Jazz : Frank Lozano et Au rayon du disque
1 décembre 2011
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Frank Lozano :
Saxo tout terrain
par
Marc Chénard
Le jazz affectionne particulièrement
ses héros, ces personnages rayonnant de charisme sur scène et dont
chaque nouveau disque défraie immanquablement la chronique. Mais pour
chacun d’eux, on retrouve des cortèges de musiciens de bon aloi qui
méritent aussi une place au soleil. À Montréal, par exemple, le polyinstrumentiste
Frank Lozano jouit d’une excellente réputation, surtout de ses pairs.
Outre les saxos ténor et soprano, il joue également de la clarinette
basse et de la flûte, son arsenal lui permettant de s’insérer dans
les contextes les plus divers, des plus traditionnels aux plus expérimentaux.
Pour lui, l’année 2011 semble être l’une des plus fastes de sa
carrière, car il apparaît sur pas moins de cinq enregistrements, l’un
d’eux à la tête de sa propre formation. Le temps d’une rencontre,
il nous offre quelques impressions fort instructives sur chacune de
ces productions.
» Frank Lozano Montreal Quartet
– Destin (Effendi FND 113)
En 2007, j’ai réalisé un premier disque à mon nom (Colour
Fields) avec des musiciens de Toronto et d’Ottawa, et c’est
ce qui explique en bonne partie le titre de celui-ci. En tant qu’accompagnateur,
mon travail consiste à interpréter la musique du chef de groupe le
plus fidèlement possible, selon sa vision; la direction d’un groupe
implique un changement de rôle. Mais mon expérience d’accompagnateur
m’aide grandement ici parce que je peux vraiment me mettre à la place
de mes comparses. Il y a évidemment une responsabilité accrue quand
on présente sa musique, elle nous touche plus intimement. Je suis vraiment
fier de ce disque parce qu’on l’a fait dans le bon ordre, on a rodé
le répertoire sur scène pendant un an et demi avant d’aller en studio.
» Autour de Bill Evans (FND112)
Je suis à vrai dire l’instigateur de ce projet, dont j’assume
la direction musicale, mais cela ne veut pas dire pour autant que je
le dirige : s’il y a un chef ici, c’est Bill Evans. Pierre Tanguay
(le batteur) m’a proposé de jouer un répertoire de standards avec
lui et le bassiste Michel Donato pour un concert organisé en marge
du festival de jazz de Rimouski. La soirée s’est si bien déroulée
que je voulais continuer, j’étais persuadé de pouvoir pousser cela
plus loin. C’était alors que j’ai pensé au pianiste François
Bourassa, qui travaillait déjà dans mon quartette. Michel, pour sa
part, aimait la musique d’Evans et l’a même accompagné à Montréal
en 1977 (avec Philly Joe Jones à la batterie), d’où le choix. Mais,
à ma grande surprise, Michel et François n’avaient jamais joué
ensemble, alors raison de plus pour aller de l’avant. Tout est tombé
en place dès la première du quartette. Il faut noter ici que le disque
s’intitule « Autour de… »; ce n’est pas un disque hommage dans
le sens habituel du terme, où l’on ne fait que reprendre la musique
du dédicataire, on y entend d’autres pièces, associées à lui bien
sûr, ce qui nous permet d’élargir le répertoire.
» Quartet Auguste
– Homos Pugnax (FND 115)
Ma participation à ce groupe (dirigé par le bassiste et patron
de l’étiquette Alain Bédard) remonte au milieu des années 1990,
avant même la création d’Effendi. Ce disque diffère des précédents
parce que le matériel était nouveau, donc très peu éprouvé sur
scène. En règle générale, j’essaie de mémoriser le matériel
avant d’entrer en studio, les standards en particulier, cela élimine
un obstacle dans le processus créatif. Ici, par contre, il y avait
des arrangements assez précis, certains assez difficiles, Casse-patte
par exemple (la seconde plage), une pièce aux modulations métriques
constantes et où le premier temps est rarement marqué. Mais nous avons
réussi à passer au travers en deux ou trois prises par morceau.
Quand on en fait plus, on est fichu, je crois. C’est comme une soirée
romantique : si le téléphone sonne deux fois, c’est à l’eau,
on essaiera un autre jour.
» Josh Rager
– Kananaskis (FND 116)
J’étais présent sur son disque précédent, Time and Time
Again, ici je ne fais qu’une présence, sur le standard de Bill
Strayhorn U.M.M.G. (acronyme de « Upper Manhattan Medical Group
»). Cette pièce flottait quelque part dans ma tête quand il m’a
approché, mais il m’a fallu l’apprendre. Josh voulait également
en faire une version en 7/4, ce qui implique des ajustements dans les
durées du 4/4 traditionnel en faveur de mesures alternant entre quatre
et trois temps. Pour y arriver, on a discuté d’abord au téléphone,
il me l’a chanté au bout du fil, puis nous l’avons essayé pendant
une séance avec d’autres musiciens. En studio, nous avons fait trois
prises, une a été manquée, les deux autres ont réussi et il a fait
le choix final pour le disque.
» Thom Gossage Other Voices
– In Other Words (Songlines 1591-2)
La musique de Thom vous met toujours au défi, mais elle est d’une
grande pertinence. Il est de ceux qui écoutent les moindres agissements
autour de lui. Depuis cinq ans, il a réussi à façonner une vision
de sa propre musique, ou du son qu’il cherche à créer pour l’exprimer,
tout en tenant compte de la personnalité de chaque musicien. Cependant,
il n’écrit pas de manière à nous faire jouer juste des choses qui
font partie intégrante de notre propre style personnel, mais
plutôt en fonction de ce qu’il pense que l’on pourrait faire de
plus. Pour ce disque, nous avons répété très fort, quatre ou cinq
fois, mais avons tout fait en studio en un seul jour, nous étions lavés
à la fin. Il y une belle chose avec sa musique : aussi difficile soit-elle,
on en sort transformé. Ce n’est pas pour rien que Thom fait partie
de mon quartette… Ce disque met en jeu des limites et des oppositions.
Il y a parfois des sections qu’on croirait totalement ouvertes, alors
que nous travaillons indépendamment les uns des autres sur un concept
très spécifique d’architecture collective. Dès que l’on entre
dans cette bulle, les limites posées sont extrêmement intéressantes,
mais tellement larges en même temps. C’est un paradoxe, mais ces
limites donnent toute la profondeur à la musique, voilà ce qui étonne
le plus.
À lire sur le blogue : l’intégrale
de l’entrevue (en anglais) http://jazzblog.scena.org
Au rayon du disque
Sorties :
«»Côté» Jazz
par
Annie Landreville
Alexandre Côté : Transitions
Effendi FND 114 (www.effendirecords.com)
C’est un premier disque sous son nom. Pourtant, le saxophoniste Alexandre
Côté est plutôt en demande : il a collaboré à près d’une quarantaine
de disques, au fil d’une carrière musicale qu’il partage aussi
avec l’enseignement au cégep Saint-Laurent. Il était d’ailleurs
du disque Hommage à Charlie Parker de Rémi Bolduc, à qui on
vient de décerner un prix Félix. Mais Côté a remporté un autre
prix plus tôt cette année, le Grand Prix de Jazz TD 2011
du Festival International de Jazz de Montréal. C’est avec ses musiciens,
Jonathan Cayer (pno), Dave Mossing (trpt.), Kevin Warren (btr) et Dave
Watts (cb.), en plus du saxophoniste ténor David Bellemare sur deux
pièces, qu’il a enregistré cet album Transitions. Transitions,
parce que c’est ce que ce disque représente pour cet altiste qui
joue, compose et arrange depuis longtemps déjà pour les autres; il
s’agit aussi d’un disque tourné autant vers l’avenir que vers
le passé, avec des pièces qui rendent hommage à des musiciens qui
ont compté dans son parcours, les titres étant évocateurs : Blues
pour Ornette, Wayne’s Spirit (qui nous vaut un superbe
solo du compositeur), New Orleans Groove. Il a choisi de jouer
l’alto uniquement, son instrument premier. Sa solide culture musicale
lui permet de réaliser avec brio l’équilibre entre ce jazz moderne
devenu classique et sa relecture personnelle aux accents plus contemporains.
Espérons qu’il n’attendra pas trop longtemps pour en produire un
deuxième !
Steve Amirault : One existence
Production de l’artiste (www.steveamirault.com)
Steve Amirault est l’un des meilleurs pianistes de jazz à Montréal.
Sur scène, il sait éblouir par sa polyvalence et sa précision. Le
pianiste d’origine acadienne, qui composait des chansons depuis longtemps,
a décidé de faire le saut pour les interpréter. Entièrement écrit
et composé par ce nouveau chanteur (sauf la musique de Live to Love,
composée par son frère Greg), le disque a été financé en prévente.
Il a à peu près tout fait lui-même sur ce disque, où il est accompagné
par Rémi-Jean Leblanc à la basse et le batteur Samuel Joly. Deux textes
touchants, quoique maladroits, sont en français, en hommage à sa grand-mère
et à l’histoire de l’Acadie, les autres étant en anglais. La musique
est de la pop solidement enracinée dans le jazz. Steve Amirault le
chanteur a une voix intéressante, grave, un solide sens des mélodies,
quelque part entre le crooner et la comédie musicale. Belles mélodies,
certes, mais pas exemptes des clichés du genre. Seule Heroes,
une pièce de plus de neuf minutes, laisse véritablement de la place
aux musiciens, qu’on souhaiterait plus présents, comme c’est le
cas sur scène, où le chanteur est aussi plus convaincant.
Taurey Butler : Taurey Butler
Justin Time JUST 242 (www.justin-time.com)
Taurey Butler est sans contredit un pianiste flamboyant, énergique
et volubile, voire excessif. On penserait même qu’il a voulu mettre
toutes les notes sur un même disque. Il a un bon swing, un jeu très
mélodique. C’est la musique d’Oscar Peterson qu’il lui a permis
de s’investir dans le jazz et il assume totalement ces racines-là.
Il s’attaque en alternance à des standards, tels Moonlight in
Vermont, Lady is a tramp, et des compositions qui ne jurent
pas avec ces thèmes d’époque. Taurey Butler aime les mélodies solides
et les joue avec beaucoup d’expression, entre autres Grandpa Ted’s
Tune et The Preacher, dont il rend bien la ferveur gospel.
Ses comparses sont discrets, les solos du batteur Walli Muhammad et
du bassiste Éric Lagacé sont brefs, mais tous deux sont impeccables.
Sorties :
«Côté» Actuel
par
Marc Chénard
Mecha Fixes Clock : Teoria dell’elastica
di Girolamo Papariello
Ambiances magnétiques CD 202 (www.coactuelle.com)
Musicien omnidirectionnel, le percussionniste Michel-F. Côté s’adonne
à des projets musicaux tous azimuts (théâtre et danse, libre improvisation,
tant acoustique qu’électronique, œuvres conçues pour ensembles
orchestraux). Cette dernière tendance caractérise le projet de son
ensemble Mecha Fixes Clock. Présenté en formation élargie, son groupe
de 11 musiciens comporte sept cordes, trois vents et autant d’électroniciens
incluant Côté. Chacune des sept pièces de ce disque assez concis
explore un climat sonore en demi-teintes. Côté pour sa part marque
une pulsation essentiellement binaire qui trahit son affinité naturelle
avec le monde du rock alternatif. Par conséquent, il ne faut pas s’attendre
à des échappées subites, comme dans le jazz, voire à de l’improvisation
collective, mais à une discipline de groupe plus typique des formations
de musique contemporaine. À 42 minutes, ce disque semblerait un peu
court au premier regard, mais cette durée s’avère suffisante compte
tenu de la dynamique restreinte dans laquelle cette musique se déploie.
maïkotron unit : Ex-Voto
Rant 140 (www.jazzfromrant.com)
Couronné lauréat du prix François-Marcaurelle au Off Festival de
jazz de Montréal en octobre, le maïkotron unit compte parmi les formations
les plus anciennes de la province en matière de musiques improvisées.
Formé au début des années 1980, ce trio aux activités sporadiques
avait déjà six parutions vinyles à son crédit avant la sortie de
son premier compact au printemps dernier. Inventé par Michel Côté,
le maïkotron est un instrument de cuivre bâtard constitué de pistons
et surmonté d’un bec de saxophone, lequel produit des sons graves
détimbrés, à la manière d’une clarinette basse ou contrebasse,
que joue également le musicien. Côté et son frère, le bassiste et
violoncelliste Pierre, sont deux natifs et résidents de la Vieille
Capitale, tandis que le batteur Michel Lambert a quitté cette ville
pour s’installer à Toronto, puis à Montréal. Au cœur de ce projet
sont 12 peintures du batteur aux allures d’ex-votos. En moins d’une
heure, le trio nous sert 20 miniatures musicales, certaines atmosphériques,
d’autres plus rythmées (le plus souvent celles où le saxo soprano
se fait entendre). Étrangement, le maïkotron est très peu entendu,
joué principalement par le batteur, parfois par le saxo. Par-ci, les
musiciens jouent des compos de leur cru, sans toutefois se lancer trop
loin dans l’aventure, par-là, ils se contentent de laisser planer
une atmosphère. Pour avoir écouté ce disque avant sa présentation
en concert, je souhaitais vivement que le trio puisse développer sa
matière, souhait qui ne s’est pas tout à fait réalisé sur scène.
Cordes néerlandaises
par
Mark Chodan
Hybrid 10tet : On the Move
BBBCD14 (www.michielbraam.com)
Hybrid 10tet est un ensemble placé sous la direction du pianiste Michiel
Braam. Sa nature « hybride » s’explique par les horizons stylistiques
des musiciens, en l’occurrence le rock pour la section rythmique,
le jazz pour les vents et la musique classique pour les cordes, le pianiste
ficelant le tout de ses propres compositions (neuf au total). La frontière
entre l’écrit et le spontané s’estompe souvent, un atout des plus
agréables en jazz contemporain. L’auditeur porté à réfléchir
sur la question de la composition spontanée versus l’instantanée
n’y verra aucune importance ici, ce qui lui permettra de diriger son
attention pleinement sur les résultats. Braam est un pianiste extrêmement
talentueux et certains l’ayant vu de passage à Montréal cet octobre
le confirmeront. Cet enregistrement montre que ses talents de compositeur
sont aussi captivants et surprenants que son jeu. Même si certains
passages peuvent paraître excentriques, sa musique évite fort heureusement
bien des pitreries qui entachent la scène musicale du Bimhuis
d’Amsterdam. Les sections sont fort bien articulées entre elles,
malgré des différences de dynamique évidentes, notamment entre les
cordes et la section rythmique. Braam pousse aussi ses musiciens vers
des contrées sonores fertiles. Ses compositions ne manquent jamais
de piquant et l’on y entend des relents de tango, même des rythmes
binaires à la Miles Davis, mais elles sont le reflet fidèle d’une
vision toujours bien tournée. Bien que diversifié, le programme de
ce disque est cohérent, nous entraînant de ce fait dans un voyage
sonore des plus satisfaisants.
Ig Henneman Sextet : Cut a Caper
Wig 19 (www.stichtingwig.com)
L’altiste Ig Henneman est ce qu’on peut appeler une légende méconnue
de la scène jazz/impro batave. Cut a Caper est son premier disque
suivant la parution (en 2010) du coffret anthologique de cinq compacts
et un DVD Collected, lequel comprend toutes ses productions depuis
1985. Au cœur de son ensemble international se trouvent ses comparses
du trio Queen Mab (les Canadiennes Lori Freedman aux clarinettes et
Marilyn Lerner au piano), le trompettiste Axel Dörner et deux piliers
de la scène néerlandaise, Wilbert de Joode (basse) et Ab Baars (saxophone
ténor, clarinette, shakuhachi). L’absence de la batterie place ce
groupe dans un créneau de jazz de chambre qui relève autant de la
note bleue que des musiques savantes. Difficile d’accès, cette musique
exige de l’effort de la part de l’auditeur. Cela est peut-être
dû, en partie du moins, aux arrangements où les instruments jouent
dans une tessiture identique pendant de longs moments, donnant à la
musique une légèreté inattendue, mais une austérité qui met parfois
l’humour au ban (un fait rare chez les Néerlandais, connus pour leurs
facéties). D’autres sections sont d’une étonnante lenteur, demandant
encore une fois une concentration soutenue et un surcroît de patience.
Pourtant, ces appréhensions peuvent être mises de côté lorsque l’on
tient compte du calibre des musiciens et de leur manière d’aborder
les pièces. Après plusieurs écoutes attentives, on découvre au final
des compositions à la fois très complexes et délicates, mais habilement
interprétées par une solide équipe.
Traduction : Fabrice Petit
Ensembles danois
par Marc Chénard
Autrefois connue pour être le refuge
des boppers américains expatriés lors de l’âge d’or des années
1960, la capitale danoise, Copenhague, a tourné cette page, non sans
l’apport d’une nouvelle génération de talents diplômés de son
« Conservatoire Rythmique ». Voici deux groupes de jazz contemporain
provenant d’un haut lieu musical d’Outre-Atlantique.
Jacob Anderskov Accident : Full
Circle
Ilk 178CD (www.ilkmusic.com)
Entendu en concert l’été dernier lors du Festival de jazz de Copenhague,
le septette Accident du pianiste et compositeur Jacob Anderskov a été
l’une de mes bonnes découvertes. Pour ce tout nouvel enregistrement,
pris sur le vif cinq mois plus tôt, le groupe comptait un saxophoniste
en moins. Autre différence : Anderskov n’utilise qu’un clavier
électrique (le Wurtlitzer) et non le piano à queue habituel. Propulsé
par les salves du batteur américain Tom Rainey, le groupe interprète
des compositions de son chef qui se déploient lentement. Pourtant,
elles suscitent une tension considérable, surtout quand les solistes
font irruption, en particulier la saxophoniste alto Laura Toxværd et
ses épanchements effrénés, suivie de près par le chef. Ces derniers
se démarquent nettement dans l’ensemble par leurs audacieuses envolées,
même si le batteur a droit à un solo généreux lors du dernier numéro
Psychotonalities. Cinq morceaux, entre huit et onze minutes chacun,
composent cet album frisant les 50 minutes. Mais vu l’intensité de
la prestation, l’impact pour l’auditeur est bien meilleur, ou moins
lassant que si la durée totale avait été plus longue. Le jazz contemporain
a davantage à offrir que des formules post-bop réchauffées : en voici
la preuve. Un bel exemple de jazz de pointe pour notre nouveau siècle.
Markus Pesonen : Hum
Unit Records UTR 4297 (www.unitrecords.com)
Après le sextette du disque précédent, voici un « hendectette »,
soit une formation de onze instrumentistes menée par le jeune guitariste
finlandais Markus Pesonen. Le moins que l’on puisse dire de son premier
album, sorti l’été dernier sous le label suisse Unit Records, est
qu’il est très ambitieux. Son programme comporte six pièces originales
et deux reprises, soit l’hommage de Charles Mingus à Lester Young
(Goodbye Porkpie Hat) et une finale inattendue, A Day in the
Life des Beatles avec ses douces paroles et déchaînements sonores
qui font écho à l’original. Comme beaucoup d’artistes émergents,
Pesonen veut nous montrer tout son talent de compositeur-arrangeur,
peut-être même un peu trop. En effet, on y entend d’abord une énergie
très rock dans CO2, puis un son plus aéré qui bascule vers
un free jazz (Hullun Paperit), après quoi nous arrivent un jazz
à tempo rapide dans Sugar Rush, une improvisation de groupe
langoureuse sur le titre mingusien, sans oublier le tube psychédélique
des Quatre Garçons. Un bémol cependant : outre le personnel, les crédits
et le programme musical, on ne nous offre aucune photo des musiciens
ni notes de présentation, quoi qu’on puisse toujours s’en remettre
au site Internet de l’artiste. Notons également la pochette écologique
en carton, incluant un support ingénieux pour encastrer le disque.
Traduction : Fabrice Petit English Version... |
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