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La Scena Musicale - Vol. 5, No. 7

La passion selon St. John

Par Seth Cooper / 1 avril 2000

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Lara St. John, la violoniste d'origine canadienne de 27 ans, est assise les jambes repliées sous elle, au restaurant Ocean Grill, à New York. Elle parle franchement d'elle et de sa carrière florissante. Sa désinvolture donne presque l'impression que son engagement envers la musique et le violon n'est pas sérieux.

Notre conversation en vient rapidement à la pochette « infâme » de son premier disque, sur lequel elle apparaît nue, cachée derrière son violon. En réponse aux protestations des critiques et de ses collègues, elle explique tout simplement qu'elle voulait°donner l'impression qu'elle faisait un tout avec son violon. Elle considère la pochette sage en comparaison avec celles que l'on trouve dans le monde de la musique populaire.

Le disque a réussi à intéresser un nouveau public au jeu esthétique de Mme St. John. Il s'est vendu à 30 000 exemplaires et Mme St. John a reçu des éloges pour son jeu naturel et accompli — un premier enregistrement remarquable dans le monde très compétitif de la musique classique pour violon seul.

Son désir d'attirer un vaste public

Bien qu'elle espère un jour interpréter des œuvres plus exigeantes de Prokofiev ou Bartok, Mme St. John se dit tout à fait satisfaite de jouer un concerto de Bach à Vancouver ou la Carmen Fantasy à Shanghai. Espérant atteindre un vaste public, elle joue souvent des œuvres pour violon de compositeurs bien connus comme Tchaïkovski, Mendelssohn, Mozart, Vivaldi, Bach et Saint-Saëns, mais, curieusement, pas de Brahms. Elle n'a jamais eu d'affinités ni avec ses solos, ni avec sa musique de chambre, bien qu'elle trouve que l'interprétation récente de sa Sonate pour alto en sol majeur par son frère aîné, Scott, est une révélation.

Mme St. John aimerait jouer plus d'œuvres du XXe siècle, particulièrement le Concerto de Benjamin Britten. Elle interprétera le Concerto de Berg à Tokyo et celui de Prokofiev en Nouvelle-Écosse, mais indique que des concertos de compositeurs tels que Britten, Bartok ou Samuel Barber exigent de longues répétitions que peu de chefs ou d'orchestres peuvent se permettre de faire.

Sa décision de déménager à New York

« Je suis déménagée à New York parce que j'aime cette ville et que j'en avais assez de me déplacer », explique MmeSt. John. Avec un horaire de 70 concerts par année partout dans le monde, la violoniste passe peu de temps dans un endroit en particulier; elle est donc toujours heureuse de retourner à New York. « J'aime rencontrer des nouvelles personnes et me trouver dans différentes villes — c'est excitant. Mais je déteste les aéroports! »

Mme St. John a enregistré deux disques. Son approche est de créer l'impression d'assister à un concert. Elle ne prévoit pas pour l'instant faire un disque dit « de croisement », ni d'enregistrement public.

Ses débuts à l'âge de deux ans

Mme St. John commença à jouer du violon à l'âge de deux ans et elle étudia avec les meilleurs professeurs de Philadelphie, de New York et de la Russie. Elle joue encore de temps en temps avec un de ses professeurs, Joey Corpus, un violoniste philippin qui est en quelque sorte un phénomène underground. Sa compréhension très analytique de la technique est un heureux complément à l'approche intuitive de Mme St. John.

En ce moment, Mme St. John joue sur un Guadagnini Salabue 1779 qui lui a été prêté par un bienfaiteur anonyme et la compagnie Heinl de Toronto. Auparavant, en tant que lauréate du Conseil des Arts du Canada, elle disposait d'un Stradivarius. « Le Guadagnini a tout simplement une meilleure sonorité », affirme Mme St. John avec sa franchise typique.

Traduit par Francine Vézina

Lara St. John jouera avec l'Orchestre de chambre McGill le 16 avril prochain.


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(c) La Scena Musicale 2002