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La Scena Musicale - Vol. 19, No. 3

La Renaissance de l’orgue du Palais Montcalm

Par Emmanuelle Piedboeuf / 1 novembre 2013

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Le nouvel orgue au Palais Montcalm

C’est au début du mois d’octobre, plus de six ans après l’inauguration de la salle Raoul-Jobin, que l’orgue du Palais Montcalm a enfin pu être dévoilé. Les deux principales villes du Québec auront donc installé leurs orgues au cours de la même année, puisque l’orgue de l’Orchestre symphonique de Montréal est en cours d’installation et sera inauguré en mai 2014.

En compagnie des Violons du Roy et de Richard Paré, membre fondateur des Violons du Roy et professeur d’orgue à l’Université Laval, les deux premiers concerts avec l’instrument ont connu un succès retentissant. Devant tant d’enthousiasme de la part du public, une troisième supplémentaire a été annoncée pour le 28 novembre. Astrid Chouinard, directrice générale des Violons du Roy, est très contente de ce premier concert. « On se doutait qu’il y aurait un intérêt pour l’orgue, puisque la salle était complétée depuis longtemps et qu’on l’attendait nous dit-elle. Mais d’avoir trois supplémentaires va vraiment au-delà de nos espérances. »

L’orgue de Québec se distingue tout de même par sa fabrication. Voulant refléter l’esthétique sonore du facteur allemand Gottfried Silbermann, il a été conçu pour pouvoir jouer avec les Violons du Roy, qui abordent un répertoire plutôt baroque. Atrid Chouinard compte profiter au maximum de la présence de l’orgue. « Il est certain que nous allons travailler avec l’orgue mentionne-t-elle. Celui-ci permet d’avoir accès à un tout autre répertoire, en plus d’être très beau et de donner une acoustique exceptionnelle à la salle. » Avec 33 pieds de hauteur, 22 pieds de largeur, 3 claviers et 2846 tuyaux, il est certain que le nouvel orgue du Palais Montcalm offre une vue plus agréable que le rideau noir qui était proposé au public ces dernières années. La salle avait de plus été conçue pour accueillir un orgue, ce qui rend à la fois l’acoustique de l’orgue et de la salle meilleure.

Plus grand facteur d’orgue au monde, Casavant Frères, installé à Sainte-Hyacinthe, fut fondé en 1879 et produit des orgues à travers le monde. L’entreprise a réalisé plus de 4000 instruments depuis sa fondation, et ne cesse de perfectionner ses techniques, investissant dans la recherche pour maintenir son statut de référence dans le domaine. Si l’orgue a été pensé spécialement pour les Violons du Roy, il pourra aussi servir à d’autres. Casavant Frères l’a ainsi conçu pour qu’il soit versatile et ait assez de puissance pour pouvoir jouer avec de grands ensembles, notamment l’Orchestre symphonique de Québec. Les ensembles baroques seront toutefois les premiers à profiter du nouvel instrument. C’est ainsi que dès décembre, l’ensemble montréalais Caprice y fera un ré-cital, accompagné de l’organiste en résidence à l’OSM Jean-Willy Kunz.

La popularité de l’orgue, un phénomène nouveau ?

Pour Jean-Willy Kunz, l’essor de la musique d’orgue n’est pas un phénomène nouveau. « C’est vraiment quelque chose qui s’est développé dans les 30 dernières années, notamment lorsque plusieurs grandes villes, comme Toronto, Calgary et Edmonton se sont dotées de leur orgue explique-t-il. On en parle plus dernièrement parce que Montréal et Québec ont leur orgue dans la même année. » Ailleurs dans le monde, des instruments sont aussi régulièrement installés. Presque toutes les salles de concerts qui se font construire veulent maintenant leur orgue.

L’orgue reste par contre beaucoup un instrument d’église, qui se joue le dimanche à la messe. C’est ainsi que si certains organistes apprennent via le réseau des conservatoires, plusieurs pianistes font le passage à l’orgue pour des raisons financières. À l’Université, Kunz mentionne une petite classe d’orgue à l’Université de Montréal, et entre quinze et vingt étudiants à McGill, soit la plus grosse classe au Québec.

La question du répertoire reste importante dans le milieu de la musique pour orgue, comme le souligne Kunz. « Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la musique pour orgue n’est pas si religieuse que ça nous dit-il. Au 20e siècle, de plus en plus d’œuvres profanes sont composées, et l’accent est souvent mis sur celles-ci. » Loin d’être un instrument sur le déclin, l’orgue trouve sa place dans notre société actuelle. Kunz mentionne la nouvelle émission de l’animateur Éric Salvail à V Télé, En mode Salvail, où l’animation musicale est entre autres faite par un orgue.

Instrument s’incorporant autant au jazz qu’au classique, l’orgue sait trouver sa place dans le monde changeant de la musique. Comme le prouve le succès de l’installation de l’orgue du Palais Montcalm, cet instrument connaîtra probablement encore de beaux jours.


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