Version Flash ici.
La Maison symphonique
et la salle Bourgie répondront essentiellement à différents
besoins musicaux, et chacune est appelée à changer de fond
en comble la présentation et l’appréciation des concerts à Montréal
pour au moins les 25 prochaines années.
La Maison symphonique
L’Orchestre symphonique de Montréal jouit d’une reconnaissance
internationale pour la beauté de ses enregistrements. Néanmoins, la
salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts était indigne de la magnificence
de ses sonorités et de la virtuosité de ses musiciens. À présent,
l’OSM aura un espace bien plus petit et accueillant où se déployer.
Bien qu’encore inachevée à bien des égards, la Maison symphonique
de Montréal accueille des concerts depuis deux mois et les impressions
préliminaires que j’en ai tirées sont largement positives.
Ayant fréquenté
la plupart des plus belles salles du monde – Musikverein de Vienne,
Symphony Hall de Boston, Carnegie Hall de New York –, je ne pense
pas que la Maison symphonique puisse rivaliser avec elles. Pourtant,
après trois concerts donnés par de petits et grands ensembles de musique
de la période classique à moderne, alors que j’étais assis dans
trois sections différentes de la salle, je peux dire sans hésitation
que l’acoustique en est effectivement très bonne.
Je déteste entendre
des solistes ou des petits groupes dans de grandes salles (plus par
gourmandise que pour des raisons musicales) et j’espère que la Maison
symphonique accueillera surtout d’imposantes formations telles que
l’OSM et l’Orchestre Métropolitain. Pourtant, l’une des prestations
les plus satisfaisantes que j’aie entendues jusqu’ici a été le
Concerto pour piano n° 2 de Beethoven avec le soliste Till Fellner
et Kent Nagano à la tête d’un OSM réduit. Le son des cordes était
ample et chaleureux et la musique était aussi limpide qu’homogène.
À l’autre bout du spectre dynamique, la Turangalîla-Symphonie
de Messiaen, depuis le balcon supérieur, produisait une impression
de vacarme et de dureté. En revanche, même à cette distance, l’œuvre
avait présence et clarté.
La salle Bourgie
La salle Bourgie se trouve dans une église datant de 1894 (l’ancienne
église Erskine and American) en face du bâtiment principal du musée.
Une grande partie de l’espace a été transformée en galeries, mais
la nef où le culte avait lieu est maintenant une salle de concert de
444 places. On a gardé une bonne partie des vitraux et l’atmosphère
est propice au recueillement. L’acoustique est chaleureuse et invitante,
du moins elle l’était le soir où Anton Kuerti a donné un récital
entièrement consacré à Beethoven. Au début, le son donnait une impression
de densité, mais ce défaut est rapidement devenu une vertu. Kuerti
confère aux Variations Diabelli une infinie palette de couleurs.
C’est un pianiste énergique, mais la salle a bien supporté ses
fortissimos les plus vigoureux. Ce fut une belle soirée de grande
musique dans un cadre aussi splendide par son architecture que par son
acoustique.
Traduction:
Anne Stevens
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