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La Scena Musicale - Vol. 19, No. 5

Denise Massé : la pianiste devenue chef de chant au MET

Par Marc-Olivier Laramée / 1 février 2014

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Denise MasséDenise Massé est bien plus qu’une chef de chant à l’opéra, c’est une passionnée de musique qui donne une nouvelle vie à chacun des opéras qu’elle prépare. Après des études en piano à l’école Vincent d’Indy à Montréal, elle affiche une préférence pour les duos piano/chant. « Au lieu de m’isoler dans le monde des solistes, j’ai toujours  travaillé avec des chanteurs… J’en ai même épousé un », dit celle qui aime être entourée de chanteurs. Enfant, elle éprouvait le plaisir de pratiquer l’art lyrique en accompagnant, au piano, les chants de ses oncles. C’était le début d’une passion toujours vivace.

Pendant la dernière année de sa maîtrise, elle participe au Concours de musique du Canada  dont elle remporte le premier prix, une bourse d’études. Par la suite, elle part à Vienne où  travaille son époux Roland Richard, lauréat du Prix d’Europe. Durant son séjour dans la capitale autrichienne, Denise Massé travaillera beaucoup le piano, mais aussi l’accompagnement en assistant son époux dans des classes. Au cours de cette période, elle a eu le grand bonheur d’assister à beaucoup d’opéras, à raison de deux à trois fois par semaine – les fameuses places debout y sont pour beaucoup !

À son retour au Canada, elle  intègre l’Université d’Ottawa où elle assure  l’accompagnement des classes de Louise Ambrée et celles de son mari. À cette époque, Montréal n’avait pas encore son opéra. Cependant, le festival d’été qu’organisait Mario Bernardi et qui présentait plusieurs opéras sera pour elle une porte d’entrée dans le monde de l’art lyrique canadien. Elle se rappelle, à ce propos, les défis de ses débuts avec Bernardi qui lui avait offert sa première chance en lui donnant deux mois pour apprendre le deuxième acte des Noces de Figaro et le deuxième acte de La Dame de pique de Tchaïkovski.

Cette première expérience lui permettra de maîtriser le métier de répétiteur d’opéra, fonction qu’elle assumera à l’Opéra de Montréal depuis son ouverture en 1981 jusqu’en 1993, l’année de ses débuts au Metropolitan Opera de New York.

Une suite d’occasions et… de surprises

« Ma vie n’a été qu’une enfilade d’opportunités », dit-elle en relatant comment, à chaque étape de son évolution, elle a eu des défis à relever, ce qui renforçait sa motivation d’aller de l’avant et d’honorer de la plus belle manière ses engagements.

« On a beau faire des plans de carrière, la vie ne cesse de nous surprendre et de nous lancer des défis. Il faut simplement être au rendez-vous des tournants décisifs et savoir saisir les occasions que la vie nous offre. » Ainsi Denise Massé résume-t-elle sa philosophie, citant comme exemple l’occasion qu’elle a eu de travailler à New York. Une expérience exceptionnelle qui lui a ouvert de nouveaux horizons et lui a permis de faire des rencontres intéressantes. 

Longue haleine

« Préparer un chanteur nécessite beaucoup de travail. Le coach doit avoir une connaissance approfondie de l’orchestration, de la personnalité du chanteur, de la ligne mélodique. C’est un travail qui nécessite une période d’entraînement assez longue, indique Denise Massé. Un opéra représente entre trois à cinq semaines de travail six jours par semaines, six heures par jour. Des centaines d’heures sont donc en jeu. Artistes, chanteurs, musiciens et chef de chant veillent à ce que chaque production soit le plus près de la perfection, précise-t-elle. Chaque chanteur a sa personnalité. Au MET, il peut y avoir trois personnes pour le même rôle en cas de problème. C’est donc trois rôles différents qui seront à travailler. »

Pour Denise Massé, chaque interprétation d’un rôle est unique et singulière. Elle parle avec ardeur des rencontres qui l’ont marquée, notamment avec les grands artistes au MET. Elle raconte, par exemple, sa première expérience avec Placido Domingo pour la préparation de Carmen. « J’avais écouté tous ses enregistrements pour savoir où il en était. On ne peut pas se permettre de faire des commentaires dès le premier abord. Il faut être poli, respectueux et humble, sachant que les grands artistes veulent s’améliorer continuellement et que la perfection reste toujours l’objectif à atteindre », dit-elle en affirmant que chaque expérience avec un chanteur apporte sa valeur ajoutée en enseignements pour le développement du métier de chef de chant. 

Autre volet de la vie de cette artiste, récemment intronisée au Panthéon canadien de l’art lyrique, son enseignement à la Juilliard School of Music. « Pour la préparation de la relève, il faut être très patient », note-t-elle. Et d’ajouter qu’elle fait en sorte de rendre la vie difficile à ses élèves pour les préparer à une carrière professionnelle où il n’est pas facile de percer sans une grande détermination. Sa joie est immense quand elle remarque comment les bons élèves assimilent ses enseignements et travaillent dur pour atteindre les objectifs fixés.


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