Critiques // Reviews
March 18, 2011
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RB: René Bricault, FC: Frédéric Cardin, FB: Francine Bélanger, NB: Normand Babin, EC: Éric Champagne, JKS: Joseph K. So, AL: Alexandre Lazaridès, WSH: Stephen Habington
MUSIQUE VOCALE
A Year at King's Choir of King's College, Cambridge/Stephen
Cleobury; Peter Stevens, orgue
EMI Classics EMI 6 090042 5 (72 min 43
s)
Ce magnifique album empreint de sobriété
regroupe des œuvres de l'année liturgique de l'Avent jusqu'à l'Ascension
du Christ et couvrant la période de la Renaissance à nos jours. Arvo
Pärt, Palestrina, Samuel Barber, Gregorio Allegri ou encore Thomas
Tallis se côtoient ici dans une même envolée céleste, divinement
rendue par les voix pures de ce chœur fondé au quinzième siècle
et dont la réputation n'est plus à faire. L'écoute de ce disque devient
l'occasion d'un profond recueillement pour certains ou encore d'un grand
calme intérieur, bienvenu au cœur de la vie trépidante d'aujourd'hui.
FB
Aaron Jay Kernis : Goblin Market
Mary King, narratrice; The New Professionals/Rebacca
Miller
Signum classics sigcd186 (66 min
42 s)
En dehors du théâtre musical et de
l'opéra contemporain, les œuvres requérant un narrateur sont rarement
une réussite. Si la Symphonie no 3 de Bernstein ou les Llanto
por Ignacio Sanchez Mejias de Maurice Ohana sont des incontournables
dans leur genre, c'est parce que le récitant interagit avec un chœur,
ce qui rapproche ces œuvres de l'oratorio. En ce qui concerne Goblin
Market, il est clair que le compositeur américain Aaron Jay Kernis
voulait créer une sorte de conte enveloppé par la magie de la musique.
Le résultat n'est pas toujours à la hauteur du texte de Christina
Rossetti (poétesse de l'Angleterre victorienne). Le discours étant
plus ou moins morcelé, il faut s'accrocher au récitant pour trouver
le sens de la pièce, ce qui peut être difficile pour quiconque ne
comprend pas l'anglais (d'autant plus que le livret du disque est uniquement
en anglais). Pourtant, Kernis est un très bon compositeur et c'est
dans le complément de programme, Invisible Mosaic II, qu'il
captive et convainc l'auditeur. Cette pièce pour orchestre de 20 minutes
est riche en couleurs et en textures tout en conservant un sens de la
mélodie des plus pertinents. Un disque pour les inconditionnels seulement.
EC
Fête galante
Karina Gauvin, soprano; Marc-André Hamelin, piano
ATMA classique ACD2 2642 (63 min 56 s)
Attention, ce disque n'est pas une nouveauté
à proprement parler ! Il s'agit de la réédition, sous une nouvelle
étiquette, d'un enregistrement publié en 1999 par une étiquette
maintenant disparue. Mais l'amateur de mélodie qui n'avait pas déjà
ce disque dans sa collection sera heureux de mettre la main sur ce CD.
On y retrouve Karina Gauvin dans une grande forme vocale auprès de
Marc-André Hamelin qui devient ici un accompagnateur aussi original
qu'attentionné. Le répertoire regroupe des mélodies très variées
(allant des plus populaires au moins connues, des plus sérieuses aux
plus légères) interprétées avec naturel et un plaisir évident.
La magie entre les deux musiciens est palpable, pour notre plus grand
plaisir. Bonne prononciation et belle voix, jeu fin et subtil au piano,
tout dans cet enregistrement charme et plaît dès la première écoute.
On serait fou de s'en passer ! EC
Marius Tremblay : La saison inachevée
Renée Lapointe, mezzo-soprano; Renée
Villemaire, piano
Marius-Musique-Etc MME001 (66 min 42 s)
Premier disque du compositeur Marius
Tremblay, La saison inachevée regroupe mélodies, chanson de
comédie musicale et airs d'opéra. La musique est très classique,
d'un style proche des mélodies françaises de la fin du XIXe siècle.
C'est joli, mais dans l'ensemble, ça finit par être relativement similaire.
Seuls les extraits de son opéra Salomé semblent plus originaux
dans leur conception. On imagine sans mal une instrumentation plus riche
et colorée pour ces extraits. Le tout est solidement interprété par
deux musiciennes exceptionnelles : la mezzo-soprano Renée Lapointe,
en grande forme vocale, et la pianiste Renée Villemaire, accompagnatrice
attentionnée et délicate. Pour ceux qui veulent découvrir la production
de Marius Tremblay, ce disque est une bonne carte de visite ! EC
Vivaldi : Ercole sul Termodonte
Rolando Villazón (Ercole), Romina Basso
(Teseo), Patrizia Ciofi (Orizia), Diana Damrau (Martesia), Joyce DiDonato
(Ippolita), Vivica Genaux (Antiope), Philippe Jaroussky (Alceste), Topi
Lehtipuu (Telamone) ; Europa Galante/Fabio Biondi
Virgin Classics 50999 6945450 9 (144
min)
Le plateau des cinq voix solistes féminines,
tout à fait exceptionnel, pourrait bien être l’atout premier de
cet Ercole sul Termodonte. Il mérite à lui seul qu’on s’arrête
à cet opéra de Vivaldi reconstitué par Fabio Biondi à partir de
manuscrits retrouvés par hasard et incomplets. En cela, il a été
aidé, dit-il, par l’habitude du pasticcio qu’avait le « prêtre
roux ». Ces emprunts à soi-même, à partir d’opéras antérieurs,
répondaient en général à une commande urgente. L’œuvre se ressent
du caractère passe-partout d’airs qui défilent trop vite, autant
pour l’émotion que pour la vraisemblance. Le croisement des rivalités
guerrières et amoureuses entre Amazones et envahisseurs grecs (Hercule
doit ravir la ceinture d’Antiope pour accomplir son neuvième travail)
ne convainc pas beaucoup si l’on s’en tient au livret d’Antonio
Salvi. Mais une musique bouillonnante emporte tout sur son passage.
Les solistes masculins pâlissent quelque peu en comparaison de leurs
« ennemies » au charme vocal irrésistible. Villazón ne semble pas
à l’aise dans la peau d’Hercule, et la voix de Jaroussky, quelle
qu’en soit la séduction, est bien trop éthérée pour personnifier
un Alceste guerrier, amoureux et jaloux. Lehtipuu incarne mieux son
Télamon. À la tête de l’Europa Galante, Biondi fait merveille,
comme dans son rutilant Bajazet
de 2005. AL
MUSIQUE INSTRUMENTALE
Bach: A Strange Beauty
Simone Dinnerstein, piano; Kammerorchester
Staatskapelle Berlin
Sony Classical 817422 (61 min)
Simone Dinnerstein pratique une sorte
d’interprétation hybride. D’une part, elle articule avec un doigté
des plus clairs, comme le veut la pratique courante du jeu baroque au
piano. D’autre part, elle n’hésite pas à faire appel à la pédale
ou au crescendo. La prise de son contribue d’ailleurs à l’effet
« romantique » de son style – sans compter qu’elle débute l’album
avec un arrangement de Busoni ! Le résultat s’avère fort agréable,
et interpelle ouvertement le mélomane féru de beauté accessible plutôt
que d’authenticité rigoureuse. Le répertoire va aussi en ce sens,
avec des œuvres aussi connues que disparates, dont trois arrangements,
sans la moindre visée d’intégralité. Un bonbon digeste et sain,
sans autre prétention. RB
Berlioz: Symphonie fantastique - Cleopatra,
scène lyrique
Anna Caterina Antonacci, soprano; Rotterdam
Philharmonic Orchestra/Yannick Nézet-Séguin
BIS-SACD-1800 (Hybrid SACD 75 min 05
s)
For the tens of thousands of admirers
cheering on Yannick Nézet-Séguin’s flourishing international career,
his records are eagerly awaited landmarks on the path to greatness.
His progress is assured, but this record does not do well in comparison
with the best. One must sympathize with a conductor who aims to achieve
something original with a well-worn score. In the face of fierce competition
from the catalogue, including Charles Munch (RCA), Igor Markevitch (DG),
and Sir Colin Davis (Philips/LSO Live), this interpretation feels rather
damp. It is not a bad performance, but neither is it great. It seems
protracted and understated with tension being siphoned off the climaxes.
This seems like Berlioz filtered through his composing contemporary,
Louise Ferrenc—she was a poised classicist but hardly a brazen romantic.
Cleopatra was a good choice
for a coupling and with it, Nézet-Séguin’s direction of the orchestra
is on firmer ground. Unfortunately, rising opera star Anna Caterina
Antonacci did not have a good day in the studio. For those who wish
to follow her travails in the most dramatic passages, full sung text
and English translation are conveniently included in the booklet.
If it is absolutely essential to
have Symphonie fantastique in Hybrid SACD format, Marek Janowski’s
account with the Pittsburgh SO (Pentatone PTC 5186 338) is recommended.
WSH
The Best of James Ehnes
James Ehnes, violon; Eduard Laurel, piano;
Luc Beauséjour, clavecin; Orchestre symphonique de Québec/Yoav Talmi
Analekta AN 2 9768 (70 min 34 s)
Voici un CD regroupant une sélection
des meilleures pièces enregistrées par James Ehnes au fil des ans.
La diversité des pièces permet de juger de l'immense talent de ce
jeune violoniste canadien. Il passe de la rigueur scolastique de Bach
aux pièces romantiques de Dvorˇák ou à la fougue de Camille Saint-Saëns,
mais garde un attachement sincère à Fritz Kreisler, son compositeur
de prédilection. Encore dans la trentaine, il est récipiendaire de
nombreux prix dont un Grammy et six Junos. Reconnu comme l'un des meilleurs
violonistes de sa génération, il est également le plus jeune membre
de la Société Royale du Canada. Cet album n'est qu'un survol de son
vaste répertoire et donne le goût d'en poursuivre la découverte.
FB
Frédéric Chopin: Piano Concerto
no. 1 op. 11 - Berceuse op. 57 - 12 Études op. 10
Nobuyuki Tsujii, piano ; Forth Worth Symphony
Orchestra/James Conlon
Harmonia Mundi USA HMU907547
Grand gagnant de la dernière édition
du concours Van Cliburn, Nobuyuki Tsujii force l’admiration. Cet enregistrement
a été capté au cours des différentes étapes du concours qu’il
remporta en 2009, à l’âge de 20 ans. Doté d’une technique en
béton, le jeune pianiste réalise un parcours presque parfait, sans
fausses notes et sans écarts de concentration. Son jeu est clair et
la touche légère. Chopin est un compositeur qui lui convient, mais
on aimerait l’entendre dans Mozart, Haydn, Scarlatti : il y brillerait
assurément. Les 12 Études opus 10 constituent sans conteste
le point fort de ce document. Enfin, le pianiste montre un peu ses griffes.
Dans la troisième étude, il se laisse même un peu submerger par l’émotion.
Le Concerto et la Berceuse refroidissent l’ambiance.
Si tout est en place et bien calibré, il manque cruellement de panache
au concerto et de spontanéité dans la berceuse. Le pianiste a un bel
avenir devant lui : aveugle de naissance, il saura impressionner le public.
Avec les années, sorti du monde de la compétition, confiant en son
éblouissante technique, peut-être pourrons-nous voir éclore « Nobu
», un artiste qui a déjà en main tous les ingrédients nécessaires
à une grande carrière. NB
“La Geniale”: Sinfonias &
Concertos de Scarlatti, Albinoni, Vivaldi,Torelli
Francis Colpron, flûte à bec et dir.;
Les Boréades
ATMA Classiques ACD2 2606 (66 min 35 s)
Les notes de programme de François Filiatrault
rappellent que, à l’origine, le terme de concerto faisait partie
de la « nouvelle liberté formelle » qui aboutira au baroque, et que
le « concerto grosso » pouvait se nommer « sinfonia », ce qui explique
l’agencement des pièces de ce CD. Les interprètes privilégient
l’aspect rythmique et festif de ces compositions; aussi les mouvements
rapides semblent-ils leur convenir mieux que les mouve|ments lents.
On aurait parfois souhaité plus de mordant partout, en particulier
dans le Concerto RV 441 de Vivaldi. Le hautbois de Matthew Jennejohn
est fort éloquent dans le Concerto op. 9 n° 2 d’Albinoni
et la flûte à bec de Francis Colpron roucoule à plaisir dans quatre
Sinfonias d’Alessandro Scarlatti. Celle qui porte le numéro douze,
intitulée « La Geniale », présente la particularité de comprendre
quatre mouvements lents, qu’on aurait désiré entendre plus creusés.
Les Boréades font preuve d’une grande unité. Un tel enregistrement,
au programme cohérent et d’une écoute agréable, peut être placé
sous le signe du plaisir. AL
Romantic Piano Concerto vol. 51 : Taubert/Rosenhain
Howard Shelley, piano et dir.; Tasmanian
Symphony Orchestra
Hyperion CDA67765 (71 min 36 s)
Les deux compositeurs présents sur cet
enregistrement sont nés et morts, à peu de chose près, en même
temps (1811-1891 pour Wilhelm Taubert et 1813-1894 pour Jacob Rosenhain).
Ils furent contemporains à la fois de Chopin, Schumann, Mendelssohn,
Liszt et Wagner. Taubert a écrit deux concertos pour piano, l’un
en mi majeur et l’autre, près de 50 ans après, en la majeur. Le
premier avait été grandement apprécié de Schumann. On y décèle
une aisance toute mendelssohnienne. Le deuxième, quant à lui, a
été composé un demi-siècle plus tard, caractéristique qu’il est
assez facile de détecter à l’oreille. La virtuosité est plus ample
et assurée, l’orchestration plus étoffée, le dialogue entre le
soliste et les autres musiciens plus robuste. Il y a des passages de
toute beauté, digne de cette série éminemment réjouissante. Le
Concerto de Jacob Rosenhain se présente sous des atours tout aussi
charmants, bien que le conformisme du langage soit assez apparent. Rien
de bien neuf, mais beaucoup de plaisir, et une somptuosité toute romantique.
FC
Romantic Piano Concerto vol. 52 : Goetz/Wieniawski
Hamish Milne, piano; BBC Scottish Symphony
Orchestra/Michal Dworzynski
Hyperion CDA67791 (69 min 30 s)
Voici deux autres trésors dénichés
par la maison Hyperion dans le cadre de sa fabuleuse série “Romantic
Piano Concertos”. Jozef Wieniawski (1837-1912) était le moins connu
des deux frères Wieniawski, l’autre étant, vous l’aurez deviné,
le violoniste Henryk. Le Concerto en sol mineur
op. 20 est un morceau de virtuosité qui ferait bonne figure aux
côtés de ceux de Liszt et de Chopin dans un programme de concert.
L’aisance mélodique et la palette orchestrale confirment que Josef
avait un talent qui n’était pas moindre que celui de son frère.
Le Concerto en si bémol majeur
op. 18 de Hermann Goetz, quant à lui, est d’une autre facture. Le
traitement orchestral parfois inattendu laisse deviner un compositeur
au potentiel innovateur intéressant. Malheureusement, Goetz n’eut
pas l’occasion d’exploiter ce potentiel, car il mourut à 36 ans.
En écoutant cette pièce de bravoure d’une quarantaine de minutes,
on ne peut que regretter, encore une fois, l’intransigeance du destin
qui laissa inachevée une vie aussi prometteuse. Quoi qu’il en soit,
Hyperion signe ici une autre belle réussite. FC
Vivaldi Oboe Concertos
Alex Klein, hautbois; New Brandenburg
Collegium/Anthony Newman
Cedille FOUNDation CDR 7003 (75 min)
Ce disque est une réédition originellement
parue sur étiquette Musical Heritage Society en 1995. Cedille reprend
donc ici cette agréable gravure à son compte. Le New Brandenburg Collegium
est un ensemble de Chicago qui puise dans un bassin de musiciens de
grande qualité. Alex Klein lui-même fut hautbois solo à l’orchestre
de Chicago de 1995 à 2004. Il a à son actif plusieurs autres enregistrements
consacrés au répertoire pour hautbois, de l’époque baroque au XXe
siècle, en plus d’avoir été récompensé à de nombreuses reprises
par de prestigieux prix internationaux. Il est également très actif
sur la scène de plusieurs festivals dont il dirige les destinées,
du Brésil aux Antilles en passant par les États-Unis, bien sûr. Ce
travail d’ambassadeur est certainement facilité par sa technique
précise et assurée, ainsi que sa sonorité nette et lumineuse. Tout
est agréablement disposé et exprimé, avec suffisamment d’entrain
et d’éloquence pour faire de ce disque une très enviable expérience
d’écoute. FC
MUSIQUE
de CHAMBRE et SOLO
Bach: The Musical Offering
Camerata Kilkenny
Maya Recordings MCD 1003 (54 min 59 s)
Il n’y a pas qu’une façon de jouer
l’Offrande musicale, bijou de manipulation thématique. Mis
à part quelques instruments obbligato, le choix est souvent
laissé libre par le compositeur; même l’ordre des pièces peut varier,
puisque l’œuvre n’a pas été pensée pour une exécution intégrale
– qui demeure néanmoins la meilleure façon d’en apprécier l’extraordinaire
facture. Camerata Kilkenny reste assez traditionnel dans son approche,
avec les incontournables flûte, deux violons (le second doublant intelligemment
à l’alto) et clavecin (un Macolm Proud au sommet de sa forme), auxquels
s’ajoute un violoncelle pour compléter le continuo. La séquence
des pièces adoptée reflète celle de l’édition Schmieder de 1950,
sans doute plus agréable d’écoute que l’ordre rigoureux des ricercari
et canons systématiquement regroupés. Les instruments d’époque
sont fort bien captés, le canon à 2 Quaerendo invenietis passe
d’un duo à un autre avec une originale efficacité; le tout mérite,
en somme, de compter parmi les versions les plus fiables présentement
disponibles. RB
Beethoven : Quatuors à cordes op.
18 no 1 et op. 127
Quatuor Artemis (Natalia Prischepenko,
Gregor Sigl, violons, Friedemann Weigle, alto, Eckart Runge, violoncelle)
Virgin Classics 5 099962 865906 (60 min 5 s)
Il est tentant de comparer le quatuor
Artemis à un autre ensemble moderne, celui des Pražák. Les Allemands
ont été encensés pour leur intégrale beethovénienne en cours,
d’une indéniable virtuosité, mais la comparaison avec la formation
tchèque tourne à l’avantage de cette dernière. Elle se distingue
par un souci plus affirmé des nuances dynamiques, très nombreuses
dans les ultimes quatuors de Beethoven, et des phrasés orientés vers
la recherche d’un chant pur et intense. Par ailleurs, l’enregistrement
des Artemis souffre d’une prise de son rapprochée et souvent réverbérée.
Un violoncelle envahissant couvre sans peine les autres instruments
dans des passages où la délicatesse serait indispensable. La distinction
entre forte et fortissimo, entre piano et pianissimo, n’est
pas non plus évidente. Sans être pourtant excessifs, les tempi semblent
précipités, comme si seule comptait l’ivresse du son pour le son.
En dépit de moments brillamment réussis, surtout dans le Premier Quatuor,
des réserves sur cette apparente objectivité s’imposent – en toute
subjectivité, bien sûr. AL
Brillance
Duo Gaulin-Riverin (Mathieu Gaulin, saxophone;
Jacynthe Riverin, piano)
Analekta AN 2 9953 (63 min 12 s)
Bien qu'il y ait un large répertoire
(trop peu connu) pour saxophone, cet instrument demeure relativement
mal aimé dans le monde de la musique classique : on a souvent l'impression
que le saxophone est mieux exploité dans le jazz. C'est sur ce point
que le duo Gaulin-Riverin nous charme et nous éblouit avec un répertoire
original et fascinant pour saxophone « classique » et piano. Le jazz
n'est pas vraiment loin avec des clins d'œil au ragtime (le Devil's
Rag de Jean Matitia), mais le reste du répertoire offre une vitrine
surprenante des diverses facettes de cet instrument. Si la sonate de
William Albright est d'une esthétique plus contemporaine (mais particulièrement
fascinante), les œuvres de Creston, Gotkovsky, Swerts, Wiedoeft et
Breilh-Decruck font entendre des musiques plus accessibles et très
intéressantes. Et que dire des interprètes, sinon qu'ils jouent avec
sincérité et un sens musical éloquent. La technique est au rendez-vous
(et certaines pièces sont redoutables à cet égard) sans jamais être
gratuite. La sonorité du saxophone – ici riche et moelleuse – se
fond merveilleusement bien avec le piano. Ces jeunes musiciens sont
talentueux et cet enregistrement le prouve avec éloquence ! EC
Geminiani : Pièces de clavecin
Hank Knox, clavecin
Early-Music EMCCD-7772 (62 min 48 s)
Ce sont des transcriptions pour clavecin
réalisées par Geminiani lui-même de ses Sonates pour violon
qui constituent le programme du présent CD, treize mouvements au total.
À lui seul, l’opus 4, publié en 1739 à Londres, en fournit neuf.
Hank Knox, bien connu des milieux baroques montréalais et qui compte
de nombreux enregistrements à son actif, joue d’un instrument au
registre supérieur doux mais aux basses voilées. Il s’agit du Kirckmann
de la Chapelle historique du Bon-Pasteur restauré par Yves Beaupré.
Métamorphosés par ces transcriptions, les thèmes de Geminiani s’avèrent
plus adaptés à la sonorité d’un violon qu’à celle d’un clavecin
sur lequel elles semblent perdre les inflexions qui constituent leur
individualité originale. Si l’on ajoute que l’accompagnement confié
à la main gauche se réduit le plus souvent à des accords arpégés,
on comprendra qu’une certaine saturation puisse se dégager d’une
écoute suivie, en dépit (ou à cause ?) d’une ornementation exubérante
que le soliste exécute habilement. Un enregistrement qu’on peut tout
de même tenir pour spécialisé. AL
Musique française pour violon et orgue
Anne Robert, violon; Jacques Boucher,
orgue
XXI-21 Productions, XXI-CD 21716 (55
min 25 s)
L'orgue, quel instrument polyvalent !
Il sait se faire discret et laisser toute la place au violon dont il
est souvent le partenaire pour ensuite le provoquer dans un duel musical
avec toute la force et la puissance de ses tuyaux. C'est ce que ce disque
démontre. Sur le grand orgue de l'église Saint-Jean-Baptiste de Montréal
dont il est le titulaire, Jacques Boucher, bien connu comme pédagogue
et promoteur de la musique pour orgue au Québec, s'associe encore une
fois à la violoniste Anne Robert, elle-même grande virtuose et fondatrice
du Trio Hochelaga, pour présenter un répertoire de musique des plus
grands compositeurs français de musique pour orgue. Le disque débute
tout en douceur et c'est avec un violon Guarnerius de 1735 qu'Anne Robert
interprète des pièces romantiques et inspirantes tandis que l'orgue
l'accompagne en sourdine. Puis, soudain, cet orgue se réveille et voilà
que la musique d'Antoine Reboulot remplit toute la pièce. Les amateurs
d'orgue seront sans doute charmés par ce disque d'une grande sobriété
dont la pochette pourrait laisser croire cependant à un contenu plus
léger. FB
Pierné, Tournemire, Franck : Sonates
pour violon et piano
Anne Robert, violon; Sylviane Deferne,
piano
XXI-CD 2 1715 (72 min 8 s)
Dans les notes de programme, Antoine
Reboulot rappelle que les trois compositeurs réunis dans le présent
CD ont été des titulaires du grand orgue de la basilique Sainte-Clotilde
à Paris. Quant aux œuvres retenues, elles jalonnent la musique française
sur un demi-siècle. La Sonate-Poème op. 65 de Charles Tournemire
en est sans doute la perle rare, et pas seulement pour son exécution.
L’entrée en matière, mystérieuse à souhait, fait dresser l’oreille,
et le reste, au parfum debussyste, passe vite malgré vingt minutes
ininterrompues. La Sonate op. 36 de Gabriel Pierné ne manque
pas d’élégance, avec des thèmes fluides et sinueux. Elle semble
cependant s’étirer dans les deux mouvements extrêmes où les formules
arpégées se répètent décidément trop; l’Allegretto tranquillo
central, d’une inspiration pastorale, en est sans doute le meilleur
moment. Quant à ce pilier du répertoire qu’est la Sonate
de Franck, elle pâtit ici d’une trop riche concurrence discographique,
d’autant plus que l’équilibre entre les deux instruments n’y
est pas assurée. Une prise de son dure doit être également mise en
cause. AL
raW: Chamber Music by James Rolfe
Continuum Contemporary Music
Centrediscs CMCCD 16210 (65 min)
Plusieurs termes viennent à l’esprit
à l’écoute de cette musique de chambre de Rolfe; nous retiendrons
violence, conceptualisation et fusion. Violence d’écriture, avec
ses attaques brusques entrecoupées de silences, mais aussi violence
dans la fusion de différents genres au sein d’un concept général
(presque toujours trop clair, comme du mauvais Messiaen) à la base
de l’écriture. L’auditeur peut s’en amuser avec la pièce-titre
ouvrant l’album (récipiendaire du Prix Jules-Léger, tout de même),
mais cela devient vite lassant. Dommage, car quelques pièces valent
la peine (Drop, Freddy’s Dead). L’ensemble Continuum
s’acquitte fort honorablement des difficultés rythmiques exigeant
une concentration de tous les instants, et l’étiquette mérite nos
louanges pour une qualité sonore faisant fi des contraintes budgétaires
– que l’on suppose importantes dans ce genre d’entreprise artistique.
RB
Sea to Sea : Le St. Lawrence String
Quartet fête son 20e anniversaire
St. Lawrence String Quartet
Centredisque CMCCD 16310 (60 min 18 s)
Le quatuor à cordes St. Lawrence –
l'un des meilleurs quatuors du pays – a eu la folle idée de célébrer
ses 20 ans en commandant des œuvres originales à la grandeur du pays.
Ce disque regroupe les cinq pièces issues de ce projet aussi charmant
que fou ! Le résultat est très varié, à l'image de la production
nationale dans le domaine de la musqiue contemporaine. Du lot ressortent
deux œuvres fortes : Rounds de Brian Current et À tire-d'aile
de Suzanne Hébert-Tremblay. Ces deux pièces sont d'une solide écriture
et d'une inspiration riche et profonde. Des œuvres que l'on souhaite
réentendre régulièrement. Sepia Fragments du Néo-Écossais
Derek Charke est assez sympathique avec son caractère folklorique (il
y a carrément un reel au cœur de l'œuvre !) entrecoupé d'épisodes
plus complexes. Allaqi de Marcus Goddard est d'une énergie surprenante
et prenante. Seule la pièce d'Elizabeth Raum déçoit un peu par son
côté facile, frôlant le cliché. Mais dans l'ensemble, ce disque
est une magnifique célébration qui souligne l'engagement constant
d'un quatuor de renommée mondiale auprès de ses propres concitoyens
! EC
Solatino
Gabriela Montero, piano
EMI Classics 50999 0 18201 2 (78 min
10 s)
Voici une compilation intéressante en
ce qu’elle nous fait entendre un répertoire peu connu et peu joué.
Gabriela Montero interprète ici des compositeurs de l’Amérique latine
avec brio, un son percutant comme le demande cette musique et une clarté
rythmique remarquable. Si les œuvres sont d’inégale valeur, la qualité
de l’interprétation de certaines justifie largement l’écoute.
La Première sonate de Ginastera trouve ici son maître, voici
une des meilleures versions de l’œuvre. Il va de soi que les piécettes
de Lecuona, Estévez, Carreno et Moleiro ne réinventent pas le genre,
mais demeurent tout de même agréables à écouter. Montero est également
reconnue pour ses improvisations, un talent rare et précieux. Elle
en intercale ici plusieurs, avec un bonheur discutable. On peut d’abord
douter du caractère improvisé des œuvres puisqu’elles sont enregistrées.
De plus, après Ginastera, les improvisations font malheureusement office
de musique inaboutie. Sans véritable développement, sans style très
novateur (on pourrait y reconnaître du Rachmaninov mâtiné de Granados),
la fraîcheur et la fragilité en moins, les improvisations ont-elles
leur place dans un enregistrement ? Exception faite de A la Argentina
qui nous reste en tête longtemps, la question est légitime. On se
souviendra donc de cette compilation surtout pour les magnifiques Ginastera.
NB
DVD & BLU-RAY
Beethoven: Symphonies 4-6
Vienna Philharmonic Orchestra/Christian Thielemann
C Major 704908 (3 DVDs –
133 min; documentaries: 171 min)
Recorded in performance in the Goldener
Saal der Gesellschaft der Musikfreunde Vienna March 2009 and April 2010
Big bad Ludwig Van is back with a vengeance,
courtesy of maestro Thielemann and the VPO. This set is the first of
three triple DVD (or single Blu-ray) issues, with the entire cycle due
out in March. The third disc is devoted to the conductor in conversation
with Prof Joachim Kaiser with an hour allocated to each symphony. The
interviews feature outtakes from the concert footage, rehearsal clips,
shots of other conductors doing the same thing, and largely abstract
discussion blended with gestures of high mutual regard. Two words that
never seem to come up are: ‘Bärenreiter Edition’. The documentaries
may be of interest to some but remain inessential to appreciating the
music.
The crowded concert platform for
Symphony No 4 is a strong indicator that Thielemann has dusted off the
Breitkopf und Härtel edition of the score. Aside from the substantial
body of strings, the horns and trumpets have been doubled. For Thielemann,
Beethoven means honouring the German performing tradition. The booklet
mentions Daniel Barenboim and Mariss Jansons as fellow sympathizers
(to whom might be added Kurt Masur, Sir Colin Davis, Bernhard Haitink
and Stanislaw Skrowaczewski). The conductor’s decision here is gloriously
seconded by the orchestra. The VPO sound much happier and more secure
than in their 2003 multi-stylistic audio cycle with Sir Simon Rattle
for EMI. The performances are magnificent. This is powerfully articulated,
though sensitive Beethoven with earthy good humour in the right places.
The Fourth is beautifully shaped, the Fifth conveys a whiff of revolutionary
sulphur, and the “Pastoral” rivals Karl Böhm’s legendary 1969
account with this same orchestra (DG/Australian Eloquence).
Audio quality is as outstanding
as the performances. The surround sound option is in 5.0—subwoofers
have been silenced ‘for artistic reasons.’ With completion of the
cycle imminent, the Thielemann/VPO ‘Beethoven 9’ project will be
something to be reckoned with. WSH
Tchaïkovski : Tcherevitchki (Les Souliers de la tsarine)
Olga Guryakova (Oxana), Vsevolod Grivnov
(Vakoula), Larissa Diadkova (Solokha), Vladimir Matorin (Tchoub) et Maxim Mikhailov (le Diable); Chœur du Royal Opera, danseurs du Royal Ballet, Orchestre du Royal Opera House/Alexander Polianichko; mise en scène de Francesca Zambello
Opus Arte 0A 1037 D (155 min)
Quelle fête pour les yeux que cette
production anglaise de Tcherevitchki ! Francesca Zambello a su
s’entourer d’une équipe russe douée, autant pour le chant que
pour la scénographie et les costumes. Elle a réussi à lui communiquer
son amour pour une œuvre rarement jouée en Occident en dépit de son
charme et dont Tchaïkovski disait qu’il la préférait parmi tous
ses opéras... Il en avait tiré la substance d’un conte de Gogol
dans lequel diablotins et sorcière, entre fantastique et réalisme,
s’en donnent à cœur joie à la veille de Noël. Pendant ce temps,
le forgeron Vakoula part en quête d’escarpins aussi beaux que ceux
de la tsarine afin d’obtenir la main de la belle et frivole Oxana.
Le libre cours laissé à l’imagination des concepteurs a porté fruit.
Le spectateur est ébloui autant par l’harmonie variée des costumes
que par le charme des décors réalisés dans une perspective naïve
et manœuvrés à vue dans une scénographie à la fois simple et ingénieuse.
Les scènes chorégraphiées sont tout autant réussies, et les chanteurs,
tous du terroir, font preuve d’un naturel remarquable. AL
Puccini: La Bohème
Hibla Gerzmava, Inna Dukach, Teodor Ilincai,
Gabriele Viviani; Orchestra and Chorus of the Royal Opera House/Andris Nelsons
Opus Arte OA 1027 D (121 m)
Given that La Bohème is already
so well represented on disc, does this new release with its relatively
unknown cast have a chance against the competition? The answer, surprisingly,
is yes. This December 2009 Covent Garden revival originally had star
tenor Piotr Beczala as Rodolfo, but he took ill and was replaced after
Act 2 by Romanian Teodor Ilincai. In this composite DVD taken from performances
on Dec. 19 and 21, Ilincai’s medium-sized voice with its pleasant
timbre is a pleasure, an occasional flatness at the top notwithstanding.
Russian soprano Hibla Gerzmava is a vocally winning Mimi, singing with
a gorgeous, warm tone, though she looks too full figured to be a consumptive,
and a tad matronly next to the boyish Ilincai. Kudos to soprano Inna
Dukach (Musetta) for singing a lovely diminuendo B natural in “Quando
m’en vo”. Gabriele Viviani is an engaging Marcello. Perhaps it is
considered out of vogue these days, but one wishes the principals would
sing with a bit more portamento and Italianate parlando
– this is Puccini after all! The John Copley-Julia Trevelyan Oman
warhorse is still lovely to look at despite its advanced age of 35 years.
In fact, it’s rather nice to see this completely traditional production
holding its own amidst a sea of radical re-imaginings, although for
how much longer is anyone’s guess. The opulent colours on the video
are lovely, and the recorded sound very fine. While Andris Nelsons conducts
with energy, there are several instances when the orchestra and the
singers are not together. It is not the La Bohème for the ages,
but very enjoyable, and it stands up well against the competition. JKS
Puccini: La fanciulla del West
Eva Maria Westbroek (Minnie); Zoran Todorovich
(Dick Johnson); Lucio Gallo (Jack Rance); Netherlands Philharmonic Orchestra/Carlo
Rizzi
Opus Arte OA 1039 D (159 min)
Coinciding with the centenary of the
premiere of Puccini’s La fanciulla del West in 2010, many opera
houses rushed to stage this opera: in a two year period ending last
December, there were 17 productions including the Met, Chicago, San
Francisco, Oslo, Amsterdam, Sydney, Palermo, Torre del Lago and Zurich.
This DVD documents the brilliant Netherlands Opera production from December
2009. Stage director Nikolaus Lehnhoff gives us a strikingly original
take on the work – no naturalistic Sequoia forests or miners panning
for gold. Instead he uses La fanciulla to comment on Yankee Culture,
updated to present-day with images of Wall Street and Hollywood. The
final scene with Minnie and Dick Johnson in wedding clothes superimposed
on a US $20 bill slowly making their way to the White House is absolutely
priceless! What could be more quintessentially American than fast money,
power, individualism, love and personal happiness, all themes implicit
in this opera? Given its modern setting, it’s improbable that
these tough, tattooed, leather-clad chaps would be crying into their
beers from homesickness, or eagerly awaiting the postman in a computer
age, but it underscores the fantasy and absurdity of this horse opera.
Dutch soprano Eva-Maria Westbroek was a magnificent Minnie, singing
with beauty and power, looking every inch the Golden Girl. Her coming
to Johnson’s rescue as a modern-day Jean Harlow, with the MGM roaring
lion logo projected in the background, brought an audible howl of laughter
from the audience. Yugoslav tenor Zoran Todorovich, an inconsistent
singer, rose to the occasion as a perfect Dick Johnson. Baritone Lucio
Gallo (Jack Rance) was at his sneering best—even better here than
at the Met in HD transmission. Carlo Rizzi conducted idiomatically.
The huge ensemble cast was expertly chosen and satisfyingly sung. This
is one of the cleverest updates around and a must-see DVD of the year.
JKS
WA
Mozart: Violin Concerto No 5 - Antonín
Dvořák: Symphony No 9
Yehudi Menuhin, violin; Vienna Symphony
Orchestra (Mozart); Berlin Philharmonic Orchestra (Dvořák)/Herbert von Karajan
Directed by Henri-Georges Clouzot 1966
C Major 704008 (107 min including 38
min bonus material)
This DVD is rather special for a couple
of reasons. It is the only recorded collaboration between Karajan and
Yehudi Menuhin, and also the second last completed film project directed
by Henri-Georges Clouzot for the conductor. Clouzot (1907-1977) had
created feature film masterpieces of suspense such as Le salaire
de la peur (1952) and Les diaboliques (1954). He filmed only
in black and white and here used the playback system (to pre-recorded
performances). The director became involved in the project to indulge
his passion for music. Clouzot passed from the scene when Herbert von
Karajan got tired of playing Herbert von Karajan. The Mozart concerto
is set in a baroque salon with the players attired in evening dress.
For the symphony, the orchestra wears street clothes and Karajan impersonates
himself in a sports shirt.
It happens that the musical performances
here are excellent and the imagery fascinating. This DVD is an essential
supplement to the EuroArts release, Herbert von Karajan in Rehearsal
and Performance, which offers Schumann’s Fourth Symphony and Beethoven’s
Fifth. WSH
Puccini:
Tosca
Karita Mattila (Tosca); Marcelo Alvarez
(Cavaradossi); George Gagnidze (Scarpia); The Metropolitan Opera Orchestra
and Chorus/Joseph Colaneri
Virgin Classics 50999 641973 9 5 (137
min)
On opening night in the fall of 2009,
this Luc Bondy production of Tosca, which replaced the very grand
25-year-old Franco Zeffirelli production, was met with boos. The conservative
Met audience complained that it was ugly and had too much “gratuitous
sex.” To be sure there’s nothing pretty about the gloomy
sets. But in a story of jealousy, torture, attempted rape, betrayal,
and death, beauty shouldn’t be required of the staging. As to
the sex—well, isn’t it the driving force behind the behaviour of
the three principals? Tosca is a verismo opera, and Bondy
has achieved realism. That said, some of his directorial touches go
against the grain. For example, it makes no sense for Tosca to sit leisurely
fanning herself after killing Scarpia—any sensible person would run
away in an instant! The final moments when Tosca runs up the parapet
lacks tension. Instead of having the real Tosca jump, it is a dummy,
awkwardly attached and hanging in midair. Finnish diva Karita Mattila
certainly has enough star power to be a convincing Roman prima donna.
On this occasion, she had terrific high notes, but her violently pushed,
raw chest register was ugly. Marcelo Alvarez sang with plangent tones
but was dramatically uninteresting. Georgian baritone George Gagnidze,
a replacement, was new to the Met—he sang well and was sufficiently
evil to be believable. Not exactly a front line conductor of international
rank, Joseph Colaneri, a long-time member of the Met conducting staff,
was rewarded with this plum assignment and he acquitted himself well.
Perhaps not a Tosca for the ages, but fans of Mattila and
Alvarez will love it. JKS
Traduction de l'anglais : Juliette Colinas Version française... |
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