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La Scena Musicale - Vol. 19, No. 6

Sortir des sentiers battus : Marc David, chef de l’OSDL

Par Hassan Laghcha / 1 avril 2014

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Dans cet entretien, Marc David, qui fête cette année ses 20 ans à la barre de l’Orchestre symphonique de Longueuil (OSDL), parle des changements que connaît le métier de chef d’orchestre, de l’avenir de la musique classique, des responsabilités vis-à-vis de la relève et de ses vœux pour l’avenir.

Marc DavidLes chefs d’orchestre deviennent de plus en plus des figures publiques. La grande mobilité des maestros à travers le monde apporte un changement considérable dans notre métier qui connaît une véritable internationalisation. Il n’y a qu’à voir la grande diversité des nationalités des chefs d’orchestre au Canada comme partout ailleurs », dit Marc David qui compte à son actif 500 concerts et qui est souvent sollicité comme chef invité par de grands orchestres au Canada et à travers le monde. Ce maestro qui dirige également l’Orchestre de Terre-Neuve affirme qu’autrefois il n’était pas rare de voir un chef rester avec le même orchestre plusieurs décennies. « Maintenant, les maestros ne peuvent s’empêcher de rêver à la direction des grands orchestres américains ou européens », constate celui qui préfère plutôt se concentrer sur le développement à long terme de son orchestre.

Pas d’inquiétudes

« Il n’y a pas d’inquiétudes quant à l’avenir, affirme-t-il. Le danger dont on parle ailleurs par rapport à l’avenir de la musique classique et la musique orchestrale, on ne le voit pas ici, à Longueuil. » La preuve : « L’OSDL joue presque toujours à guichet fermé, indique-t-il. Et on a un taux de réabonnement de 80 %. »

Seulement, l’OSDL a besoin d’une nouvelle salle de concert. Celle où il se produit actuellement, un théâtre de cégep, n’est pas très propice à la musique acoustique. À ce propos, Marc David se réjouit de la confirmation faite récemment de l’engagement financier tenu conjointement par les responsables publiques aux niveaux provincial et municipal pour doter Longueuil d’une nouvelle salle. Autre vœu de Marc David : avoir un noyau de musiciens permanents. « Actuellement, les musiciens de l’orchestre travaillent aussi avec d’autres orchestres ou enseignent aux universités ou au conservatoire », mentionne-t-il.

Son rêve est de disposer d’au moins un noyau de quatuor à résidence pour établir des habitudes de travail permanentes et surtout réduire les tracas liés aux conflits d’horaires, lesquels sont dus aux multiples engagements des musiciens.

Faire entendre la relève

« On a un devoir de jouer les créateurs d’aujourd’hui. Sinon, on rate peut-être l’occasion de découvrir des chefs-d’œuvre », estime ce disciple de Charles Bruck à l’École Pierre Monteux, réputée pour sa transmission du répertoire français. Il croit qu’il faut sortir des sentiers battus pour établir une programmation musicale qui fait de la place à la relève et donne au public le goût des nouveautés. « Au fil des années, on a travaillé de telle sorte qu’on puisse habituer l’auditoire de l’OSDL aux nouvelles créations musicales, indique M. David. Découvrir du neuf est aussi intéressant pour les musiciens. » Il signale également que, dans son choix des solistes, il veille à présenter, à coté des musiciens aguerris, les représentants de la relève pour que ceux-ci aient l’occasion de jouer avec un orchestre.

Dans cet esprit, Marc David parle avec ravissement de la série Portée pédagogique destinée aux écoliers et qui est réalisée en collaboration avec la Commission scolaire Marie-Victorin. Également offerte à toutes les commissions scolaires qui en font la demande, cette série permet aux élèves de participer à la réalisation d’un grand spectacle musical et de se produire sur scène en compagnie d’un orchestre symphonique.

Signature : la proximité

« Être au plus prés du public. Interagir avec ce public, mais aussi le défier, l’amener à notre démarche artistique. » C’est ainsi que Marc David décrit la signature de l’OSDL. Il souligne l’intérêt de demeurer longtemps avec le même orchestre. « Cela permet d’établir une programmation à long terme qui s’étale sur plusieurs années avec, bien entendu, en premier ordre le répertoire de base qu’on doit jouer autant pour le public que pour les musiciens si on veut conserver la qualité et l’acuité du jeu musical et également garder l’auditoire intéressé », dit-il, citant les neuf symphonies de Beethoven, les quatre symphonies de Brahms, les quatre symphonies de Schuman, les dernières symphonies de Tchaïkovski et de Mozart, les grands concertos pour piano, violon et violoncelle et les grandes ouvertures.

L’essentiel est que l’interprétation soit « un travail constant pour retrouver la source d’inspiration du compositeur. Diriger la reproduction figée de notes sur une feuille ne m’intéresse pas », dit ce multi-instrumentiste devenu chef d’orchestre par passion pour la musique d’ensemble. Métier qui demande, selon lui, des aptitudes de leader, de rassembleur et de communicateur et qui lui permet d’être en interaction avec les autres musiciens, de pousser toujours plus loin sa compréhension et ses analyses des œuvres musicales et surtout de transmettre ses ravissements à la découverte des secrets de l’écriture musicale de haute voltige.

www.osdl.ca


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