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La Scena Musicale - Vol. 17, No. 5 février 2012

Des choix risqués : Le violoniste Nikolaj Znaider

Par Lorena Jiménez Alonso / 1 février 2012

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ZnaiderNikolaj Znaider est l’antithèse d’une vedette : ce sympathique soliste ne se conduit pas comme un divo. Il possède néanmoins tous les atouts qu’un musicien au sommet d’une carrière internationale pourrait désirer – une technique éblouissante, un sens musical très aigu, du charme à revendre… et son instrument, un Guarnerius del Gesù.

Né au Danemark, ce violoniste de 37 ans est considéré comme l’un des plus accomplis de sa génération, et ses interprétations très personnelles trouvent toujours la faveur des chefs d’orchestre et des critiques. « Je ne m’efforce pas de jouer différemment des autres ou d’adopter un jeu distinctif, dit-il, mais j’attache beaucoup d’importance à un point souvent négligé de nos jours : le violon est un instrument qui chante, et il faut donc en jouer comme si on était en train de chanter. La main gauche doit toujours demeurer très souple et relier les notes comme le font les grands chanteurs mozartiens. »

Les sons que Znaider tire de son instrument ne ressemblent pas à ceux d’autres violonistes : cet adepte du rubato réinvente les phrasés. Il fait des choix risqués. Ses deux grandes qualités sont la force de son émotivité et la perfection de sa technique. « La souplesse et l’expressivité comptent pour beaucoup, mais également toute la palette des couleurs du répertoire, explique-t-il. Cela entraîne le recours au portamento avec la main gauche. »

Toutefois, Znaider ne se contente pas de jouer en soliste. « Je me sentais le besoin d’écouter et d’approfondir de nouvelles pièces, parce que le répertoire pour violon ne me suffisait pas », souligne-t-il. Il accueille avec joie les invitations que lui font régulièrement parvenir des chambristes tels que Daniel Barenboim, Leif Ove Andsnes, Yuri Bashmet, Yefim Bronfman, Lynn Harrell, Lang Lang et Pinchas Zukerman. Pour lui, « il n’y a guère de différence entre jouer un solo avec orchestre ou faire de la musique de chambre : dans les deux cas, on s’écoute mutuellement et on réagit les uns aux autres ». Il y a quelques années, Znaider s’est également mis à la direction d’orchestre. Il a dirigé l’Orchestre symphonique de Londres, l’Orchestre Mariinsky, la Staatskapelle de Dresde, l’Orchestre philharmonique de Munich, la Philharmonie tchèque, la Philharmonie de Los Angeles, l’Orchestre Philharmonique de Radio France, le Hallé Orchestra, l’Orchestre de la radio suédoise et la Symphonie de Göteborg.

En février, Znaider jouera en solo avec l’Orchestre du Centre national des Arts à Ottawa. « J’ai hâte de retrouver M. Zukerman et les membres de l’Orchestre du CNA, dit-il. Ce sont des musiciens accomplis et, qui plus est, ils adorent faire de la musique. » Au programme, le Concerto pour violon en ré majeur, op. 35 de Tchaïkovski, puis, avec Pinchas Zukerman à l’alto, la Symphonie concertante de Mozart. « Tchaïkovski est, bien sûr, un compositeur d’un romantisme fou, fait-il remarquer, mais c’est également, par son élégance, un tenant du classique qu’il admirait tant, ce qui ressort de ses Variations sur un thème rococo pour violoncelle et orchestre. Je trouve que Mozart et Tchaïkovski vont très bien ensemble, car l’œuvre du grand Russe respire la spontanéité et la légèreté caractéristiques de son aîné. »

Le Concerto pour violon de Tchaïkovski, l’une des œuvres pour violon les plus ardues qui soient, convient parfaitement à la technique de Znaider, qui possède le ton, la profondeur et le vibrato nécessaires. « Le premier mouvement présente de grands défis sur le plan technique, admet-il, car la cadence prend 14 à 18 minutes à jouer sans interruption. Cette œuvre difficile contient des cascades de petites notes rapides, ce que n’ont pas les concertos de Sibelius ou d’Elgar. »

C’est dès son jeune âge que Znaider a commencé à s’intéresser aux grands maîtres du violon. « Je les ai tous écoutés, raconte-t-il. Mais je pense que la nouvelle génération n’a plus rien à voir avec les Menuhin, Heifetz, Milstein et autres violonistes dont les interprétations sont très différentes tout en demeurant très belles. J’ai grandi avec eux, et ils m’ont énormément inspiré, par exemple Heifetz dans le concerto de Tchaïkovski. »


Nikolaj Znaider jouera le Concerto pour violon de Tchaïkovski et la Symphonie concertante de Mozart les 23 et 24 février à 20 h, au Centre national des Arts d’Ottawa. www.nac-cna.ca; www.znaider.com

Traduction : Anne Stevens


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