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Ressentez-vous l’envie de changer
d’air ? Suivez la cadence de l’équipe LSM avec nos recommandations
apparentées aux chefs-d’œuvre habituels.
Le chef-d’œuvre
:
La Symphonie fantastique, op. 40 d’Hector Berlioz
L’année 1830 fut marquée en France par le grand bouleversement de
la Révolution de Juillet. Cette année-là, le compositeur français
Hector Berlioz (1803-1869) remporta le Prix de Rome, récompense prestigieuse
qui finançait les études d’un artiste pendant cinq ans. Il compléta
également sa Symphonie fantastique. Inspirée des œuvres littéraires
de Thomas de Quincey (Confessions of an Opium Eater) et de Victor
Hugo (Le dernier jour d’un condamné), cette œuvre à programme
utilise plusieurs techniques d’écriture pour raconter en musique
l’amour désespéré de Berlioz. Son emploi de l’idée fixe,
une technique qui transforme les thèmes pour leur faire raconter une
histoire ou encore exprimer une atmosphère ou une idée, unifie efficacement
l’œuvre en cinq mouvements. Ici, l’idée fixe représente
l’amoureuse du compositeur. Sous l’effet de la drogue, le compositeur
rêve qu’il tue l’objet de son affection pour être ensuite lui-même
décapité à la fin du quatrième mouvement. Un drame s’ensuit alors
que le rêve tourne au cauchemar dans le cinquième mouvement, le Songe
d’une nuit de Sabbat. Le glas funèbre et le chant grégorien du
Dies irae (jour de colère) intensifient l’épouvante croissante.
Orchestrateur de génie, Berlioz démontre une grande maîtrise des
textures et des couleurs instrumentales pour dépeindre des scènes
de joie, de mélancolie, de solitude et de frénésie. Sa Symphonie
fantastique est un festin pour les oreilles et l’imaginaire.
Laura Bates
L’essentielle
Symphonie fantastique d’Alexandre Lazaridès
Berlioz :
Symphonie fantastique op. 14
Philharmonique de New York/Leonard Bernstein
Sony SMK 60968 (69 min 13 s)
La « Fantastique » a été souvent
endisquée, et par de grands noms. Leonard Bernstein, dans un enregistrement
daté du 27 mai 1963, n’y mettait pas un talent de coloriste, à l’instar
des chefs européens qui s’inscrivaient dans une certaine tradition,
mais du mouvement, de la passion, de la vie, avec une Marche au supplice
à faire frissonner. Il embrase son orchestre, une phalange alors à
son zénith, et nous convainc à tout coup. La prise de son est en outre
d’une présence étonnante.
Frédéric cardin
recommande…
Ernest Chausson (1855-1899)
Symphonie no 1
Composée entre 1889-1890
Similitudes : une symphonie
française, certes, mais avec un caractère romantique expansif et parfois
ardent. Une orchestration riche et somptueuse teintée de lyrisme. Une
enfant de Berlioz à n’en pas douter.
Différences : cette symphonie
est écrite en trois mouvements seulement et n’utilise pas l’idée
fixe si fondamentale dans la Fantastique. Son chromatisme harmonique
la rapproche aussi de la symphonie germanique.
Écoute essentielle :
French Symphonies
Orchestre philharmonique de Radio France/Marek Janowski
Virgin Classics 61513 (2CD, 1998)
Éric Champagne
recommande…
Sergei Rachmaninov (1873-1943)
Danses Symphoniques, op. 45
Composées en 1943
Similitudes : Berlioz cite
le thème du Dies irae dans le Songe d’une nuit de Sabbat,
l’infernale bacchanale qui clôt sa Symphonie Fantastique.
Chez Rachmaninov, le Dies Irae est un thème cité dans plusieurs
œuvres dont les Danses Symphoniques où il apparaît dans un
final emporté proche du romantisme échevelé de Berlioz.
Différences : le
Dies Irae chez Berlioz revêt des couleurs lugubres et fantasques,
tandis que sa présence dans l’œuvre de Rachmaninov rappelle l’éternel
combat d’Éros et Thanatos. Cette allusion à la mort qui rôde au
sein d’un mouvement de danse plein de vie confronte le désir de vie
et de mort dans une exaltation paradoxale, tragique et jubilatoire,
foncièrement romantique.
Écoute essentielle :
Rachmaninov : Les symphonies
Concertgebouw Orchestra/Vladimir Ashkenazy
Decca 455 798-2 (1998)
Paul E. Robinson
recommande…
Hector Berlioz (1913-1976)
La Mort de Cléopâtre
Composé en 1829
Similitudes : Berlioz a (littéralement)
écrit le traité sur l’orchestration et la Symphonie fantastique
est pleine d’innovations instrumentales—p. ex. l’emploi de deux
groupes de timbales, d’une clarinette en mi bémol, de cloches, d’effets
col legno, etc. La Mort de Cléopâtre est également étonnante
pour cette période.
Différences : alors que Cléopâtre
est mortellement mordue par le serpent, Berlioz demande aux deux flûtistes
de passer aux piccolos pour la seule fois dans la symphonie—et pour
jouer quatre notes fortissimo ! La représentation de la mort dans les
dernières pages est également originale. Les contrebasses (sans accompagnement
des violoncelles !) jouent la même figure de 2 notes pas moins de 128
fois en succession. L’effet est proprement éthéré et fascinant.
Écoute essentielle :
Berlioz : La Mort de Cléopâtre/Symphonie fantastique
Susan Graham, mezzo-soprano; Berlin Philharmonic/Simon Rattle
EMI Classics 5 099921 622403 (2008)
Écoutez la
Symphonie fantastique de Berlioz en concert :
• Royal Philharmonic Orchestra et l’Orchestre du Centre national
des Arts/Zukerman; 17 janvier 2012. www.nac-cna.ca
• L’Orchestre symphonique de Montréal/Nagano. À Montréal : 27,
29 et 31 mars 2012. À Québec : 28 mars 2012. www.osm.ca
Traduction : Julie Berardino
et Alain Cavenne
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