S’adressant à un public aventureux et enclin aux découvertes sonores, la nouvelle
série 20/21 de Deutsche Grammophon a pour but de présenter la musique internationale de
notre époque dans une interprétation de très haut calibre. Ce projet à long terme
produiradix disques par année, en deux étapes de cinq, et présentera de nouvelles
compositions de grande envergure, tel que l’opéra A Streetcar Named Desire
d’André Previn et des œuvres majeures du répertoire existant. Cette série se
veut d’abord une exploration de nouvelles sonorités, en évitant toutefois les
restrictions de styles, de manière à séduire le public et à l’orienter dans le
riche univers sonore du XXe siècle. Voici trois disques parmi les premiers
enregistrements :
Luciano Berio : Sequenzas
Pierre Boulez / Ensemble InterContemporain
Deutsche Grammophon 457 038-2 (3 CD) (157'56")
 
 Composées
entre 1958 et 1995, les 13 Sequenzas de Berio, cycle de pièces solistes qui ont
connu un grand succès, sont incontestablement parmi les œuvres marquantes du XXe
siècle. Elles ont toutes été écrites en étroite coopération avec les interprètes et
présentent un panorama de possibilités techniques dans un dialogue entre le musicien et
son instrument. Berio en dit : «Elles peuvent aussi être écoutées et vues comme un
théâtre de gestes vocaux et instrumentaux.» L’interprétation de l’Ensemble
InterContemporain est tout à fait exquise et impressionnante, en particulier celle des
célèbres Sequenza III, par la soprano Luisa Castellani, et Sequenza I, par
la flûtiste Sophie Cherrier.
Mauricio Kagel : 1898 ; Music for Renaissance Instruments
Kagel / Collegium Instrumentale
Deutsche Grammophon 459 570-2 (74')
 Dans
1898, pour voix d’enfants et instruments, composée en 1973, Kagel s’est
efforcé de «donner comme une radiographie musicale de la fin du XIXe siècle, tout en
essayant de reconstruire cette impression de fragilité du son qui se dégage des premiers
enregistrements». Les répliques d’instruments à cordes ont été construits en
collabaration avec un luthier, à partir d’une inspiration laissée par une
photographie datant de 1910. Les voix d’enfants se mêlent aux sonorités
instrumentales en des transformations étonnantes d’ondes sonores. Musique pour
instruments de la Renaissance (1966) n’est pas un retour au passé. Kagel a voulu
utiliser les instruments dans leur caractère sonore brut, qui correspond à une sonorité
particulière. Sans référence à la musique ancienne, l’œuvre a toutefois
été écrite à la mémoire de Claudio Monteverdi.
Toru Takemitsu : Quotation of Dream
Paul Crossley, Peter Serkin, pianos
Olivier Knussen / London Sinfonietta
Deutsche Grammophon 453 495-2
 Quotation
of Dream se veut un hommage au grand artiste japonais Toru Takemitsu, décédé en
1996, et regroupe des œuvres de sa dernière période créatrice : Day Signal
(1987), fanfare alternée pour deux ensembles de cuivres; Quotation of Dream (1991),
pour deux pianos et et orchestre; How Slow the Wind (1991), pour orchestre de
chambre; Twill by Twilight (1988), pour grand orchestre, Archipelago S.
(1993), pour 21 instruments; Dream/Window (1985), pour orchestre, et Night
Signal (1987), fanfare alternée pour deux ensemble de cuivres. Les sonorités
sublimes qui émanent d’une minutieuse recherche de timbres dans une superbe
instrumentation créent une atmosphère contemplative qui est propre à toute
l’œuvre de Takemitsu. En effet, les oeuvres des dix dernières années de sa vie
sont toutes représentatives d'une même recherche sonore, un peu comme s'il s'agissait
d'une seule oeuvre inachevée.•
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