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LSM Online Reviews / Critiques


Critiques de La Scena Musicale Online. [Index]


Triomphe de la femme moderne

Par Renaud Loranger / le 8 juin 2005


Décidément, le Théâtre du Châtelet ne joue pas de chance avec cette reprise d’Arabella, puisque après Christoph von Donhnanyi, tombé malade lors des dernières répétitions, c’était au tour de Barbara Bonney de déclarer forfait, victime impuissante d’une laryngite. La soprano américaine tint tout de même à assurer le premier acte de la représentation du 25 mai, pour notre plus grand bonheur, et ce malgré des couleurs vocales sérieusement délavées et une projection volontaire mais pratiquement inexistante. Elle jouera le rôle sur scène pour les deuxième et troisième actes, alors qu’une doublure chantera de la fosse. L’initiative, très à la mode en Europe, laisse s’épanouir l’inestimable composition dramatique de l’actrice, même si quelques menus décalages (inévitables) entre les deux interprètes diminuent la crédibilité de l’entreprise.

La production de Peter Mussbach, créée en co-production avec le Royal Opera House de Covent Garden au printemps 2002, est une réussite scénique et théâtrale presque totale. Les décors hermétiques d’Erich Wonder (l’intérieur d’une station de métro, symétrique selon un axe horizontal imaginaire qui traverserait la scène), inchangés tout au long du spectacle, traduisent une préoccupation nette pour cet aspect précaire et cloîtré de la situation dans laquelle se trouve la famille Waldner, engoncée dans son siècle, dans cette société décadente dont elle n’a plus grand chose à espérer. Si réserve il y a, c’est bien plus du fait qu’ainsi agencée, la scénographie tend à évacuer toute galanterie, pourtant présente, du moins en esprit, à des endroits charnières de la partition.

Coincées entre des parents vicelards et des prétendants non moins indésirables, les deux sœurs, protagonistes indissociables de cette vaste marche vers le bonheur, et qui parviendront, finalement, à une forme de rédemption à travers l’amour. Car c’est bien là aussi l’histoire d’Arabella : celle d’une femme moderne, sensible mais lucide, pour qui la joie conjugale constitue le véritable exutoire, le seul moyen réel de sortir de ce siècle pourri. Reine incontestée du spectacle, Karita Mattila offre une fois de plus une interprétation hallucinante : si les nuances piano dans l’aigu sont peu subtiles, le geste est souverain, la voix, confondante d’homogénéité, de puissance et de solidité, et elle atteint des sommets d’expressivité lors de son grand duo avec Manryka au deuxième acte.

Quelque peu frustre de caractérisation (et d’émission), Thomas Hampson laisse l’auditeur dubitatif. La voix est toujours belle, le jeu est remarquable, mais globalement l’interprétation, même si parfaitement défendable, est un peu grosse, on se demande si le chanteur ne se la joue pas un petit peu trop premier degré.

Appelé à la rescousse au dernier moment, Gunter Neuhold à la tête du Philharmonia Orchestra offre une lecture inégale, par moments gommée et quelque peu sèche, sinon souvent extatique (duo d’amour du II).


Richard Strauss : Arabella

Peter Mussbach (mise en scène)

Erich Wonder (décors)

Andrea Scmidt-Futterer (costumes)

Alexander Koppelmann (lumières)

Karita Mattila (Arabella), Andrew Greenan (le comte Waldner), Rosalind Plowright (sa femme), Barbara Bonney (Zdenka), Thomas Hampson (Mandryka), Stephan Rugamer (Matteo), Will Hartmann (le comte Elemer), Robin Adams (le comte Dominik), Nicolas Courjal (le comte Lamoral), Chantal Perraud (Milli), Doris Lamprecht (une cartomancienne), Jean-Michel Ankoua (ordonnance de Mandryka), Jean-Yves Ravoux (un garçon d’étage), Olivier Lacoste, David Schavelzon, Gérard Wieclaw (joueurs)

Chœur du Théâtre du Châtelet (Christophe Talmont, direction)

Philharmonia Orchestra

Gunter Neuhold (direction musicale)

Théâtre du Châtelet, Paris, 25 mai 2005


Critiques de La Scena Musicale Online. [Index]

 

 

 

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