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La Scena Musicale - Vol. 5, No. 10

Le touriste classique, The Classical Tourist

July 1, 2000

Version française...


* Entre Paris et Salzbourg

Il ne faut que quelques jours au dilettante voyageur pour se rendre, pendant la belle saison, de la Ville Lumière à la ville festivalière. Chemin faisant, visiter les musées d'instruments ne manque pas d'intérêt pour l'esprit curieux de voir (et parfois d'entendre) ce qui a pu engendrer les sons originaux, pour ne pas dire surprenants, remarqués à l'écoute d'un disque de musique baroque, contemporaine ou Klezmer. À quoi ressemble le flageolet, l'harmonica de verre? Quels sont les instruments électroacoustiques utilisés par Boulez? Ou, tout simplement, comment fabrique-t-on un violon? Tout cela n'aura bientôt plus de secret pour vous. Et si le périple européen n'est pas à votre programme, Internet fera le reste.

Le Musée de la Musique de Paris fut créé en 1795, à l'époque où le Conservatoire venait de naître. Sa collection, riche de 4500 instruments et oeuvres d'art, s'étend de la Renaissance à nos jours, sans oublier les musiques du monde (gamelan, percussions africaines). Se définissant avant tout comme un « musée de la vie musicale », il présente chaque instrument dans son contexte historique. Muni d'un casque à infrarouges, le visiteur effectue son parcours initiatique allant du Palais du Duc de Mantoue au studio de l'IRCAM, tout en respectant les intermédiaires chronologiques. En outre, un musicien vient quotidiennement jouer des instruments aussi rares que le théorbe, l'harmonica de verre, la trompette marine, la double basse ou l'orgue Hammond. Revenant à des choses plus classiques, il ne faut pas manquer les cinq superbes Stradivarius, le saxophone d'Adolphe Sax et la riche collection de pianos du trio français Pleyel-Erard-Gaveau. Vous verrez aussi les sirènes utilisées par Varèse et les ondes Martenot, chères à Messiaen, et souvent jouées sous les doigts d' Yvonne Loriot. Le jazz n'est pas en reste avec une reconstitution d'un orchestre des années 1930 dans le style du Hot Club de France et l'ombre de Django Reinhart vous rappellera le dernier film de Woody Allen.

En prenant la route vers l'est, une halte à Mirecourt (50 km au sud de Nancy) s'avère indispensable pour au moins deux bonnes raisons. En premier lieu, ce charmant petit village vosgien est le berceau toujours actuel de la lutherie française, le Crémone de l'Hexagone, en quelque sorte. Originaire de l'endroit, Jean-Baptiste Vuillaume devint l'un des luthiers les plus célèbres du XIXe siècle. Il contribua largement à faire connaître la qualité des instruments de Mirecourt partout dans le monde en installant un atelier à Paris. Le Musée de la Lutherie se trouve près de la mairie. En plus des violons et des violoncelles exposés, un artisan vient expliquer le processus de la fabrication du violon et des archets que l'on retrouvera dans les meilleurs magasins de musique de Montréal, d'Ottawa ou de Toronto. La deuxième raison est qu'à quelques pas, se trouve le Musée de la Musique Mécanique de Mirecourt, un des plus passionnants après celui de Gets. Très démonstrative est la visite puisque le guide, mué en exécutant pour l'occasion, fait fonctionner, devant un public ébahi, serinettes, orgues de barbarie, pianola ou Welte-Mignon.

De l'autre côté du Rhin, rares sont les villes qui ne possèdent pas leur musée de la musique. Notre route vers l'Autriche nous permettra de nous arrêter à Munich afin d'en apprécier la collection commencée en 1855 et désormais située dans les locaux du Bayerisches National Museum. En plus des 300 instruments, pour la plupart issus de l'orchestre occidental, on remarquera aussi les quelques clarinettes, flageolets, zithers, dulcimers et autres alphornes qui illustrent la richesse du folklore de la Mittel Europa. La seule déception réside dans le fait que ce musée manque de vie. La musique est-elle faite pour être vue ou entendue?

Arrivés à notre destination salzbourgeoise, le premier musée de la musique s'apprécie tout à la fois dans ses rues, avec le trot des chevaux sur le pavé, dans ses boutiques où se mélangent toutes les langues de la création et dans ses cafés qui laissent entendre le sifflement de la machine à expresso au milieu des murmures continus et des portes qui grincent. Il semble que tout, dans cette ville, soit dévolu à l'art d'Euterpe. Comment ne pas commencer par le Musée Mozart de la Getreidegasse qui expose cinq claviers ayant appartenu au divin Amadeus. Son ancienne maison, située sur la Makartplatz, possède une collection de 25 instruments joués à l'époque de Mozart. La visite se poursuit avec le Musée des Instruments de Musique, hébergé dans l'enceinte du Salzburger Museum Carolino Augusteum, qui présente non seulement quelques 400 instruments de la période classique mais aussi des pièces plus rares comme un clavecin de 1619, un chalumeau basse de 1700 et une viole d'amour de 1761. Aprés cela, il est recommandé d'apprécier une représentation de La Flûte enchantée et de laisser les rêves d'instruments marqués par le sceau du souvenir se mêler au son du carillon de Papageno.

- Stéphane Villemin

* Petit musée pour un grand art : l'économusée de la lutherie

Un nouvel économusée a récemment fait son apparition à Montréal, celui de la lutherie. Un économusée est une entreprise qui utilise pour sa production une technique ou un savoir-faire traditionnels et qui ouvre ses portes au public afin de mettre en valeur les métiers et les produits traditionnels. Le bel art de la lutherie possède maintenant son économusée: on le trouvera à la boutique du luthier Jules Saint-Michel.
Le public est invité à admirer les collections d'instruments à cordes modernes et anciens. Parmi ceux-ci, on fait la connaissance de quelques ancêtres du violon comme le ravanastron, le rebab arabe, le rebec, la vielle ou encore la viole d'amour. La recherche constante pour l'obtention d'un son plus puissant a guidé l'évolution de l'instrument vers sa version moderne. Il y trouvera également une foule d'autres renseignements sur le violon et la lutherie : les étapes de la fabrication du violon, les noms des plus célèbres luthiers ou encore ceux des plus célèbres violonistes, etc.
Les entreprises économusées sont entièrement autofinancées grâce à la vente de leurs produits. Outre la visite gratuite du musée, l'entreprise de Jules Saint-Michel comprend les services suivants : fabrication de violons sur commande, vente d'instruments neufs, usagés ou anciens incluant des importations de plusieurs pays, entretien et réparation d'instruments à cordes, location d'instruments, consultation et évaluation des instruments, visites commentées sur réservation et vente de pièces, de cordes et d'accessoires liés à la lutherie.
L'entreprise économusée de la lutherie est située au 57, rue Ontario Ouest, à Montréal. Renseignements : (514) 288-4343.
- Marielle Leroux

* Beethoven On The Hudson
"Beethoven and His World" is the theme of the eleventh annual Bard Music Festival, a high point of the New York music season. Each year, the festival focuses on a specific composer. Superb concerts are intertwined with a multidisciplinary, international symposium placing the composer's works within the musical and social context of his time. The Bard Institute offers promising young conductors a series of classes in July. The Bard Festival then unfolds during two weekends in August and a third weekend at Lincoln Center in November. The symposium features top composers, musicians, musicologists and historians from both sides of the Atlantic and Pacific Oceans. Previous festivals have focused on Brahms, Mendelssohn, Richard Strauss, Dvorák, Schumann, Bartók, Ives, Haydn, Tchaikovsky, and Schoenberg.

The summer portion of the Bard Music Festival 2000 takes place August 11-13 and August 18-20 at the College's Annandale-On-Hudson campus. Eleven concerts will survey Beethoven's compositions chronologically and in formats ranging from chamber music to orchestral and choral masterpieces. This includes many works that were popular in Beethoven's lifetime but are now out of the repertory ­ works such as the Elegischer Gesang, Op. 118 (1814) for four voices and string quartet, the Lobkowitz Cantata, WoO 106 (1832) for soprano, chorus and piano. Among works from the standard repertory, there will be the Symphony No. 7, Op. 92, the Piano Concerto No. 4, and the String Quartet in E. Minor, Op. 59, No. 2. The Festival concludes the evening of August 20 with the Missa Solemnis, Op. 123.

Performers include Charles Rosen, who is at the top of his field both as concert pianist and music scholar; the Colorado String Quartet; Quebec's Helene Grimaud; and Alberta's Juliette Kang.

The Bard Festival is the brainchild of two cultural polymaths, Leon Botstein and Robert Martin. Botstein has three parallel careers: conductor of the American Symphony Orchestra, distinguished professor of history, and president of Bard College since the ripe old age of 26. Martin is a professional cellist who has played with the Sequoia Quartet. He is also professor of philosophy and music and Dean of Graduate Studies at Bard College. Their impressive versatility and ability to fit 48 hours into a day are reflected in the multifaceted richness of the Bard Festival and the importance it has assumed in the American musical scene.

The trip from Montreal to Bard College is an easy 420-km drive through the Adirondack and Hudson Valley landscapes that have inspired generations of American painters. Annandale-on-Hudson is located 140 km due north of New York City. Ticket information can be obtained by calling (914) 758-3226. The festival's web site is: www.bard.edu/bmf

Princeton University Press issues a major book on the selected composer for day one of each festival. These key volumes, each the collective product of eminent international scholars, deserve a prized place on every music lover's bookshelf. They can be ordered by calling the Bard Festival office at (914) 758-7410.
- Philip Ehrensaft


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