Servante et Maestro: deux intermezzi comiques chez I Musici Par Pierre M. Bellemare
/ 1 décembre 1998
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 L'intermezzo est un genre lyrique caractéristique du
XVIIIe siècle italien qui est né du désir de relâcher la tension - ou de soulager
l'ennui - qu'inspiraient les longs opéras héroïques et tragiques. Ces farces, simples
et courtes, étaient conçues pour être présentées entre les actes des œuvres
sérieuses. Comme la plupart des opere serie comportaient trois actes, les
intermezzi étaient souvent divisés en deux parties.Domenico
Cimarosa (1749-1801) est l'un des compositeurs d'opéra les plus prolifiques et les plus
estimés de la deuxième moitié du XVIIIe siècle. Au début de l'époque romantique, des
mélomanes comme Stendahl ne savaient trop lequel, de Cimarosa ou Mozart, ils devaient
admirer le plus. Ces œuvres, plutôt comiques que tragiques, brillaient par une
invention mélodique incomparable.
Il Maestro di Capella de Cimarosa est un petit bijou de
caractérisation comique, aux dépens de l'espèce à laquelle appartenait le compositeur:
les chefs d'orchestre. C'est une parodie brillante de l'éternelle relation d'amour et de
haine qui lie le chef et ses troupes. Par ailleurs, Cimarosa s'amuse énormement de
l'habitude qu'ont les chefs d'essayer de faire comprendre aux musiciens comment ils
voudraient qu'ils jouent en leur chantant leurs parties instrumentales. Sur ce
point, la parodie rejoint la pédagogie, Il Maestro di Capella devenant une sorte
de Young Person's Guide To The Orchestra du Siècle des lumières.
On ne sait pour ainsi dire rien des circonstances de la composition
de cette œuvre sans pareille, sinon qu'elle date probablement de l'époque où notre
oiseau napolitain était allé s'égarer dans les steppes glacées de la Russie où la
Grande Catherine l'avait fait venir (en 1787) pour qu'il devienne, justement, son Maestro
di Capella — une période de la vie du compositeur qui devait prendre fin après
quatre ans et une série de très mauvais rhumes.
Pergolèse (Giovanni Battista Pergolesi) n'a vécu que 26 ans (de
1710 à 1736), ce qui ne l'a pas empêché de laisser deux ouvrages importants, dont un
est La Serva Padrona, un intermezzo comique.
La Serva Padrona est sans contredit l'exemple parfait du
genre. Il a pris un peu de temps à s'imposer, peut-être du fait des circonstances
entourant sa première mondiale, à Naples, pris entre une série de tremblements de terre
et une invasion espagnole... Mais son succès ultérieur est attribuable, pour une part,
aux qualités esthétiques de l'œuvre et, pour une autre part, à son sujet. La
Serva Padrona est un ouvrage très simple, sans ouverture et ne comportant que deux
rôles chantés (la servante, Serpina, soprano, et son maître, Uberto, baryton-basse).
Les airs sont vifs et entraînants, et les récitatifs, amusants et animés. On a toujours
admiré le naturel avec lequel Pergolèse dépeignait les caractères de ses deux
principaux personnages : Uberto, maître tendre et timoré, qui à la fois craint Serpina
et éprouve de doux sentiments à son égard, et Serpina, servante-mégère, qui,
amoureuse de son maître à sa façon, a pris entièrement le contrôle de sa vie et
nourrit l'ambition de l'épouser. Ce que femme veut, elle l'aura : le tout se terminant
par une baiser et une promesse de mariage, la serva devient padrona !
La Serva Padrona de Pergolèse et Il maestro di
Capella de Cimarosa seront donnés en concert par IÊMusici de Montréal, les jeudi 17
et vendredi 18 décembre 1998, à 20h, au Monument-National.
Tél.: (514) 982-6038.
Discographie:
Pergolèse La Serva Padrona / Livietta e Tracollo
Sigiswald Kuijken / La Petite Bande
ACCENT (ACC 96123 D)
 
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Ce nouvel enregistrement charmant -
regroupant sur une même platine La Serva Padrona et un autre intermezzo de
Pergolèse, Livietta e Tracollo — présente toutes les garanties de qualité
et d'authenticité dont on puisse se pourvoir à l'heure actuelle. On doit tout
particulièrement féliciter maître Kuijken d'avoir fait ressortir le caractère
contrasté des deux œuvres - mais toutes deux conçues pour les mêmes types de voix,
soit soprano et baryton-basse. - P.M.B. |
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