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La Scena Musicale - Vol. 15, No. 1

Jean-Paul Jeannotte : Sur les traces d’une bande sonore de 1963

Par Hélène Boucher et Wah Keung Chan / 1 septembre 2009

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C’est avec une émotion palpable que le ténor canadien Jean-Paul Jeannotte raconte l’aventure de cet enregistrement de La belle meunière. Le ténor enregistre la bande dans un studio de Radio-Canada en septembre 1963 pour diffusion sur les chaînes française et anglaise, aux côtés de la pianiste Jeanne Landry qui joue de mémoire. En deux jours, tout est complété. Jeannotte part immédiatement en Europe et n’entendra l’enregistrement pour la première fois qu’en 2006. En fait, ce sera son unique interprétation du cycle, alors qu’il avait étudié la partition pendant un an. C’est d’autant plus étonnant que le disque révèle une interprétation touchante et sensible. Bien qu’il n’ait pas la même aisance que Wunderlich, Jeannotte fait admirablement vivre le jeune héro dans ce cycle de 20 lieder. La voix est chaude et la diction incroyablement nette.

À l’époque, le chanteur, alors âgé de 37 ans, est au sommet de son art. On le voit sur scène au Québec et en Europe. Il marque son passage au sein des Variétés lyriques, à l’aube des années 1950, incarnant notamment le personnage de Fritellini dans La Mascotte d’Edmond Audran. La plupart de ses contemporains, Richard Verreau, Raoul Jobin, Léopold Simoneau et Robert Savoie, rejoindront tour à tour la compagnie des Variétés lyriques. « Une époque foisonnante et riche pour les artistes lyriques du Québec qui sont sollicités de toutes parts, à la radio, à la télévision et sur scène », se remémore Jean-Paul Jeannotte. Pour le ténor, les engagements ne manquent pas. Grâce à sa capacité d’adopter impeccablement les langues d’origine de toute pièce et à son aisance à épouser tous les répertoires, sa renommée est bien établie, et ce, au-delà des frontières du Québec.

Le chanteur éprouve une même reconnaissance, fruit d’une amitié et d’une complicité de longue date, à l’égard de la pianiste Jeanne Landry. Prix d’Europe en 1946, elle chemine durant 25 années avec le ténor. Ensemble, ils donnent des récitals dans les plus grandes villes européennes, notamment en Union soviétique en 1961. Les voyages constants, cependant, sont épuisants. Lorsque Jean-Paul Jeannotte cesse sa carrière de chanteur, à 40 ans, il a déjà en tête plusieurs avenues. Professeur à l’Université Laval de 1964 à 1979, il devient un judicieux administrateur du milieu artistique au Québec. À la tête de l’Union des artistes de 1966 à 1972, il sera le tout premier directeur général de l’Opéra de Montréal en 1979. Jeannotte est fier d’avoir, dans ses dix premières années, bien établi la compagnie sur la scène internationale de l’opéra. Norma, Turandot, Salome, Fidelio et Tristan sont parmi ses plus précieux souvenirs. « Guichet fermé pour sept présentations à la salle Wilfrid-Pelletier de 3000 places », dit le ténor. La salle était un peu trop grande pour l’opéra, selon lui. Toujours diplomate, Jeannotte refuse de parler de ses successeurs. Il regrette toutefois que la nouvelle génération de chanteurs ne puisse plus profiter des possibilités de diffusion à la radio et la télévision qui existaient dans son temps. Ses conseils aux chanteurs : il faut travailler, il faut aller à l’étranger.

CD Découverte

Les lecteurs de La Scena Musicale découvriront en septembre, en première, un rare enregistrement du cycle de lieder Die schöne Müllerin de Franz Schubert interprété par le ténor Jean-Paul Jeannotte et la pianiste Jeanne Landry.


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