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La Scena Musicale - Vol. 17, No. 1

La rentrée culturelle

1 septembre 2011

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Danse

par Tao Fei

Le public montréalais amateur de danse aura peu de temps pour reprendre son souffle après un été aussi pétillant dominé par le Festival TransAmériques et les troupes de l’OFFTA. L’automne renvoie les passionnés de danse aux nombreuses salles de spectacle de la ville alors que seront dévoilées de toutes nouvelles saisons truffées de premières attendues, de visites internationales excitantes et de merveilleuses possibilités de goûter au nec plus ultra de la création. Le programme de cette saison récompensera en particulier les audacieux.

SEPTEMBRE
Virginie Brunelle, l’un des meilleurs jeunes talents de l’heure sur la scène locale, lance la saison du Théâtre La Chapelle avec la première mondiale de Complexe des genres (du 6 au 17) pour six danseurs. Autoproclamée fille chorégraphique illégitime des expérimentalistes québécois Dave St-Pierre et Daniel Léveillé, Brunelle offre un travail brut et viscéral qui lui valut des accolades ici comme ailleurs. Voyons voir si cette troisième œuvre la propulsera. Vous avez le goût d’explorer? La neuvième édition de Quartiers Danses de Montréal Transatlantique (du 16 au 25) transforme sept quartiers montréalais – ses ruelles, parcs, places publiques, musées et centres culturels – en une scène urbaine pour danse contemporaine. Parmi ce programme varié de films et d’expositions de photos et cette myriade de spectacles, il faut voir la nouvelle interprétation d’une chorégraphie marquante de l’histoire de la danse du Québec, Dédale, de Françoise Sullivan (les 19, 24 et 25), créé en 1948. Aussi, révélant son intérêt pour les espaces non traditionnels, l’Agora de la danse s’aventure au Kingdom-Gentleman’s Club et y présente la scabreuse Danse à 10 (les 18, 19, 25 et 26), mise sur pied par l’organisation La 2e porte à gauche. Huit innovateurs locaux distingués (Marie Béland, Nicolas Cantin, Mélanie Demers, Stéphane Gladyszewski, Frédérick Gravel, Benoît Lachambre, Jérémie Niel et Manon Oligny) prennent d’assaut le club de strip-tease du boulevard Saint-Laurent afin de présenter un spectacle avant-gardiste sur le corps humain. Si vous préférez les sièges douillets de la Place des Arts, ne désespérez pas, car la saison Danse Danse débute à la fin du mois. L’enfant prodige belge Sidi Larbi Cherkaoui revient à Montréal avec son style multiculturel bien à lui et la nouvelle troupe de danse Eastman VZW pour présenter Babel (du 29 sept. au 1er oct. au Théâtre Maisonneuve), une œuvre évoquant tout le chaos et l’harmonie de l’allégorie biblique. Dix-huit danseurs et des musiciens sur scène de partout dans le monde: une épopée riche et épique qui promet.

OCTOBRE
La première mondiale de Rodin/Claudel (du 13 au 29 au Théâtre Maisonneuve) sera un grand événement d’octobre, un tout nouveau ballet créé pour Les Grands Ballets Canadiens de Montréal par le chorégraphe ontarien Peter Quanz. Inspirée par l’histoire d’amour tumultueuse entre les sculpteurs français Auguste Rodin et Camille Claudel, cette œuvre est importante pour la compagnie, car elle est la première commission canadienne en plus de dix ans. Un peu d’internationalité, le chorégraphe Helge Letonja et sa compagnie établie en Allemagne Steptext Dance Project dresseront un portrait sombre de l’exode humain dans The Bog Forest (du 19 au 21 à l’Agora de la danse). Les adeptes de danse-théâtre ne voudront pas manquer le retour de Pippo Delbono, acteur italien et metteur en scène. Ses œuvres inclassables et carnavalesques ont fait de lui une figure incontournable de la scène contemporaine européenne. Cette fois-ci, en première canadienne, il nous confiera son spectacle solo Tales of June (du 26 au 29 à l’Usine C), un beau cadeau.

NOVEMBRE
Novembre recèle encore plus de spectacles de danse jonglant avec les genres. Remercions-en la nouvelle collaboration entre le Théâtre La Chapelle et le festival marginal ARTDANTHÉ de France. Installé à Montréal, l’artiste multidisciplinaire Stéphane Gladyszewski, charnière de la prochaine vague expérimentale du Québec, ouvre la saison avec son autoportrait fantasmagorique aux techniques mixtes Corps noir ou l’inconscient convié (du 2 au 4 novembre). Ensuite, le chorégraphe et danseur américain Antony Rizzi engage les pionniers de l’art de la performance Penny Arcade et Jack Smith, en plus de l’icône de la danse-théâtre Pina Bausch, dans une œuvre loquace et irrévérencieuse, An Attempt to Fail at Ground Breaking Theater with Pina Arcade Smith (le 6 et 7). Puis l’enfant sauvage bulgare, Ivo Dimchev, nous présentera son spectacle solo désordonné Som Faves (les 11 et 12), plein d’excentricités poignantes.

Vous désirez de la danse purement virtuose? Shantala Shivalingappa, danseuse classique indienne acclamée et muse de Pina Bausch, interprétera deux œuvres à la Cinquième Salle: Gamaka (du 16 au 20 novembre), un solo dans le style classique kuchipudi, et Namasya (du 22 au 26 novembre), un programme contemporain mettant en vedette des œuvres de Bausch et d’Ushio Amagatsu. Shivalingappa est une danseuse singulière, chevauchant divers univers de danse, et ces deux spectacles témoignent de ses nombreux talents. Et finalement, que serait une saison de danse sans une pièce offerte par la Compagnie Marie Chouinard? Son dernier ballet en un acte, The Golden Mean (Live) (du 24 au 26 au Théâtre Maisonneuve), offre au public un autre coup d’œil sur l’univers étrange et envoûtant de la chorégraphe.

Traduction: Jérôme Côté

Arts visuels

par Julie Beaulieu

Après avoir parcouru les différentes régions du Québec où se sont déroulés moult festivals tous plus colorés les uns que les autres au cours de l’été, aurez-vous l’occasion de troquer une fois de plus le boulot pour la découverte des événements culturels et artistiques qui auront cours cet automne? J’ai tracé le pourtour d’une carte singulière qui, à défaut de vous mener à bon port, saura aviver – je l’espère! – votre curiosité. Aurez-vous un faible pour l’impressionnisme ou serez-vous davantage intéressé par le cabanisme? À vous de choisir!

en estrie
Actuellement à l’affiche au Musée des beaux-arts de Sherbrooke jusqu’au 2 octobre, l’exposition Impressionnisme? organisée et mise en circulation par le MNBAQ. Vous y découvrirez non seulement une trentaine d’œuvres d’artistes québécois (tirées de la collection du MNBAQ), mais aussi des tableaux d’Eugène Boudin, un précurseur de l’impressionnisme célèbre pour ses marines. Impressionnisme ou pas, à vous de décider.

en Mauricie et au Centre-du-Qc
Une région à découvrir pour la beauté de sa nature… et de sa culture! Deux expositions d’envergure ont présentement cours sur la culture du petit écran. Colle, papiers, ciseaux, en vedette au Musée des religions du monde de Nicolet jusqu’au 18 mars 2012, se veut une rétrospective de la carrière et de la vie de Claude Lafortune. Bien connu et apprécié du public québécois, Lafortune a œuvré plus de 30 ans à la télévision. On se souvient des émissions L’Évangile en papier (1975-1976) et Parcelles de soleil (1988-1995). Quarante-cinq sculptures de papier y sont présentées, dont 25 conçues spécialement pour l’exposition.

Le Musée québécois de culture populaire de Trois-Rivières accueille Le temps d’une paix, L’exposition, réalisée par le Musée de Charlevoix. Revivez ce célèbre feuilleton de la télévision québécoise à travers des photographies, des costumes, des reconstitutions de décors et d’extraits d’émission. Les plus curieux seront heureux de découvrir les dessous de ce téléroman culte qui a marqué toute une génération. L’exposition est présentée jusqu’au 18 mars 2012.

Encore bien peu de gens connaissent le Musée populaire de la Photographie, situé à Drummondville. Le réel ment?, à l’affiche jusqu’au 9 octobre, met en scène plusieurs illusions, montages perceptifs et images à multiples perspectives dont l’explication n’est rendue possible qu’à partir de la psychologie de la perception. La Joconde en 3D et des reproductions 3D de tableaux de Fragonard, de Botticelli et d’Arcimboldo se partagent la vedette.

Le Festival international de la poésie, événement phare de la scène culturelle au Québec, se déroulera à Trois-Rivières du 30 septembre au 9 octobre. Comme chaque année, plus de 400 activités y sont présentées dans différents lieux de la ville nommée Capitale de la poésie par Félix Leclerc. Pour sa 27e édition, l’organisation du festival rend hommage à Gaston Miron: «Je suis arrivé à ce qui commence.» Un rendez-vous annuel à ne pas manquer pour les amoureux des mots.

à Québec
La Vieille Capitale a vibré l’été durant au son des nombreux festivals de musique. Elle offre maintenant des expositions du plus grand intérêt dans plusieurs de ses musées. Retenons entre autres ROME – De ses origines à la capitale d’Italie, au Musée de la civilisation jusqu’au 29 janvier 2012. Une ville incomparable d’art et d’histoire que le public découvre au fil du temps, une exposition qui vaut sans contredit le détour.

Deux expositions du Musée national des beaux-arts du Québec retiennent aussi l’attention. Dans l’intimité des frères Caillebotte: peintre et photographe, présentée du 6 octobre au 8 janvier 2012, s’intéresse plus particulièrement à l’impressionnisme français. Steichen. Glamour, mode et célébrités. Les années Condé Nast, 1923-1937 suivra du 27 octobre au 5 février 2012. Cette grande rétrospective de l’œuvre de l’Américain Edward Steichen, l’un des photographes les plus prolifiques et influents du XXe siècle, regroupera 225 photographies originales qui en feront rêver plus d’un. Garbo et Dietrich seront assurément au rendez-vous. Et vous?

à Montréal
Montréal est sans aucun doute une ville où les manifestations artistiques et culturelles se succèdent à un rythme effarant. Voici une série d’expositions et d’événements qui feront sans aucun doute le bonheur des Montréalais et touristes de passage dans la métropole.

À ne pas manquer, l’incontournable Planète mode de Jean Paul Gaultier. De la rue aux étoiles, en vedette au Musée des beaux-arts de Montréal jusqu’au 2 octobre. La Triennale québécoise, à l’affiche au Musée d’art contemporain du 7 octobre au 3 janvier 2012, la plus grande manifestation d’art contemporain québécois. Une quarantaine d’artistes seront présentés dans une exposition qui se veut grand public. Le Centre d’histoire de Montréal présente Quartiers disparus, jusqu’au 25 mars 2012, une exposition-documentaire fort stimulante pour qui s’intéresse à l’évolution de la métropole. Sans oublier le 17e Festival international de la littérature, qui se tiendra du 16 au 25 septembre, événement littéraire par excellence lors duquel 200 écrivains et artistes nationaux et internationaux envahiront la ville dans une cinquantaine de manifestations littéraires et artistiques. Un rendez-vous incontournable pour les passionnés d’art et de littérature.

en Outaouais
C’est bien connu, le Musée canadien des civilisations de Gatineau nous en met toujours plein la vue. Jusqu’au 10 octobre, la culture japonaise est à l’honneur. L’exposition Japon – Tradition. Innovation permet à la fois de découvrir et de comprendre comment la technologie et le design d’avant-garde du Japon s’enracinent dans les traditions du pays. Un choc frappant entre les traditions culturelles et l’innovation technologique vous attend assurément au détour de cette exposition unique.

Au «bas du fleuve»
Le Musée du Bas-Saint-Laurent de Rivière-du-loup propose jusqu’au 2 octobre Cabanisme, Nouvelle perspective sur un mouvement artistique méconnu, une exposition qui piquera sans doute la curiosité de plusieurs. Fondé par Yvon Chassé, le cabanisme a marqué le paysage pictural québécois des années 1960 pour ensuite s’éteindre avec la mort de son fondateur. Une rétrospective d’une trentaine d’œuvres sarcastiques et colorées, à la fois ancrées dans la tradition et inscrite dans la modernité, met en lumière l’origine de ce mouvement dont le nom renvoie à l’expression colorée «ma cabane au Canada». Une belle découverte!

Théâtre

par Marie Labrecque

Blanche-Neige & LA BELLE AU BOIS DORMANT
Sylvie Léonard avait inauguré l’automne dernier ce cycle «Drames de princesses» écrit par Elfriede Jelinek, en jouant le dense et brillant – voire cérébral – Jackie. Au tour de la délicieuse comédienne Sophie Cadieux de plonger dans l’univers corrosif de l’écrivaine autrichienne nobélisée. L’auteure de La Pianiste y dissèque avec son ironie tranchante des mythes féminins tirés des contes de fées. Ces courtes pièces seront mises en scène par Martin Faucher. À l’Espace Go, du 13 sept. au 8 oct.

Extinction
Puisqu’il est question d’auteurs sulfureux natifs d’Autriche, la Groupe de la Veillée accueille une adaptation parisienne de l’ultime roman de Thomas Bernhard. Une dénonciation décapante de sa famille, portée en solo par le réputé Serge Merlin. «Le comédien fait ici vraiment corps avec l’écrivain et c’est spectaculaire», écrivait Pierre Assouline l’an dernier sur le site du Monde. Au Théâtre Prospero, du 26 sept. au 1er oct.

La Fin de la sexualité
Un retour bienvenu au théâtre pour François Létourneau, qui avait négligé la scène depuis le succès de sa télésérie Les Invincibles. Refaisant équipe avec son metteur en scène de Cheech, Frédéric Blanchette, le caustique dramaturge s’attaque à ce qui semble son grand leitmotiv: la sexualité humaine. Mais le synopsis de ce «docu-théâtre politico-sexuel» a toutes les allures d’une satire. La création explore en effet les dessous d’un projet secret de recherche, créé par les gouvernements américains pour étudier la baisse de l’activité charnelle... À La Petite Licorne, du 3 oct. au 4 nov.

Chaque jour
Si tout va bien, c’est avec cette pièce que La Licorne inaugurera sa grande salle rénovée. Un texte où la prolifique, et souvent captivante, Fanny Britt se penche sur un couple au bord de la dissolution. Troisième mise en scène de Denis Bernard (primé pour Coma Unplugged), le spectacle met notamment en vedette la trop rare Marie Tifo. À La Licorne, du 11 oct. au 19 nov.

Zoo 2011
Spectacles déambulatoires ou théâtre d’objets, on voit de plus en plus de pièces sortant des sentiers battus de la représentation traditionnelle. Le Nouveau Théâtre Expérimental, dont la mission est de renouveler les formes théâtrales, propose ici un parcours composé de scènes, d’objets et d’êtres vivants représentatifs de Montréal. Une curiosité, réédition d’un spectacle créé en 1977, jouée par des acteurs non professionnels. À l’Espace Libre, du 11 au 29 oct.

Oulipo Show
Depuis 30 ans, UBU s’est imposé comme l’une des importantes compagnies de la scène québécoise. Le théâtre dirigé par Denis Marleau reprend son succès de 1988, collage de textes signés Queneau, Calvino et compagnie. Ce spectacle anniversaire nous ramène au UBU première manière, axé sur le ludisme acrobatique de la langue et le brio de l’interprétation. Pour le plaisir de revoir le quatuor d’origine: Carl Béchard, Pierre Chagnon, Bernard Meney et Danièle Panneton. À l’Espace Go, du 18 oct. au 12 nov.

Faire des enfants
Le prix Gratien-Gélinas a distingué l’an dernier ce premier texte du jeune Éric Noël. Le jury avait qualifié la pièce de «fracassante», reposant sur une langue au «puissant pouvoir poétique». Mettant à l’avant-scène un jeune prostitué qui s’autodétruit par les drogues, l’œuvre s’annonce dure et sans compromis. Au Théâtre de Quat’Sous, du 18 oct. au 13 nov.

Les Enfants de la pleine lune
Le Théâtre de l’Opsis poursuit son cycle italien avec une création «mondiale» signée Emanuelle delle Piane. Inspirée par une horrible histoire vraie, l’auteure italo-suisse s’attaque à un thème troublant: un huis clos entre un père incestueux et ses victimes. Pour contrer notre désensibilisation face à cette «monstrueuse banalité» que charrient les faits divers, la dramaturge a apparemment choisi l’arme de la poésie théâtrale. Au Théâtre Prospero, du 25 oct. au 19 nov.

Contre le temps
Le sujet choisi par l’auteure Geneviève Billette (Crime contre l’humanité, Le Goûteur) est peu banal: Évariste Galois, jeune mathématicien prodige et militant de la République française, mort prématurément en 1832 des suites d’un duel. Pour incarner cette intrigante figure historique, René Richard Cyr a fait appel à son comédien fétiche, Benoît McGinnis, qui vient d’interpréter un brillant Hamlet. Au Théâtre d’Aujourd’hui, du 8 nov. au 3 déc.

HA ha!...
La dernière production de cette brillante œuvre de Réjean Ducharme au TNM est restée marquante. Rééditera-t-on l’exploit vingt ans plus tard? Intéressant mariage à prévoir entre la cruauté inventive de la langue ducharmienne et le regard teinté de dérision du metteur en scène Dominic Champagne. La distribution, fort relevée, (Anne-Marie Cadieux, François Papineau, Marc Béland et Sophie Cadieux) nous laisse en tout cas espérer le meilleur. Au Théâtre du Nouveau Monde, du 15 nov. au 10 déc.


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(c) La Scena Musicale 2002