondes de la Chaîne culturelle de Radio-Canada. Et pour ceux qui aiment l’aventure, celle de l’histoire et celle de la musique, rappelons les propos qu’un musicographe tenait sur Scimone.: « Cette notion d’aventure revient facilement en parlant de Scimone car, à chaque concert, il met en jeu sa personne, sa position dans le monde musical.; en effet, il n’y a pas de concert qui ne tende à une rencontre parfaite mais passionnée avec le public. Alors, la musique est rendue à son origine de fête, de recherche, d’attente, de révélation […]. En somme, Scimone exploite l’enchevêtrement de l’histoire et du langage.; et quand il découvre quelque chose, c’est-à-dire sans cesse, il a un tel besoin de la communiquer qu’il nous oblige, pour notre bonheur, à partager sa découverte. »

Le dimanche 30 septembre, salle Maisonneuve de la Place des Arts, 20 h. (514) 842-2112


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