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La Scena Musicale - Vol. 17, No. 4

Dans le sillon de Bartók et des pistes musicales folkloriques

Par Hélène Boucher / 1 décembre 2011

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C’est le 2 novembre dernier que fut dévoilé le second album du tandem de virtuoses trifluviens composé du violoniste Antoine Bareil et du violoncelliste Sébastien Lépine. Avec Works for violin and cello based on old folk melodies, disponible dès janvier 2012 sous étiquette XXI-21, le duo reprend des airs issus du courant folklorique ayant guidé des compositeurs contemporains tels que Bartók, Dvo*ák, Smetana ou encore Stravinski, dans leur transposition de la culture populaire au monde classique.

Bareil et Lépine, virtuoses délirants
On reconnaît la griffe Bareil-Lépine à leur plaisir contagieux de jouer sur scène, à s*amuser au rythme de leurs fameuses «cordes en délire », un concert qui a laissé sa trace au Québec et en Italie, en 2008. Cent vingt représentations avec une même approche scénique : jouer en symbiose, sous l’impulsion du plaisir et de l’amusement. Et la recette a bon goût auprès d’un public diversifié, néophyte ou mélomane. Et de la critique qui avait reconnu en leur premier album, Works for violin & cello, les éléments dignes du Prix Opus dans la catégorie disque de l’année.

Le tandem né en 2006 s’est formé autour d’une conception commune de la musique et de l’exécution, autour aussi d’œuvres sortant des chemins battus. « Il est essentiel pour nous de trouver et adapter des répertoires pour amener le public là où il n’irait pas autrement », dit Antoine Bareil. Ce public a pris goût à s’amuser lors des performances de Bareil et Lépine, à recevoir des informations complémentaires sur les compositions. Le « délire de leurs cordes », cet élan de non-conformisme, s’exprime aussi par un contact étroit avec l’auditoire.

Hommage au 20e siècle
La symbiose du duo violon-violoncelle tient aussi à leur affection pour le répertoire du 20e siècle. Une époque musicale qui s’est amenée à eux par la force des choses, comme le reconnaît le violoniste Antoine Bareil : « Nous devons trouver des compositions laissant une place égale au violon et au violoncelle. Cela nous éloignait donc des œuvres de Beethoven et Mozart. Le 20e siècle rejoint la sonorité recherchée. » C’est d’ailleurs autour de la sonate de Ravel pour violon et violoncelle de 1920, dédiée à Debussy, que les musiciens ont forgé leur premier projet.

Remonter au folklore musical des peoples
Le concept du deuxième album a pris forme lors de la dernière tournée canadienne de Bareil et Lépine. « Avec notre concert Cordes en délires, nous avons ressenti chez le public une sensibilité pour les mélodies à caractère folklorique. Cette musique puise sans doute dans l’émotion à la base du sentiment d’appartenance d’une collectivité », explique Bareil. C’est en partant de cette piste d’exploration que les compositions se sont articulées. La recherche a porté fruit, ouvrant sur des horizons musicaux diversifiés. L’album se décline autour des œuvres du Belge Joseph Jongen (1873-1953), du Norvégien Johan Halvorsen (1864-1935), de l’Allemand Helmut Lipsky, de l’Américain Mark O’Connor et de Béla Bartók et ses Mélodies traditionnelles hongroises pour violon et violoncelle. La démarche entreprise par ce dernier entre 1905 et 1908 a grandement inspiré le tandem dans son travail de recherche. « Bartók a fait le tour de la Hongrie pour recueillir les chants et mélodies de son pays auprès des paysans. La tradition orale a joué un rôle majeur dans son travail de composition », soutient le duo.

Voyage musical à la rencontre de folklores musicaux d’ailleurs, Works for violin and cello based on old folk melodies se veut un ensemble harmonieux, comme en témoigne Antoine Bareil : « Des notes teintées du patrimoine musical américain et irlandais s’en dégagent. On y retrouve aussi des touches héritées des peuples des nombreuses vagues d’immigration du vingtième siècle. » Transférer des musiques traditionnelles d’un autre siècle n’apparaît pas comme un défi pour le duo. Les deux musiciens voient dans leur jeu unique, dans leur façon d’aborder les œuvres, un moyen facile de rejoindre les mélomanes de tous âges. La musique sera toujours « cette belle échappatoire, ce dernier refuge pour tout arrêter, faire le point et rêver », affirme le violoniste-compositeur. L’album comprend l’une de ses œuvres écrite en 2009, Variations sur « Mon Merle. »

La production de Cordes en délire avait raflé le prix des Arts de la scène Louis-Philippe-Poisson. La série de concerts s’échelonne jusqu’en 2012. Les délirants virtuoses se prépareront alors à présenter au Canada et éventuellement en Europe leur nouveau spectacle, un concept scénique toujours sous l’impulsion du plaisir qui a fait leur griffe. Le duo réserve toutefois des surprises sur le plan visuel, en conservant cette proximité avec le public. Les musiciens se réjouissent de pouvoir exprimer leur talent avec des instruments exceptionnels, un violon Vuillaume de 1800 et un violoncelle Stradivarius de 1699. Un second prix Opus pour le duo ? Un souhait qui leur est cher. Mais tant que le plaisir les propulsera, le duo nagera en plein bonheur.

Comme CD Découverte de décembre/janvier, La Scena Musicale et Disques XXI-21 présent un disque d’Antoine Bareil et Sébastien Lépine qui interprètent des œuvres pour duo violon et violoncelle. Le CD Découverte est offert gratuitement à nos abonnés, mais vous pouvez nous contacter pour l’acheter.


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(c) La Scena Musicale 2002