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La Scena Musicale - Vol. 17, No. 3 novembre 2011

À l’essai : La Maison symphonique et la salle Bourgie

Par Paul E. Robinson / 1 novembre 2011

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La Maison symphonique et la salle Bourgie répondront essentiellement à différents besoins musicaux, et chacune est appelée à changer de fond en comble la présentation et l’appréciation des concerts à Montréal pour au moins les 25 prochaines années.

La Maison symphonique 
L’Orchestre symphonique de Montréal jouit d’une reconnaissance internationale pour la beauté de ses enregistrements. Néanmoins, la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts était indigne de la magnificence de ses sonorités et de la virtuosité de ses musiciens. À présent, l’OSM aura un espace bien plus petit et accueillant où se déployer. Bien qu’encore inachevée à bien des égards, la Maison symphonique de Montréal accueille des concerts depuis deux mois et les impressions préliminaires que j’en ai tirées sont largement positives.

Ayant fréquenté  la plupart des plus belles salles du monde – Musikverein de Vienne, Symphony Hall de Boston, Carnegie Hall de New York –, je ne pense pas que la Maison symphonique puisse rivaliser avec elles. Pourtant, après trois concerts donnés par de petits et grands ensembles de musique de la période classique à moderne, alors que j’étais assis dans trois sections différentes de la salle, je peux dire sans hésitation que l’acoustique en est effectivement très bonne.

Je déteste entendre des solistes ou des petits groupes dans de grandes salles (plus par gourmandise que pour des raisons musicales) et j’espère que la Maison symphonique accueillera surtout d’imposantes formations telles que l’OSM et l’Orchestre Métropolitain. Pourtant, l’une des prestations les plus satisfaisantes que j’aie entendues jusqu’ici a été le Concerto pour piano n° 2 de Beethoven avec le soliste Till Fellner et Kent Nagano à la tête d’un OSM réduit. Le son des cordes était ample et chaleureux et la musique était aussi limpide qu’homogène. À l’autre bout du spectre dynamique, la Turangalîla-Symphonie de Messiaen, depuis le balcon supérieur, produisait une impression de vacarme et de dureté. En revanche, même à cette distance, l’œuvre avait présence et clarté.

La salle Bourgie 
La salle Bourgie se trouve dans une église datant de 1894 (l’ancienne église Erskine and American) en face du bâtiment principal du musée. Une grande partie de l’espace a été transformée en galeries, mais la nef où le culte avait lieu est maintenant une salle de concert de 444 places. On a gardé une bonne partie des vitraux et l’atmosphère est propice au recueillement. L’acoustique est chaleureuse et invitante, du moins elle l’était le soir où Anton Kuerti a donné un récital entièrement consacré à Beethoven. Au début, le son donnait une impression de densité, mais ce défaut est rapidement devenu une vertu. Kuerti confère aux Variations Diabelli une infinie palette de couleurs. C’est un pianiste énergique, mais la salle a bien supporté ses fortissimos les plus vigoureux. Ce fut une belle soirée de grande musique dans un cadre aussi splendide par son architecture que par son acoustique.

Traduction: Anne Stevens


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