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La Scena Musicale - Vol. 17, No. 1

Danse : Paul-André Fortier et Shantala Shivalingappa

Par Sabreena Chandra / 1 septembre 2011

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Digne de révérence : Shantala Shivalingappa se promène à pas de danse entre les cultures

Le monde artistique de la danseuse Shantala Shivalingappa, née en Inde et élevée à Paris, se trouve décidément partagé entre l’Asie et l’Europe. Formée professionnellement en kuchipudi, une danse indienne, et en danse contemporaine, elle a eu l’occasion de danser avec de nombreux grands artistes comme Maurice Béjart dans 1789… et nous, Peter Brook dans The Tempest et Hamlet, et Bartabas dans Chimère. NAMASYA (qui signifie «digne de révérence»), une œuvre influencée par le kuchipudi et inspirée par la nature, l’art, la grâce, par la beauté et l’énergie, ne pourra qu’impressionner de nouveau son public. Son style de danse hétéroclite lui permet de présenter une œuvre culturelle passionnée qui vous coupera le souffle.

Le chanteur catalan Ferran Savall (fils du violiste, compositeur et chef de chœur Jordi Savall) soutient merveilleusement la performance de Shivalingappa avec sa chanson Paris. La danse est également accompagnée de musique traditionnelle du nord de l’Inde et de musique composée par Yoichiro Yoshikawa. Quatre chorégraphes se partagent les quatre parties du spectacle: la première, intitulée Shift, est chorégraphiée par Shivalingappa elle-même; la deuxième partie, Ibhuki, par Ushio Amagatsu, maître de la première génération de danse butô; la troisième, Smarana, par Savrity Nair, la mère de Shivalingappa; et la quatrième, Solo, par Pina Bausch.

Shivalingappa a été initiée au kuchipudi par son gourou Vempati Chinna Satyam, né dans le village de Kuchipudi et descendant d’une des familles responsables de la transmission de cette danse traditionnelle. Elle a amorcé sa formation en danse contemporaine avec Pina Bausch, une bonne amie de sa mère. Il n’en fallait pas plus pour que Shivalingappa se soit éprise avec autant d’ardeur de ce style de danse que du kuchipudi et sa passion pour ces deux formes de danse provenant de cultures différentes l’a menée à les fusionner.

Le kuchipudi nous vient du village du même nom, situé dans l’État d’Andhra Pradesh dans le sud de l’Inde. À l’origine, c’était un style de danse agressif inspiré d’un traité de deux mille ans, le Nâtya-shâstra. Il met en valeur le corps entier du danseur dont les mouvements racontent une histoire: chaque expression faciale, chaque geste comportent une signification ou expriment une émotion différente.

En danse contemporaine, les danseurs utilisent leurs mouvements pour interpréter les paroles et l’émotion de la musique ou du silence. On peut ainsi faire quelques rapprochements entre les styles de danse contemporaine et le kuchipudi. Dans ces deux types de danse, un accent est mis sur la subtilité de chaque mouvement du corps, de chaque geste. Shivalingappa explique comment le kuchipudi et le style contemporain de NAMASYA se ressemblent: «C’est dans la fluidité que ces danses sont en quelque sorte de la même famille. Elles arrivent, je ne sais trop comment, à donner la même énergie et à exprimer la même chose.» C’est seulement par la signification particulière des gestes, dictée par leur culture respective, qu’elles se différencient.

«Le corps dit ce que les mots ne peuvent pas dire», disait la célèbre danseuse contemporaine Martha Graham. Cela, Shivalingappa l’illustre abondamment dans NAMASYA.

À la Cinquième Salle (Place des Arts) à Montréal, du 22 au 26 novembre, shantalashivalingappa.com/dansedanse.net

30 minutes, 30 jours, 30 ans : La compagnie Fortier Danse-Création de Paul-André Fortier reprend une œuvre reconnue mondialement

Gagnant de plusieurs prix de danse des plus prestigieux pour sa chorégraphie, dont le prix Jean A. Chalmers, Paul-André Fortier célèbre le 30e anniversaire de la fondation de sa compagnie Fortier Danse-Création. Il souligne l’événement avec la reprise d’une œuvre, créée en 2006, qui lui avait valu une reconnaissance internationale: Solo 30x30. Pendant 30 jours, il présentera 30 minutes de danse ayant pour thème la tension entre l’individu et la ville. Habituellement, Fortier présente son Solo 30x30 dans un endroit achalandé d’une ville en pleine heure de pointe, les bruits de la rue guidant son rythme. Cette fois, par contre, la représentation se fera à l’intérieur, dans l’espace d’accueil de la Place des Arts. L’Espace culturel George-Émile-Lapalme lui présentera de nouveaux défis, mais sûrement aussi certains avantages. Puisque c’est un lieu ouvert, où les gens peuvent circuler, le public de Fortier sera étonné par son habileté à danser dans un endroit dépourvu de scène. Également, son public sera composé de personnes démontrant déjà un intérêt pour les arts, puisqu’elles se dirigeront à ce moment vers d’autres spectacles. Elles auront donc peut-être une réaction différente que celle qu’auraient des passants dans la rue. Fortier nous promet une performance inoubliable.

Du 22 septembre au 21 octobre, fortier-danse.com

Traduction: David-Marc Newman


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