Accueil     Sommaire     Article     La Scena Musicale     Recherche   

La Scena Musicale - Vol. 18, No. 6

Le violon et ses mystères, selon Tom Wilder

Par Hassan Laghcha / 1 avril 2013

English Version...


Version Flash ici.

Luthier Tom Wilder

Après les révélations concernant les matériaux composant les fameux « Stradivarius », notamment le vernis, « le mystère reste entier en ce qui concerne une fine couche située entre le bois et le vernis et qui rend le bois plus dur et plus résistant », dit le luthier Tom Wilder, qui rappelle que le légendaire Antonio Stradivari reste toujours inimitable dans sa façon de procéder au revêtement des instruments.

« Le développement considérable des connaissances sur les composants n’a pas dévoilé tous les secrets qui permettent à un Stradivarius, par exemple, de continuer à produire de belles sonorités au-delà de trois cents ans. » Pour Wilder, la magie du violon n’a pas d’égale dans les autres instruments. « Par sa forme, sa texture, à la fois solide et fragile, et ses sonorités, le violon est incontestablement l’instrument le plus réussi jamais fait par l’homme. Aucun autre instrument ne peut traverser le temps comme le fait le violon ! s’exclame-t-il. La preuve : il y a des violons qui ont environ 500 ans et qu’on peut encore utiliser. »

Cette fascination mène l’artisan-chercheur à explorer les merveilles de cet instrument et à lui consacrer une thèse de doctorat qu’il prépare actuellement et qui porte sur la représentation du violon dans l’histoire.

Au commencement était Stradivari…

Tout a commencé, il y a trente ans, lorsque Tom Wilder tombe sur une biographie de Stradivari. Ce fut un tournant dans la vie du jeune étudiant en sciences politiques qui, porté par sa passion pour la musique classique, décida alors de suivre les traces du grand maître de Crémone et de devenir… un artisan du violon. Carrière qui sera couronnée en janvier 2012 par le prix Opus, attribué à ce luthier pour son ouvrage, une véritable somme, sur la conservation, la restauration et la réparation d’instruments à cordes.

Le prix est également une reconnaissance des actions que Tom Wilder mène en faveur de l’environnement. « L’édition de ce livre était, en fait, une levée de fonds pour financer les programmes de recherches et de replantation visant à sauver l’arbre du pernambouc, ce bois de la forêt brésilienne dont on fabrique les archets et qui est, actuellement, menacé d’extinction », précise cet artisan, qui ne cache pas sa fierté d’appartenir à la communauté des luthiers montréalais.

« C’est une communauté très forte et très dynamique », se réjouit-il, affirmant que Montréal est le centre de lutherie par excellence au Canada. « La lutherie à Montréal est en très bonne santé, du point de vue de la qualité des instruments produits. Cependant, relève-t-il, le peu d’engouement de la population pour la musique classique et la petite taille du marché local ne permettent ni aux luthiers ni d’ailleurs aux musiciens de vivre de leur art et pour l’art sans grande difficulté. »

Mais cette étroitesse du marché local ne décourage pas Tom Wilder et ses associés. « Au contraire, c’est un facteur de motivation qui nous a permis de couvrir tout le Canada et de nous occuper des orchestres de Vancouver, Calgary, Edmonton, Winnipeg, en plus de Montréal », dit M. Wilder, en soulignant l’intérêt des voyages que lui et ses collaborateurs effectuent à travers le monde pour dénicher d’autres marchés et asseoir la réputation internationale de l’atelier Wilder & Davis. Voyages qui lui ont permis, par ailleurs, de voir à quel point, ô combien, la musique classique est plus valorisée en Asie, notamment au Japon, en Corée et en Chine, pays qui fabrique 90 % des instruments de musique vendus dans le monde et où on trouve de plus en plus de bons luthiers.

La lutherie en direct

Dans le cadre du Concours Musical International de Montréal (6-17 mai), le Regroupement des luthiers du Québec organise du 8 au 11 mai, au Musée des beaux-arts, quatre ateliers autour de la lutherie contemporaine québécoise. À cet événement, les luthiers exposeront au grand public les matériaux composant leurs produits et expliqueront les principales étapes de la fabrication, de l’entretien et de la restauration des violons et des archets. Au programme également, des exposés sur les faits marquants de l’histoire de la lutherie québécoise. Mercredi 8 mai et jeudi 9 mai de 17 h 30 à 19 h 30, vendredi 10 mai et samedi 11 mai de 13 h à 15 h.

Le Salon des luthiers

Une quinzaine de luthiers du Québec et d’autres provinces canadiennes exposent, le 12 mai, leurs instruments et archets au Salon des amis du Musée des beaux-arts de Montréal. Mélomanes, musiciens amateurs et professionnels ou simples curieux auront ainsi l’occasion d’apprécier le savoir-faire de ces maîtres-artisans. Aussi, les visiteurs du Salon seront invités à essayer et à comparer les sonorités de divers instruments à cordes : violons, violoncelles, altos, contrebasses. Le dimanche 12 mai de 11 h à 16 h.

www.concoursmontreal.ca


English Version...
(c) La Scena Musicale