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La Scena Musicale - Vol. 19, No. 6

I Medici: L’orchestre des sciences

Par Charles-David Tremblay / 1 avril 2014

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Célébrant son 25e anniversaire, l’Orchestre I Medici di McGill est principalement formé de musiciens amateurs issus du corps professoral et des cohortes étudiantes de la faculté de médecine de l’Université McGill et de l’Université de Montréal. Le 28 février dernier, plus de 55 musiciens sous la direction d’Iwan Edwards interprétaient le Concerto pour violoncelle n° 2 ainsi que la Symphonie n° 9 d’Antonín Dvořák lors d’un concert-bénéfice pour l’Association des éducateurs de musique du Québec et Viva!Sistema, un organisme dédié à l’éducation musicale des enfants.

Sous le signe de l’interdisciplinarité, le concert a été ponctué de plusieurs remarquables moments, notamment les intenses dialogues entre l’orchestre et Stéphane Tétreault dans le concerto de Dvořák. Avec une direction précise et des couleurs nuancées, le concerto a été livré de façon convaincante. La sonorité ronde de l’orchestre et les dialogues établis entre les différents pupitres lors de la symphonie ont permis d’apprécier à sa juste valeur les qualités musicales de l’orchestre. Avec une remarquable richesse de textures, les spécialistes de la santé et des autres domaines universitaires ont démontré que la science et la musique peuvent aller de pair.

Fondateur, directeur et premier altiste de l’orchestre I Medici di McGill depuis 1989, Ante Padjen est professeur associé à la Faculté de pharmacie de l’Université McGill. Formé en musique et en physique à Zagreb, Édinbourg et Washington, il définit le pont entre la musique et la science comme « une façon d’être complet en tant que personne; sans la musique et la science, il ne serait pas possible de joindre ces deux champs intérêt ». Interrogé sur l’importance de l’éducation musicale pour ouvrir de nouveaux horizons (potentiellement scientifiques) aux enfants, M. Padjen affirme que « les enfants peuvent trouver un moyen d’expression à travers la musique et tous les enfants peuvent s’exprimer dans la musique ». Il met de l’avant une piste quant aux possibles effets de la musique sur le développement cognitif : « La musique donne la possibilité de jouer avec des matériaux et de développer des habiletés que seule l’expérience d’un instrument peut conférer. » Il apparaît ainsi que la science et la musique se nourrissent l’une de l’autre.

Iwan EdwardsS’exprimant sur le travail de chef d’orchestre et de pédagogue, Iwan Edwards met en relief l’importance des sciences et de la musique auprès des enfants. Professeur au sein du programme Viva!Sistema, il s’assure de transmettre aux enfants de l’école Saint-Gabriel une passion pour la musique qui leur permettra non seulement d’être musiciens, mais aussi d’acquérir une ouverture au monde et de faire le pont entre les différentes sphères de leur vie. « Un chef d’orchestre est toujours pédagogue », dit-il. Ayant à cœur l’éducation musicale, Iwan Edwards n’a de cesse d’être élogieux quant au travail des enfants : « Ils travaillent et sont des modèles autant pour nous les musiciens que pour leurs pairs. »

Le pont entre la musique et la science est des plus présents pour bon nombre de musiciens interrogés lors de cette soirée. Second violon au sein de l’orchestre, Jenny Zhu a commencé dès l’âge de neuf ans ses études en interprétation classique. Elle mentionne que l’orchestre « rassemble des gens de tout âge et de différents milieux, mais tous unis par une passion pour la musique ». Au sujet des relations entre les membres de l’orchestre, l’étudiante en économie de l’Université McGill rapporte que « tout le monde s’accorde avec les autres et trouve dans leurs relations au sein de l’orchestre un complément essentiel à leur vie professionnelle ». De plus, elle souligne l’excellence d’Iwan Edwards, chef de l’orchestre depuis quatorze ans : « Il rassemble les gens et les fait travailler dans un but commun. » Bien que les sciences économiques semblent distantes de la musique, le lien entre les deux domaines est manifeste pour cette jeune femme qui a choisi de les unir.

Violoniste depuis l’âge de sept ans et maintenant altiste, Isadore D.-Friedman souligne que « le fait d’être membre d’un tel orchestre permet de faire partie d’une chose plus grande que soi ». Maintenant à la maîtrise, sa passion pour la musique est un complément naturel pour son intérêt envers les sciences et les technologies. Il rappelle que pour tous les membres de l’orchestre, leur passion pour la musique est aussi vive que celle pour leur métier ou leur domaine d’étude. Toujours est-il que la science et la musique sont autant de domaines qu’il faut pouvoir combiner dans les différentes sphères du quotidien lorsqu’une carrière universitaire est poursuivie.

En somme, il apparaît que la musique et la science reposent sur de solides assises. Que ce soit des professionnels de la santé qui entretiennent une passion pour la musique depuis leur jeune âge et qui trouvent un équilibre dans leur vie professionnelle grâce à celle-ci, des étudiants qui s’intéressent aux rapports enrichissants entre la musique et leur domaine d’étude ou simplement des musiciens amateurs qui désirent vivre une nouvelle expérience de vie, I Medici di McGill est un orchestre dont la vocation dépasse les frontières des arts et de la science. En effet, il s’agit d’un pont entre la science et la musique, un lieu de rencontre pour tous les passionnés de ces deux domaines.


Le 26e Concert-conférence sur la biologie de la musique : Martin Karlíček, pianiste ; L'orchestre I Medici di McGill sous le bâton de Iwan Edwards. Le samedi 26 avril, 16 h, Salle Pollack, Université McGill. www.imedici.mcgill.ca


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