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La Scena Musicale - Vol. 17, No. 7 avril 2012

Un collectif baroque est né !

Par Philippe Gervais / 1 avril 2012

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On pourra voir ce mois-ci au Rialto le premier spectacle du Collectif Baroque Mont-Royal, fondé par Susan Toman et David Menzies, tous deux issus de l’Université McGill. Susan est claveciniste, spécialiste de la musique française; David possède une voix de ténor léger, idéale pour aborder le répertoire baroque. Ensemble, ils nous parlent de leur projet.

Pourquoi ce nouvel ensemble, et qu’offrira-t-il de particulier?
ST – Notre Collectif se veut un ensemble flexible, qui accueillera un nombre variable de musiciens selon les nécessités de chaque projet. Nous voulons présenter chaque année un court opéra en version scénique, avec un orchestre de chambre. Ce sera l’occasion pour le public de découvrir des œuvres rares de l’époque baroque ou classique, comme l’illustre notre premier spectacle, qui propose l’opéra-ballet Pygmalion de Jean-Philippe Rameau.

Pourquoi avoir choisi Pygmalion?
ST – La légende de Pygmalion est bien connue: un sculpteur s’éprend de la magnifique statue féminine qu’il vient de ciseler, et celle-ci prend vie par l’intercession de l’Amour. Ce mythe a inspiré plusieurs peintres, écrivains et compositeurs: il nous a paru approprié pour le lancement de notre compagnie, puisqu’il montre comment une œuvre peut s’animer, se transformer et vivre pour le plaisir de tous, si l’artiste s’y dévoue entièrement et amoureusement.

L’opéra étant assez court, entendrons-nous autre chose?
DM – Oui, nous avons imaginé un prologue constitué de musiques provenant d’un autre opéra-ballet de Rameau, Les Indes galantes, où l’on verra Marie-Nathalie Lacoursière et sa compagnie de danse baroque, LesJardins Chorégraphiques. Un tel ajout était possible du temps de Rameau, et nous savons même que Pygmalion a été présenté, en 1754, avec le deuxième acte des Indes galantes.

Danse baroque et mise en scène moderne peuvent-elles faire bon ménage?
DM – Certainement! Nous avons la chance de collaborer simultanément avec une troupe de danseurs baroques réputés et une metteure en scène, Jordan Gasparik, qui connaît bien le théâtre actuel. Ainsi, au lieu de tenter une reconstitution historique, qui aurait demandé des costumes et des décors très élaborés, nous avons opté pour un style à la fois moderne et élégant, qui s’harmonise bien à la simplicité du mythe grec.


PYGMALION, ou LE TRIOMPHE DE L’AMOUR

Malgré sa brièveté et l’apparente légèreté du sujet, ce Pygmalion qu’on verra bientôt à Montréal est un jalon important dans l’histoire de la musique française. Ce fut même, au XVIIIe siècle, une des œuvres les plus admirées et les plus souvent jouées de Rameau. Composée, semble-t-il, en huit jours, elle fut donnée pour la première fois à Paris le 28 août 1748 et connut d’emblée un vif  succès.

De fait, Pygmalion contient plusieurs passages remarquables, à commencer par l’ouverture, une des plus brillantes de Rameau, et dont les nombreux motifs en notes répétées illustrent peut-être les gestes du sculpteur au travail. On notera également le contraste entre la première partie, dramatique, marquée par le désespoir de Pygmalion et la jalousie de son amante, et la conclusion lumineuse et festive. Si le chœur n’intervient que brièvement (mais avec éclat), le rôle de Pygmalion est en revanche très exigeant. C’est à lui qu’il revient de clore la représentation par ce qu’on appelait alors une ariette, air virtuose à l’italienne où devaient se trouver absolument de flamboyantes vocalises.

Le mythe de Pygmalion fournit aussi un ingénieux prétexte pour unir la sculpture aux charmes de la danse. La statue, en effet, sitôt venue à la vie, entreprend de s’initier à cet art qu’affectionnait tant la bonne société française. Les Grâces se chargent de son éducation et lui proposent d’enchaîner une dizaine de pas variés, qui la mèneront de la lente et sensuelle sarabande à l’énergique tambourin. Rameau trouve ici une belle occasion de déployer sa riche palette d’orchestrateur et d’offrir un éventail des «différents caractères de la danse».

Pygmalion de Rameau
13 et 14 avril, 19h30, Théâtre du Rialto
18h30: vernissage de Geneviève Chevalier, sculpteure
www.mtlbaco.wordpress.com


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