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La Scena Musicale - Vol. 17, No. 6 mars 2012

Variations sur un thème : Petruchka de Stravinski

1 mars 2012

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Ressentez-vous l’envie de changer d’air? Suivez la cadence de l’équipe LSM avec nos recommandations apparentées aux chefs-d’œuvre habituels.

Le chef-d’œuvre

Illustration Adam NorrisPetrouchka de Stravinski
La première du ballet de Stravinski Le sacre du printemps, en 1913 aux Ballets russes à Paris, avait pratiquement provoqué une émeute. Du jour au lendemain, le compositeur est devenu célèbre pour son modernisme scandaleux. Mais deux années plus tôt, pour les mêmes Ballets russes, Stravinski avait composé le Petrouchka qui avait plu au public. Le langage musical de Stravinski dans Petrouchka était en tout point aussi original et contemporain que dans Le sacre du printemps, mais il était égayé de chansons folkloriques et même de chansons populaires.
Le sujet principal de Petrouchka était également plus accessible et attrayant. Il avait été inspiré par le théâtre de marionnettes russe et mettait en scène des marionnettes, interprétées par des danseurs de ballet qui prenaient vie. Le ballet débute avec une musique joyeuse dépeignant le carnaval Shrovetide, fête russe similaire au mardi gras. Au milieu de l’effervescence, on voit un petit théâtre de marionnettes et les formes sans vie de Petrouchka, d’une ballerine et d’un Maure. Un montreur de marionnettes, connu dans le ballet comme le Charlatan, leur donne la vie en usant de magie. La jalousie dresse sa tête affreuse entre Petrouchka et le Maure et, à la fin, le Maure assassine Petrouchka. Mais, bien sûr, Petrouchka n’est qu’une marionnette. Ou bien, l’est-il vraiment? Le fantôme de Petrouchka a le dernier mot, en faisant un pied-de-nez au Maure.
La partition de Stravinski recèle ce qui est devenu connu dans l’histoire de la musique comme « l’accord de Petrouchka ». Il s’agit d’un do majeur et d’une triade en fa majeur joués ensemble, créant une dissonance frappante, mais aussi, au sein du ballet, un procédé très efficace pour annoncer l’arrivée de Petrouchka lui-même.
Stravinski a révisé la partition de Petrouchka en 1947. Il a réduit la taille de l’orchestre afin de rendre le ballet plus facile et moins coûteux à présenter, et a changé quelques détails dans la partition.
Paul E. Robinson


Éric Champagne recommande…
Ottorino Respighi (1879-1936)
La Boutique fantasque

Composé en 1919

Similitudes: outre le fait d’avoir été créés par les célèbres Ballets russes de Diaghilev, Petrouchka et La Boutique fantasque ont en commun de mettre en scène les histoires d’amours de divers pantins, le premier dans une foire russe, le second chez un fabricant d’automates.

Différences:  la musique de La Boutique fantasque est en réalité basée sur les Péchés de vieillesses de Rossini, habilement arrangés et orchestrés par Respighi. Loin des hardiesses et des inventions sonores de Stravinski, la partition de Respighi, aux riches coloris orchestraux, possède un charme léger qui rappelle quelque peu la Gaîté parisienne de Jacques Offenbach.

Écoute essentielle:
Ottorino Respighi: La Boutique fantasque
Orchestre symphonique de Montréal/Charles Dutoit
DECCA 455983 (1999)

Paul E. Robinson recommande…

Manuel de Falla (1876-1946)
El retablo de maese Pedro (Les tréteaux de Maître Pierre)

Composé en 1923

Similitudes:  tout comme le Petrouchka deStravinski, El retablo de Falla est une histoire de marionnettes.

Différences: Petrouchka est un ballet et El retablo est un opéra. De plus, alors que de véritables marionnettes sont utilisées dans l’opéra de Falla, dans le ballet de Stravinski les marionnettes sont jouées par des danseurs de ballet. Enfin, le court opéra de Falla est beaucoup moins bien connu que Petrouchka, mais il s’agit d’une de ses œuvres les plus charmantes et originales.

Écoute essentielle:
Falla: El retablo de maese Pedro
Solistes et I Cameristi del Teatro alla Scala/Diego Dini Ciacci
Naxos 8.553499 (1997)

 

Frédéric Cardin recommande…
Silvestre Revueltas (1899-1940)
La Coronela

Composé en 1939-40

Similitudes: musique d’un ballet concernant la Révolution mexicaine. Les accents rythmiques, les références folkloriques et les couleurs brillantes de la partition rappellent grandement Stravinski.

Différences: la musique de La Coronela est plus abrasive que Petrouchka. En ce sens elle est plus près du Sacre du printemps, du même Stravinski.

Écoute essentielle:
La Coronela (The Lady Colonel)
Naxos, 8.552250 (2010)


Écoutez Petrouchka de Stravinski en concert:
• Orchestre symphonique de Montréal/Zeitouni; 11 mars
www.osm.ca
Traduction: Juliette Colinas


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(c) La Scena Musicale 2002