Accueil     Sommaire     Article     La Scena Musicale     Recherche   

La Scena Musicale - Vol. 19, No. 6

Miklós Takács et le chant choral, une relation de longue date

Par Marc-Olivier Laramée / 1 avril 2014

English Version...


Version Flash ici.

Miklós Takács en 1992

Les chœurs professionnels et amateurs pullulent à Montréal. Or, peu d’entre eux jouissent d’une solide et longue réputation. Encore plus, ceux dont le chef est à leur tête depuis plus de 35 ans se comptent sur les doigts d’une main. Le chœur de l’UQAM sous la direction de Miklós Takács en fait partie.

Miklós Takács est reconnu comme chef de chœur et d’orchestre. Sa passion pour la musique a débuté bien avant qu’il naisse : « Ma mère et mon père on fait connaissance dans le grand chœur d’oratorio à Budapest… Puis, sur le Danube bleu en bateau entre Budapest et Vienne », dit-il.

Sa formation de musicien l’a très vite amené à prendre la baguette et à diriger : « J’étais au collège lorsque le professeur ayant préparé le chœur du collège a eu au dernier moment un empêchement à une fête où le public était déjà. Il a envoyé un message disant que c’était moi qui devais le remplacer », dit-il. Par la suite, il dirigea des chœurs dans les églises où il se fit remarquer. Des solistes de l’Opéra de Budapest vinrent même chanter sous sa baguette.

On doit son arrivée à Montréal à la création de l’UQAM et à sa directrice du département de musique de l’époque, sœur Marcelle Corneille. Elle était venue au conservatoire de Budapest observer les cours de musique donnés suivant la méthode Kodály dont M. Takács en est un fervent partisan. Cette méthode consiste à débuter l’apprentissage de la musique, plus particulièrement le chant, dès un très jeune âge. Les jeunes pratiquant cette méthode développent ainsi une oreille relative. Le déchiffrage des notes reste alors le même peu importe la tonalité en utilisant la hauteur absolue des notes, le do mobile. Intégrant plus que la musique, la méthode Kodály est aussi une philosophie de l’enseignement. Bref, M. Takács se fit offrir un contrat temporaire par sœur Marcelle et accepta. Il ne quitta plus jamais l’UQAM.

La culture du chant choral européenne et québécoise était bien différente à son arrivée ici. C’est tout à fait différent aujourd’hui : « Ici il y a autant sinon plus d’activité musicale, dit-il. De nos jours, il y a de plus en plus de chœurs, mais surtout ils font plus de pièces classiques. Je pourrais dire que j’y suis pour un peu », ajoute-il.

M. Takács sait répondre aux questions pièges. « Lors de mon audition au Conservatoire de Budapest, raconte-t-il par exemple, un des jurés m’a demandé qui était mon compositeur préféré. Pensant que c’était une question piège, je répondis que j’avais encore une hésitation entre Bach, Palestrina, Schubert, Kodály ou Stravinski. » Toutefois, il nous confirma avoir aujourd’hui une préférence pour le lyrisme de Schubert et Kodály et  ses folklores. Bach est sans contredit un bon choix sans oublier Beethoven.

Le choix des œuvres interprétées est personnel, bien que souvent tributaire des tournées, concours ou concerts planifiés. Ce chef hongrois veut aussi éduquer le public à la musique chorale souvent moins connue. « Il faut la proposer d’une façon telle qu’il soit passionné avant même de l’écouter. Oser mettre au programme des œuvres rarement jouées et retourner vers les œuvres archiconnues », dit-il. Cette année, le traditionnel concert du Vendredi Saint, organisé depuis 1985, sera dédié au Requiem de Verdi, œuvre qu’il a dirigée pour la première fois à Montréal avec le chœur de l’UQAM. « Une de mes solistes me dit que tous les magasins de disques avaient été vidés des disques du Requiem de Verdi au lendemain du concert ».

Le répertoire vocal classique est associé à la musique sacrée. Bien que se disant croyant, M. Takács présente les œuvres dans leur contexte et invite les choristes à faire « comme si », comme il le dit si bien. Son intention n’est dans aucun cas d’imposer ses croyances, mais plutôt de se rapprocher autant que possible du sens voulu par le type de pièce ainsi que la musique du compositeur. « L’esprit humain cherche une conviction quelque part, mais l’important c’est qu’il y ait une conviction derrière votre pensée », dit-il.

Sa méthode de travail est différente de bien des chœur, les choristes étant placés de telle façon qu’il n’y ait aucun point de repère. C’est pourquoi on retrouve une soprano, une alto, un ténor et une basse regroupés ensemble. Cette technique permet une meilleure écoute des autres voix. Il est donc nécessaire de bien connaître sa voix pour ne pas perdre le fil. Le chœur est toujours accompagné d’un orchestre ou d’un piano lors des concerts. Dès le début, M. Takács a mis de côté l’interprétation d’œuvres a capella. Ce choix lui permet de mieux travailler avec son chœur. Cela ne l’empêche pas pour autant d’apprécier les parties solos des chœurs dans les grandes œuvres.

L’apprentissage de la musique est essentiel pour les jeunes, selon M. Takács. « Chaque école devrait avoir sa chorale. Les professeurs n’osent pas faire ce travail acharné », dit-il. Il ajoute en citant Kodály : « L’apprentissage de la musique devrait commencer neuf mois avant la naissance de l’enfant ! » dit-il en riant.

Miklós Takács dirigera le chœur d’UQAM et celui de l’école Jean-François Perreault avec l’orchestre de la Société Philarmonique. Quatre cents chanteurs et musiciens réunis le 18 avril 2014, à 20 h 00, à l’église Saint-Jean Baptiste pour le traditionnel concert du Vendredi Saint. Au programme, le Requiem de Verdi.

www.opmem.org


English Version...
(c) La Scena Musicale