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La Scena Musicale - Vol. 5, No. 8

Beauté sylvestre et beauté sonore

Par Marielle Leroux / 1 mai 2000

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Si vous passez près du Jardin botanique de Montréal, prenez un instant pour visiter l'exposition Le bois qui chante : de l'arbre à la musique, présentée à la Maison de l'arbre. Il s'agit d'une exposition de petite ampleur, mais bien présentée et fort intéressante qui sensibilise à la beauté physique des instruments de musique, au travail requis pour les fabriquer et à la préservation des bois utilisés.

Le bois qui chante a été réalisée avec la collaboration de plusieurs facteurs d'instruments : Linda Manzer, facteur de guitare, Daniel Thonon, facteur d'instruments anciens, Jean-Luc Boudreau, facteur de flûtes, Yves Beaupré, facteur de clavecins, Mario Lamarre, luthier et André Bolduc, facteur de tables d'harmonie de piano. Des extraits musicaux permettent d'entendre le son de quelques-unes de leurs créations, et un vidéo montre le processus de fabrication des divers instruments. Quelques instruments de percussion en bois offrent aux visiteurs un élément interactif leur permettant de découvrir la sonorité de différents bois.

L'exposition couvre toutes les étapes de la transformation de l'arbre en uvre d'art, en commençant par le choix de l'arbre à couper. On nous présente d'abord les essences canadiennes qui sont propres à la facture d'instruments, comme l'épinette blanche, l'épinette rouge, l'épinette de Sitka et l'érable à sucre, puis les essences étrangères, entre autres le buis européen, le pernambouc (bois du Brésil, en portugais brasa, qui a donné le nom du pays), le palissandre du Brésil, le palissandre du Honduras et le palissandre africain. On apprend que les forêts québécoises contiennent une faible proportion (0,5 à 1 %) d'arbres parfaits pour la lutherie. Actuellement, ces arbres ne font l'objet d'aucun marquage qui permettrait aux scieries de les mettre de côté pour les luthiers (contrairement à ce qui se fait en Europe). Des trésors sonores et économiques sont ainsi malheureusement transformés en bois de charpente. Certaines compagnies forestières commencent à se pencher sur le problème, mais il faudra faire vite, car les arbres de 100 à 200 ans se font plus rares et le reboisement fait en prévision d'une coupe qui aura lieu dans 50 ou 60 ans produira des arbres trop jeunes pour la lutherie.

Malheureusement, plusieurs essences entrant dans la fabrication d'instruments de musique, comme certains ébènes ou acajous, sont maintenant menacées d'extinction. Pour tenter de remédier à la situation, l'organisme Faune et flore internationale (Fauna and Flora International) a mis en place le programme SoundWood qui vise précisément à protéger les espèces utilisées dans la fabrication d'instruments de musique. Les responsables travaillent en collaboration avec les facteurs et les musiciens afin de les sensibiliser aux problèmes des bois rares. SoundWood procure de l'information fiable sur les essences protégées et sur les solutions possibles pour les fabricants et les marchands.

Pour de l'information sur SoundWood, contacter : FFI, Great Eastern House, Tenison Road, Cambridge CB1 2DT, UK; Tél. : 01223 571 000; téléc. : 01223 461 481; courriel : info@fauna-flora.org.
L'exposition Le bois qui chante: de l'arbre à la musique se poursuit jusqu'au 4 février 2001. Information : (514) 872-1400.


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(c) La Scena Musicale 2002