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Alexander Markov nous éblouit une fois de plus


by / par Carole Meneghel / juillet 2000

L'un des plus grands violonistes de notre époque, Alexander Markov, ajoute aujourd'hui un fleuron à sa couronne d'enregistrements signés chez Erato en nous offrant un magnifique disque qui réunit, pour la première fois, l'intégrale des oeuvres pour violon de Tchaikovsky (à l'exception du concerto). Le violon utilisé pour cet enregistrement est un phénoménal Guarneri del Gesù fabriqué en 1737, alors que le célèbre luthier était au faîte de son art.

Alexander Markov, né à Moscou, a étudié le violon dès l'âge de cinq ans auprès de son père, le violoniste de concert Albert Markov. À huit ans, le jeune virtuose commence à se produire en tant que soliste avec orchestre, ayant également le bonheur d'interpréter des doubles concertos en compagnie de son père. C'est à cet âge qu'il décide de devenir violoniste professionnel : « Si je n'avais pu devenir un musicien professionnel, il est certain que j'aurais cherché à travailler dans un domaine relié à la création. »

En 1976, il immigre aux États-Unis avec ses parents et devient citoyen américain en 1982. La même année, il remporte la médaille d'or au prestigieux Concours Juilliard, de façon peu banale et extrêmement impressionnante . Après les préliminaires, les candidats admis à l'étape finale en étaient avisés le soir même. Alexander Markov ne reçut aucun appel et, affreusement déçu, il décide de se coucher. Quelle ne fut sa surprise, le lendemain matin, lorsqu'on l'informa que les juges, estimant qu'il était évident qu'il allait remporter la médaille d'or et désireux de ne pas perdre leur temps inutilement, avaient décidé d'éliminer l'étape de la finale et de lui décerner immédiatement la médaille d'or!!!

Ceci n'était que le début de la collection de prix qu'allait rafler Alexander Markov , notamment la médaille du concours Paganini, un Avery Fisher Grant, le prix Waldo Mayer et le premier prix du Los Angeles National Debut Competition.

Depuis ses débuts couronnés de succès au Carnegie Hall, il est régulièrement invité à jouer en soliste auprès des plus grands orchestres symphoniques, sans oublier, bien sûr, sa prestation mémorable du 21 mai dernier avec l'Orchestre Symphonique de Montréal sous la direction de Charles Dutoit. La veille de ce concert, il disait : « Je suis vraiment très heureux de pouvoir interpréter un concerto de Vieuxtemps avec ce grand chef d'orchestre qu'est Charles Dutoit et ces magnifiques musiciens qui constituent l'Orchestre Symphonique de Montréal. Je considère que cet orchestre est l'un des meilleurs orchestres d'Amérique du Nord, sinon le meilleur »

D'une pièce à l'autre, Alexander Markov démontre et transcende une technique violonistique parfaite et nous envoûte par le biais d'une interprétation faite de contrastes allant de la plus pure sobriété aux élans passionnels les plus intenses : « Mon approche des difficultés techniques consiste à faire en sorte que le passage technique devienne un véhicule pour l'expression de diverses textures musicales. Il me semble absurde, à titre d'exemple, de faire rebondir l'archet sur les cordes juste pour le plaisir! Une envolée purement mécanique n'a pas sa raison d'être, en musique »

D'ailleurs, Alexander Markov est à l'image de sa musique: généreux, honnête, sensible, énergique, passionné et féru de liberté. Il refuse de limiter son interprétation aux contraintes préconisées par certains puristes, estimant que la musique parle d'elle-même et qu'il ne faut pas entraver son discours en l'emprisonnant dans un cadre trop rigide. Selon lui, une interprétation musicale est un don de soi que l'artiste fait au public, et il essaie de le faire sans compromis et avec une totale sincérité, d'une part afin que l'auditeur puisse percevoir avec émotion toute la grandeur de cet art et d'autre part, afin d'entrer lui-même en communication spirituelle avec l'auditeur : « On peut arriver à connaître assez bien quelqu'un en l'écoutant parler, en observant comment il agit, comment il rit, en analysant son apparence, etc. Cependant, j'estime que l'on se dévoile beaucoup plus en offrant une interprétation musicale. L'interprète met son âme à nu, donne un accès direct à ses émotions les plus intimes et à l'essence même de son être »

Il est clair que les plus grandes satisfactions de sa vie, Alexander Markov les ressent durant ces moments magiques d'échange avec le public. Il a donc voulu, pour son dernier disque, tenter de préserver l'ambiance d'une interprétation en direct en évitant le côté artificiel que suscite un montage serré; conséquemment, ce disque a été réalisé à l'aide d'un nombre très limité de prises, et l'interprète est très fier du résultat.

Le choix de l'excellent pianiste Alexander Markovich en tant qu'accompagnateur allait de soi, pour Markov : « Certains de ces arrangements pour violon et piano d'oeuvres de Tchaikovsky sont assez inhabituels. Alexander Markovich (qui, incidemment, a étudié à la même école que moi, en Russie) possède l'expérience et la flexibilité qui sont requises pour leur interprétation et adaptation; il constituait donc pour moi le partenaire idéal.»

Cet enregistrement, fruit de grands efforts, lui est particulièrement cher puisque Tchaikovsky est l'un de ses compositeurs favoris : « Il se dégage de l'oeuvre de Tchaikovsky un amour sincère de la musique. Sa musique est dépourvue de cette sophistication artificielle qui engloutit tant d'oeuvres Tout comme celle de Wolfgang Amadeus Mozart, elle offre à l'auditeur un message simple, très facile à comprendre, tout en demeurant élégante et raffinée. Selon moi, cette impressionnante combinaison de qualités se retrouve au sein des oeuvres de tous les compositeurs de génie. »

Alexander Markov a eu le privilège de promener son grand talent un peu partout dans le monde. D'un concert à l'autre, il demeure fasciné par tous ces publics qui se suivent mais ne se ressemblent guère : « Les publics français sont très enthousiastes et très ouverts d'esprit; ils témoignent de l'intérêt à l'artiste qui fait preuve d'audace et ose afficher ses couleurs, même si celles-ci s'harmonisent plus ou moins bien avec les couleurs traditionnelles Les publics anglais, eux, sont de fins connaisseurs qui écoutent avec une grande attention. Quant aux publics canadiens et américains, bien qu'ils soient avertis, leur attitude générale est plus détendue, ce qui met un peu moins de pression sur l'interprète. Indubitablement, les publics asiatiques sont très différents des autres. Dire qu'ils sont réservés serait un euphémisme. L'auditoire asiatique est extrêmement respectueux et semble estimer qu'il serait quasi impoli de démontrer trop d'enthousiasme. Aller au concert paraît presque constituer une expérience religieuse »

En ce qui nous concerne, tâchons de ne rater aucune occasion d'entendre ce grand musicien qui fut dépeint par le célèbre Yehudi Menuhin comme « l'un des plus brillants violonistes, doué d'un sens musical hors du commun, (...) dont le nom restera certainement gravé dans la mémoire des mélomanes du monde entier, et marquera l'histoire du violon virtuose de notre temps ...»

Critique de disque d'Alexander Markov

Tchaïkovsky: Favorite pieces for violin and piano

 

 

 

(c) La Scena Musicale 2000