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La Scena Musicale - Vol. 10, No. 1

Au rayon du disque /Off the Record

September 9, 2004

Version française...


Tales out of Time
Peter Brötzmann, Joe McPhee, Kent Kessler, Michael Zerang
HatOLOGY 989,
I I I

Les amateurs de free jazz, connaissent Peter Brötzmann de par sa réputation de féroce souffleur du saxophone. Pourtant, ces derniers temps, il ne dédaigne pas non plus une certaine retenue dans son jeu, affichant parfois un soupçon de lyrisme. Le présent disque permet justement de découvrir ce teuton colosse sous un jour quelque peu différent de ses frasques habituelles. Il y a toujours ses épanchements au saxo ténor, mais la présence de Joe McPhee n'est pas sans influencer cette séance. Musicien encore trop méconnu dans le grand public, cet Américain de 65 ans bien sonnés reste l'un des plus lyriques souffleurs qui soient dans ce créneau musical et l'un des rares à exceller autant à la trompette qu'au saxophone. Ensemble, ces deux messieurs peuvent jouer avec autant de force et de passion que de sobriété et d'âme. À ce titre, la première et la dernière des onze plages de ce recueil de près de 70 minutes permettront à l'auditeur de constater ces deux versants : il s'agit de deux duos de moins de trois minutes chacun où ils démontrent d'abord un sens mélodique éloquent puis une fougue exemplaire. Entre ces titres, ces deux vieux routiers de la musique improvisée bénéficient de l'appui de deux solides complices rythmiciens de Chicago : le bassiste Kent Kessler et le batteur Michael Zerang. En tout et partout, une expédition qui vaut bien le détour dans cette grande contrée des musiques improvisées. Marc Chénard

Dernière minute : Peter Brötzmann sera en concert à Montréal, le dimanche 5 septembre à la Casa del Popolo avec Ken Vandermark (saxos, clarinettes) et Mats Gustaffson (saxos, flûte).

Bow River Falls
Douglas, Sclavis, Lee, Van der Schyff
Premonition 90765 2,
I I I

Quatre ans après sa première prestation donnée dans le cadre du Festival international de jazz de Vancouver en 1999, le présent quartette a pu enfin se retrouver pour réaliser ce disque, et ce dans le splendide décor du Centre des Arts de Banff. D'une part, les deux grandes pointures de la scène internationale que sont le trompettiste américain Dave Douglas et le clarinettiste français Louis Sclavis sont des faire-valoir à eux seuls ; d'autre part, le tandem de Peggy Lee au violoncelle et son conjoint Dylan van der Schyff à la batterie sont sans doute moins connus de la masse, mais ce sympathique couple vivant dans cette métropole du Pacifique canadien compte parmi les meilleurs fleurons de la scène du jazz contemporain au pays. Bien que les deux gros noms donnent du prestige à cette réalisation, il s'agit d'une formation parfaitement équilibrée dans ses effectifs. Ainsi, personne ne joue la vedette ici, car tous se sont pleinement mis au service de la musique. Hormis le batteur, tout le monde contribue par ses compositions à cette séance, pour un total dix morçeaux et, en ouverture, une version toute enjouée du thème « Blinks » du regretté Steve Lacy. Ce répertoire varié contribue également au succès de cette production, tout comme le grand éventail de climats sonores entendus, des plus doux et recueillis jusqu'aux plus énergiques. Peut-être certains auraient aimé entendre un petit peu plus de folie (à la manière de ce solo enlevant de clarinette basse par Sclavis dans « Paradox », qui vient clore ce disque), mais nul n'en aurait à redire sur la complicité exemplaire qui unit les quatre musciens. Marc Chénard

Influence
Richard Gagnon Jazz Quintet
XXI-21 Records, XXI-CD 21510,
I I I

This new side by trombonist Richard Gagnon’s Jazz Quintet is a noteworthy issue. First off, the 11 originals are all impeccably played. Next, each composition is a well-crafted vehicle inspired by the best of modern jazz writing as established by such luminaries as JJ Johnson, Slide Hampton, Clifford Brown, Benny Golson, and Wayne Shorter. The writing shines in pieces like "Réunion," with a nicely voiced fanfare theme, the lilting "Long Days," the funky hard-bop of "Diminuer," the Euro-swing of "G. Potvin," not to forget "Sur le Throne" with its turn-on-a-dime changes in tempo, metre and melodic contour, and the lyrical, other-worldly closing mediation "Rares Matins." Gagnon’s buttery tone is a treat, as is the sound of Roberto Murray’s tenor, which is something between Sonny Rollins bluster and Wayne Shorter suave. Pianist Gaétan Daigneault is an imaginative musician with a good ear for tasteful voicings that bring out the harmonies of the tunes while also spinning out some savvy melodic lines. The bass and drums of Frédéric Grenier and Ugo Di Vito are a solid fulcrum on which the faultless execution of the music rests. The only less satisfactory moments are the Latin pieces, where the rhythms are deconstructed and a tad mannered, sounding more like exercises in style than fully blown compositions. However, this is but a small quibble in an otherwise quite successful mainstream offering. Paul Serralheiro

Live at the Cellar
Charles McPherson
Cellar Live CL000726,
I I I

If ever there was an ideal spot to hear live jazz, it certainly has to be the Cellar in Vancouver. With its low key decor, great food and drink, there could not be a place better suited for the stylings of veteran American bebop alto saxophonist Charles McPherson. In this new release, issued on the club’s own "Cellar Live" label, all the stars seem aligned for a memorable date, one of a series issued by the club. McPherson is undoubtedly one of the best in the business at playing authentic, impassioned bebop, because he delivers nothing derivative or formulaic; instead, he treats it as a living, contemporary genre rather than period piece recreation. Best known as the one who ghosted the alto parts for Clint Eastwood’s film tribute to "Bird," McPherson plays with all the fire, verve, and excitement of discovery that is the essence of the greatest bop playing. The hottest moments are heard in Gillespie’s up-tempo "Blue and Boogie," even in the easy swinging "Spring is Here." At ballad tempo — eg, "How Deep is the Ocean" — McPherson also burnishes the harmony in rapid-fire embellishments worthy of bebop’s best. Also sandwiched in between the four standards are a pair of originals, each one showing off the hornman’s compositional chops. Sharing the stage are some of Vancouver’s finest musicians: Ross Taggart on piano, Jodi Proznick on bass, and Blaine Wikjord on drums. The pianist shines most in his comping role, but takes good care of business in his extended solo contributions. For her part, the bassist is both competent and articulate, whereas the drummer provides all the necessary rhythmic drive. Thus, this recording captures the texture and presence of the music, the clarity and that in-the-moment quality so memorable about the best bebop on disc, which can only be found in the kind caught live and in an intimate setting. Paul Serralheiro

François Carrier
Travelling lights
Justin Time JUST 203-2
I I I

François Carrier a compris comment le jeu de l’auto-promotion doit se jouer et c’est ce qu’il fait de mieux : on appréciera sans conteste le tableau de Riopelle qui orne le feuillet du disque, sans oublier la présence des deux grands improvisateurs que sont le pianiste Paul Bley et le bassiste Gary Peacock, mais on n’en reste qu’à cela… du moins en bonne partie. Bien qu’il ne soit pas dénué de bonnes idées, Carrier manque de carrure et on ne peut qu’être frappé par sa sonorité timide au saxo alto. En revanche, les deux invités arrivent à s’affirmer pleinement dans les passages où l’altiste ne joue pas, quitte à être freinés dans leurs élans à chaque entrée de jeu du souffleur. Accompagnateur régulier de ce dernier, le batteur Michel Lambert fait preuve d’une certaine créativité – et il lui arrive même de propulser le tout par endroits –, mais l’essence du travail de Bley semble lui échapper. Comme le style du pianiste repose sur l’utilisation de l’espace, les ´ trous ª laissés entre les notes ne sont pas là par hasard et ne doivent pas être remplis de façon aussi systématique que ce que le batteur et le saxophoniste semblent vouloir faire à tout prix. En dépit de certains moments pas inintéressants, les duos entre Bley et Peacock en particulier, ce disque n’arrive vraiment pas à soutenir une émotion durant ses 65 minutes de durée, divisée en sept plages improvisées de bout en bout.

Cristian Haché


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(c) La Scena Musicale