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La Scena Musicale - Vol. 20, No. 2

Musica Camerata – 45 ans de musique de chambre

Par Jan Jorgensen / 1 octobre 2014

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 Musica Camerata

À la fin de l’année 1970, des musiciens de l’Orchestre symphonique de Montréal se sont réunis chez Hans et Imy Nemenoff pour faire de la musique de chambre. Parmi ces musiciens, la pianiste Berta Rosenohl et le violoniste Luis Grinhauz, nouvellement arrivés à Montréal. À cette époque, très peu d’ensembles interprétaient de la musique de chambre, et les murs de la maison Nemenoff sont rapidement devenus trop étroits pour ce groupe d’amis et son public.

Ainsi est né l’ensemble Musica Camerata (musique de chambre en latin) qui, dans ses débuts, offre des concerts gratuits à l’Ermitage. Par la suite, Hans Nemenoff obtient une subvention du Conseil des Arts du Canada. Le groupe est alors constitué officiellement et ses musiciens, payés.

À la suite du décès de son époux, Imy Nemenoff devient, pour un temps, responsable de l’organisation avant de passer le relais à Luis Grinhauz, directeur artistique du groupe. Il est catégorique, il n’y aura ni directeur musical, ni chef !

Aujourd’hui, l’ensemble Musica Camerata est composé de la pianiste Berta Rosenohl, des violonistes Luis Grinhauz, Van Armenian et Alexander Reed, de l’altiste Bertrand Robin, des violoncellistes Sylvain Murray et leo Grinhauz et du contrebassiste Eric Chappell. D’autres musiciens se joignent au groupe selon les besoins. « La musique de chambre inclut aussi le jazz et le tango », spécifie Grinhauz. Il pense que « la musique de chambre est un riche trésor » et trouve captivant de découvrir des compositeurs inconnus ou dont les oeuvres ont été longtemps négligés. Au cours des années, Musica Camerata est devenu réputé pour ses interprétations de musiques surprenantes et inédites.

« Bien sûr, déclare Berta Rosenohl, les chefs-d’oeuvres sont magnifiques ». Elle rappelle que l’ensemble a joué les cycles complets des trios pour piano de Brahms, de Beethoven, de Haydn ainsi que la plupart des quatuors à cordes. « Mais, nous dit Luis Grinhauz, notre esprit est à la recherche de belles musiques » particulièrement celles qui sont peu connues afin de les partager avec les autres. Leur confiance envers le public s’est vue récompensée lorsque certains ont répondu « comment avons-nous pu vivre sans connaître cette musique ? »

Où trouvent ils les partitions de ces musiques méconnues ? Luis Grinhauz attribue ce mérite à Internet : « Il y a tant à trouver là, qu’il est facile d’agrandir sa bibliothèque ». Berta Rosenohl et Luis Grinhauz prennent aussi en compte les suggestions de leurs collègues et les recommandations d’amateurs de concerts enthousiastes.

Partout, en voyage, ils parcourent les bibliothèques et les librairies musicales. Leur ressource préférée est la Bibliothèque du Congrès, à Washington, avec sa vaste collection de musique et ses cabines insonorisées avec piano.

Un jour, la musicologue Sabina Ratner porte à leur attention la partition manuscrite du Quatuor en mi majeur de Camille Saint-Saëns. « L’écriture était claire - et nous l’avons trouvé charmant » dit Luis Grinhauz. L’ensemble joue à partir de copies du manuscrit et présente l’oeuvre en première mondiale. Musica Camerata a été approché par des compositeurs ayant écrit spécifiquement pour l’ensemble. Inversement, celui-ci a souvent effectué des commandes d’oeuvres de musique de chambre.

En septembre dernier, l’ensemble a interprété des oeuvres de Louise Farrenc, une pianiste du 19e siècle également compositrice et professeur au Conservatoire de Paris. Après sa mort, son oeuvre est tombée dans l’oubli. Ramener cette musique à la vie fut un délice pour Grinhauz.

Questionné sur les origines de la musique de chambre, le couple explique que bien que les gens font de la musique depuis toujours, les compositions de musiques de chambre (en dehors de la musique d’Église) font leur apparition au 16e siècle, lorsque les musiciens sont engagés pour composer et jouer lors des dîners et autres événements du palais.

Les grands concerts devant public sont venus plus tard lorsque les compositeurs, aussi interprètes, ont voulu montrer leur virtuosité.

Aimeraient ils jouer en solo ? À cette question, Luis Grinhauz, aussi musicien à l’Orchestre symphonique de Montréal, rit et répond « être soliste demande bien trop de travail », mais il ajoute « c’est aussi un travail très solitaire ». Il aime cette communion de jouer avec d’autres et d’être une voix unique dans un petit ensemble. Berta Rosenohl a commencé à faire des récitals, en privé. Plutôt timide, elle n’aime pas être seule sur  scène, et préfère une relation de partage avec les musiciens.

Concerts à venir
8 novembre :
le violoncelliste Alexandre Castonguay se joindra au duo Grinhauz-Rosenhohl pour  le concert « Les Américains », présentant des trios par Arthur Foote, Amy Beach and Lowell Liberman.
14 mars : Le concert « Les Français » présente des quatuors de Camille Saint-Saëns et d’Ernest Chausson.
23 mars : « Oh Félix ! » de jeunes musiciens se joignent à l’ensemble pour l’Octet pour cordes op. 20 de Mendelssohn.
Chapelle historique du Bon-Pasteur
www.musicacamerata.com


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