Le feu sacré du disque Par Caroline Rodgers
/ 1 décembre 2011
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À seulement 31 ans, Alexandre Da
Costa en est déjà à son seizième disque. Cet automne, il lançait
Fire and Blood, son premier enregistrement avec l’OSM et sa première
collaboration avec Warner Classics. C’était aussi l’occasion de
lancer, au Québec, la nouvelle étiquette de disque Acacia, une coopérative
qu’il a formée avec d’autres musiciens.
Le violoniste l’admet volontiers
: Fire and Blood, concerto pour violon et orchestre de Michael
Daugherty, est devenu l’une de ses œuvres favorites, qu’il a envie
de faire connaître partout ! Quand il a découvert le concerto, il
a téléphoné au compositeur pour lui dire qu’il souhaitait l’enregistrer.
Depuis, chaque fois qu’un chef le contacte pour l’inviter à jouer
avec son orchestre, il tente de le convaincre de mettre Fire and
Blood au programme.
« Je voulais que ce concerto soit
le premier que j’enregistrerais avec Warner, dit-il. C’est une œuvre
à l’écriture moderne, mais proche du public. Elle est tonale, compréhensible,
et incorpore des éléments de musique mexicaine et folk. Ça se situe
quelque part entre la musique de film et la musique contemporaine, et
c’est une bonne introduction à la musique moderne pour un néophyte.
À mon avis, c’est une belle direction à explorer pour la musique
actuelle. En concert, l’œuvre a beaucoup de succès. Les gens retournent
chez eux avec le même enthousiasme que s’il avaient entendu un concerto
qu’ils connaissent depuis longtemps, comme celui de Tchaïkovski.
»
La passion de l’enregistrement
Alexandre Da Costa se sent chez lui dans le monde du disque et des enregistrements.
« J’ai eu la chance d’avoir autour de moi des gens d’ici qui
aiment beaucoup le disque et qui m’ont communiqué leur passion, par
exemple Johanne Goyette chez ATMA. »
Pour lui, les disques sont un élément
essentiel dans la carrière d’un musicien. « Ils jalonnent sa trajectoire
à long terme, dit-il. Les concerts sont ce qu’il y a de plus important,
mais un concert est éphémère, tandis qu’un disque dure toute la
vie. Un disque montre où l’on en était comme musicien à une certaine
époque. Quand j’écoute mon premier enregistrement du concerto de
Tchaïkovski à 17 ans, je constate que ce n’est plus moi du tout !
Je vais d’ailleurs sûrement l’enregistrer de nouveau, car je suis
rendu à une étape où je peux renouveler les mêmes œuvres sur disque
parce que j’ai évolué. »
Le succès de l’album Fire and
Blood au Québec lui tenant particulièrement à cœur, avec cette
passion du disque qui l’anime, il n’en fallait pas plus pour le
motiver à lancer l’étiquette Acacia. Le pianiste Wonny Song et le
chef d’orchestre Jean-François Rivest, entre autres, sont avec lui
dans cette aventure. « Notre intention est de produire seulement quatre
ou cinq disques par an, mais ce seront des projets de haut niveau, triés
sur le volet », dit-il.
À l’échelle planétaire, Fire
and Blood est paru sous étiquette Warner Classics, maison avec
laquelle le violoniste a signé un contrat il y a deux ans. « Ce sont
les gens de Warner qui ont permis au projet de voir le jour, dit-il.
Mais je les ai convaincus que pour le Québec, il était préférable
d’avoir une étiquette locale. Pour Warner, le Québec est un très
petit marché et, pour cette raison, ils n’auraient pas nécessairement
investi tous les efforts pour pousser le disque. Or, on a au Québec
une expertise avec des maisons comme ATMA et Analekta qui font un excellent
travail. De plus, la majorité des disques classiques vendus au Canada
le sont au Québec. Si on fait cela nous-mêmes, on fait un meilleur
travail. D’autant plus que pour la distribution, on a la machine Universal
derrière nous. »
Il a également insisté pour
que le disque soit enregistré ici, à Montréal, avec l’OSM.
L’enregistrement a eu lieu en concert en novembre 2009, sous la direction
du chef d’origine espagnole Pedro Halffter. Deux autres œuvres de
Michael Daugherty y figurent : Flamingo, pour orchestre, et
Ladder to the moon, un concerto pour violon solo, octuor à vent,
contrebasse et percussions.
Michael
Daugherty parle de son œuvre |
Pour composer
Fire and Blood, Michael Daugherty s’est inspiré des murales
Detroit Industry, du peintre mexicain Diego Rivera, qui représentent
l’industrie automobile de Detroit dans les années trente. « Elles
m’ont donné l’idée de créer ma propre fresque musicale pour violon
et orchestre », note-t-il dans le livret de présentation du disque.
Sur le plan musical, il a travaillé avec des violonistes de différents
univers pour s’inspirer, a-t-il expliqué à LSM en entrevue téléphonique.
« J’ai écouté jouer des violonistes classiques, jazz et bluegrass
et des mariachis pour explorer tous les paramètres de l’instrument.
J’ai utilisé une ornementation musicale qui évoque la musique mexicaine.
Je vois mon travail de compositeur un peu comme celui d’un réalisateur
de film. Quand on réalise un film sur la vie de Diego Rivera et de
Frida Kahlo, on choisit des costumes typiques de leur pays et de leur
époque. C’est ce principe qui m’a guidé, c’est le genre de travail
que l’on doit faire si on veut écrire un concerto qui se distingue.
» |
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