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La Scena Musicale - Vol. 17, No. 1

Variations sur un thème

1 septembre 2011

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Ressentez-vous l’envie de changer d’air? Suivez la cadence de l’équipe LSM avec nos recommandations d’alternatives aux chefs-d’œuvre habituels.

»Le chef-d’œuvre: Symphonie n°9 «Du Nouveau Monde», op. 95
Un compositeur tchèque nationaliste et central du 19e siècle, Antonín Dvořák (1841-1904) a laissé une grande marque sur l’évolution de la musique symphonique américaine. Son langage musical a été fortement influencé par Johannes Brahms et il a infusé dans sa structure compositionnelle formelle les rythmes de danses tchèques et les airs folkloriques de sa patrie pour créer un style nationaliste unique.

En décembre 1891, il a accepté le poste de directeur artistique et de professeur de composition au Conservatoire national de musique aux États-Unis. À ce poste, Dvořák s’est passionnément dévoué au développement d’une identité nationaliste américaine en cultivant les traditions musicales propres au pays. Les formes de musiques européennes qu’il connaissait bien se sont ainsi ouvertes aux chansons et danses amérindiennes et aux spirituals afro-américains.

Composée en 1893, la symphonie du «Nouveau monde» a été la première œuvre de Dvořák terminée en sol américain. La combinaison de gammes pentatoniques, d’accompagnement au bourdon, de rythmes syncopés et de cadences plagales de musiques folkloriques américaines, ainsi que les réminiscences thématiques et sa maîtrise des techniques de composition, lui ont valu des critiques élogieuses. Tout au long du 20e siècle, les compositeurs américains ont continué à s’inspirer de la Neuvième Symphonie de Dvořák comme norme de composition musicale dans le nouveau monde. Audrey Sproule

Paul E. Robinson recommande…
Charles Ives (1874-1954), Symphonie n° 2
Année de composition: 1897-1901

Similitudes: Dans sa symphonie du « Nouveau monde », Dvorák essayait d’encourager les compositeurs américains à s’inspirer de leur propre musique indigène pour créer un style distinctement américain. C’est exactement ce que le jeune Charles Ives accomplit quelques années plus tard, avec des chansons populaires telles que Camptown Races et America the Beautiful dans sa Symphonie n° 2. Malheureusement, sa musique n’a pas été jouée en public avant 1951.

Différences: La deuxième symphonie d’Ives est toujours européenne à la base, mais elle surprend avec ses airs américains.

Œuvre à écouter:
Ives: Symphonie n°2
Orchestre symphonique de la Radio de Bavière/Leonard Bernstein
DG DVD 0440 073 4513 9

Pemi Paull recommande…
Ludwig van Beethoven, (1770-1827) Quatuor à cordes n°7, op.59 no1
Année de composition: 1806

similitudes: La musique de Dvorák est connue pour son côté nationaliste. Dans sa symphonie op. 95, il incorpore les sons de la musique amérindienne et des spirituals afro-américains qu’il a entendus lors de ses voyages en Amérique, ainsi que la musique bohémienne de sa patrie. Le quatuor de Beethoven, dédié à l’ambassadeur russe à Vienne, se termine avec un mouvement
sur un thème russe.

Différences: Mis à part le genre (quatuor à cordes vs symphonie), l’op. 59 n° 1 de Beethoven devance son temps de façon presque surprenante avec une de touche de romantisme. En contraste, l’opus de Dvorák est plutôt un sommaire de son propre langage romantique, laissant la turbulence à venir aux jeunes maîtres tels que Mahler et Strauss.

Œuvre à écouter:
Beethoven: l’intégrale des quatuors
[Coffret] – Quatuor Alban Berg
EMI 724357360623

Frédéric Cardin recommande…
Karl Goldmark (1830-1915), Symphonie n°1 «Noce de campagne»
<Annee de composition: 1876

Similitudes: La symphonie du «Nouveau monde» est extrêmement mélodique et pittoresque. La symphonie de Goldmark est remplie de mélodies tout aussi charmantes qu’inoubliables.

Différences: L’œuvre de Goldmark est plutôt pastorale et s’appuie sur les idées et les couleurs folkloriques de l’Europe centrale, alors que la «Nouveau monde» de Dvořák est basée sur du matériel thématique américain. L’introduction du premier mouvement, «Marche nuptiale», rappelle le scherzo de la symphonie «Titan» de Mahler – même si elle a été composée près de dix ans plus tôt!

Œuvre à écouter:
Goldmark: Symphonie n° 1 «Noce de campagne»
New York Philharmonic/Leonard Bernstein
Sony Classical SMK61836

L’essentiel du «Nouveau monde» D’Alexandre Lazaridès:

Dvořák: Symphony No. 9 in E Minor, “From the New World” –
Berlin Philharmonic Orchestra/Ferenc Fricsay
DG “The Originals” 463 650 - 2

Les symphonies à titre prêtent souvent à malentendu. L’auditeur tente d’y suivre un programme plutôt qu’un genre orchestral plusieurs fois séculaire. C’est le cas de la Neuvième de Dvořák, certains chefs s’évertuant de mettre d’abord en valeur ce qui pourrait décrire ou rappeler les grands espaces américains. Dans une interprétation aux arêtes vives comme il en avait le secret, Ferenc Fricsay évite de succomber à cette tentation. Le résultat sonore est sidérant.

Sur ce même disque, Smetana accompagne idéalement son compatriote Dvořák avec sa célèbre Moldau. Ce poème symphonique, le deuxième et le plus connu des six qui forment le cycle Ma Patrie, possède une impulsivité rythmique qui évoque la Bohême et que Fricsay exploite pour faire ressortir la cohérence structurelle de la composition.


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(c) La Scena Musicale 2002