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La Scena Musicale - Vol. 20, No. 6

Jazz : Trevor Watts - Le gentleman improvisateur

Par Marc Chénard / 1 avril 2015

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Trevor Watts
Trevor Watts (à gauche) et Veryan Weston (à droite). Photo par Shawn Vinson - tous droits réservés

Il est saxophoniste. Plus exactement, il joue de l'alto et du soprano. Il a pour complice un pianiste, avec qui il joue depuis plus de 30 ans. Ce printemps, Trevor Watts et Veryan Weston fouleront le continent nord-américain pour une grande tournée de 17 villes des deux côtés de la frontière, leur périple se terminant par des prestations à Montréal (à la Casa del Popolo, le 27 avril) et à Rimouski les 29 et 30.

De ses 76 ans bien sonnés, Watts est un pionnier de la musique improvisée en Angleterre. Dernier survivant du Spontaneous Music Ensemble (SME), collectif formé au début des années 1960 avec ses compagnons d'armes John Stevens (btr.) et Paul Rutherford (trb.), ce saxophoniste a participé activement à un mouvement qui voulait se libérer des conventions du jazz pour arriver à une expression musicale totalement intuitive, liée à aucune forme ou harmonies prédéterminées.

Pourtant, sa vision est empreinte du jazz américain : dès son enfance, il écoutait les vieilles plaques de son père, qui les rapporta chez lui après un séjour de jeunesse chez l'Oncle Sam. Ellington, Young et les maîtres du swing remplirent le domicile familial, chose rare dans une contrée rurale. À seize ans, il reçut un saxo alto en cadeau, mais il dut apprendre seul à défaut de professeurs ou de programmes d’enseignement. Séduit par Parker, Charlie bien sûr, il se rendit compte qu'il ne pouvait pas être qu'un émule. Point tournant dans sa vie : son service militaire en garnison en Allemagne. Il y rencontra ses deux compagnons d'armes qui suivront une trajectoire qui les mènera peu à peu à quitter les sentiers battus du jazz pour arriver dans les terres inconnues de la musique improvisée. Inspiré par de nouveaux chefs de file américains, Coleman, Ayler et Taylor, le trio allait bientôt se liguer avec des compatriotes, Evan Parker, Derek Bailey, Kenny Wheeler et même un jeune Dave Holland.

Alors que ces derniers se rendaient aux confins de l'abstraction sonore, Watts n'était pas pourtant prêt à se défaire complètement du jeu mélodique, des références harmoniques, même d'une pulsation. Ce dernier trait devint la pierre angulaire de son esthétique musicale des années 1980 et 1990 par la formation de ses ensembles Moire Music Orchestra et Drum Orchestra, groupes qui comptaient des percussionnistes africains, des musiciens rock et lui, au centre de tout cela, avec des solos enlevés, oscillant entre un free décapant et une musique de transe de type modal. Naviguant donc entre plusieurs mondes, Trevor Watts n'a que faire des désignations stylistiques : pour lui, seule la musique compte et il se laisse tout simplement guider, comme son partenaire pianiste, par son expérience et ses intuitions du moment.

Voir entrevue dans la version angalis de cet article.

Sur la toile : http://www.trevorwatts.co.uk
http://soundcloud.com/moire-watts


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