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LSM Online Reviews / Critiques


Critiques de La Scena Musicale Online. [Index]


Concours musical international de Montréal: un bilan des finales

Par Laurier Rajotte / le 9 juin 2004


9 pianistes, 9 concertos, 3 soirs, un orchestre - l'OSM. Voilà ce qui composait la finale du Concours Musical International de Montréal (CMIM) édition 2004. En effet, le jury avait sélectionné 9 candidats pour l'épreuve ultime, leur donnant ainsi la chance de s'exécuter avec l'OSM. La performance avec orchestre est fondamentalement différente du récital solo, et il fallait s'attendre à découvrir de nouveaux aspects -bons et moins bons- des candidats que, jusque-là, nous n'avions entendus qu'en solo. Voici un bilan des finales du CMIM 2004.

SON

Lorsqu'on joue avec orchestre, on doit être capable de bien projeter le son. Pas de son, pas de communication. Le marathon des 23 pianistes en trois jours de demi-finales nous aura appris cela: des bonnes idées musicales ne peuvent pas pallier le manque de projection. D'ailleurs, c'est ainsi que le jury a tranché ; ne sont passés à la finale que ceux qui détenaient une bonne masse sonore (entre autres critères). Et attention, «projection» et «masse sonore» ne veulent pas dire «jouer fort». Non. Cela veut dire appuyer le son, le connecter, lui donner vie, l'habiter, bref, faire en sorte qu'on entende le pianissimo jusque dans la dernière rangée de la salle et que le fortissimo nous enveloppe dans toute sa rondeur. Donc, pour communiquer, il faut projeter le son. Une lettre d'amour ne touchera pas son destinataire si elle ne lui est pas livrée... La projection vient jouer ce rôle d'intermédiaire entre l'interprète et l'auditeur. Rien ne sert de semer la controverse comme cela a été le cas en questionnant le fait que la grande majorité de ceux qui sont passés à la finale avaient joué à la fin de la demi-finale. Le hasard a simplement fait que la grande majorité des concurrents avec une bonne masse sonore jouaient dans la deuxième moitié des demi-finales. Ceux qui y étaient ont entendu. Autre controverse: aucun candidat d’origine asiatique n’est passé à la finale (il y en avait plusieurs à la demi-finale). C’est un fait. Mais lorsque le tiers du jury est d’origine asiatique (Angela Cheng, Akiko Ebi et Lee Kum Sing) et que des juges comme Yoheved Kaplinsky ont une classe composée majoritairement d’étudiants d’origine asiatique, est-ce sérieux de parler de controverse?

Toujours à propos du son, quelques déceptions. Tout d'abord, la salle Wilfrid-Pelletier. On le dit souvent, et c'est toujours vrai, l'acoustique de cette salle n'est pas à la hauteur des musiciens qui s’y produisent. Elle absorbe le son comme une éponge l'eau. Qu'y peut-on? Ceci est un débat administratif, et en ce qui concerne les musiciens, il faut s'adapter. Ensuite, il y avait l'accord du piano qui ne tenait pas toujours toute la soirée. Encore une fois, dans cette situation, le pianiste doit s'adapter (et s'en plaindre ensuite). Tout ceci n'aide en rien la projection du son. Finalement, il y avait les pianistes mêmes. Heureusement, certains maîtrisaient l'art de la projection sonore et de faire résonner l'instrument(et ils ont été récompensés par le jury) alors que d'autres, moins habiles, exigeaient de nous une impossible concentration pour seulement entendre les notes jouées. Trop souvent, ce fut peine perdue, car à la cinquième rangée, on ne pouvait déjà plus rien entendre. À quoi bon dire les plus belles choses si on ne vous entend pas ? Pour les jeunes pianistes, les occasions de jouer avec un orchestre sont rares et si l'habileté à projeter le son n'est pas naturelle, il est impératif de l'apprendre rapidement. Lorsqu'on est soliste avec orchestre, on doit avoir les ressources pour planer au-dessus de 50 musiciens professionnels.

ORCHESTRE

L'orchestre est une entité complexe. Il a des idées, des préférences, des tendances... et dans le cas du CMIM, l'OSM constituait un véritable juge. Très inégal dans ses performances des finales, l'orchestre choisissait de s'investir ou pas. Lorsqu'on joue avec les plus grands solistes de la planète, on devient exigeant et ça se comprend. En fait, il y a peu de finalistes avec lesquels on a senti une fusion orchestre/soliste. D'abord, ceux qui n'avaient pas assez de masse sonore étaient tout de suite éliminés par l'orchestre. Ensuite, l'orchestre aime se sentir écouté. Il le rend d'ailleurs à chaque fois, comme dans tout bon dialogue: tu m'écoutes, je t'écoute et dans le meilleur cas, nous nous écoutons. Finalement, l'orchestre aime les solistes qui ont de la personnalité et qui colorent le discours. C'est à ce moment qu'il peut y avoir fusion: lorsqu'une personalité originale en rencontre une autre. Mais ces conditions sont difficiles à réunir, et il est bien normal que pour de jeunes musiciens en début de carrière cela ne soit pas parfaitement acquis.

PRIX

Qui dit prix de concours dit controverse. C'est inévitable. Mais lorsque le premier prix est aussi le prix du public, le choix semble clair. Ce fut le cas pour Sergei Salov, pianiste Ukrainien. Quand on l'écoute, on entend un pianiste professionnel et un concertiste solide. Pour avoir eu la chance de l'interviewer et de le côtoyer dans les évènements entourant le CMIM, je puis dire qu'il est un bel artiste rempli de grandes qualités humaines. Sergei Salov sera de retour à Montréal à l'automne prochain. Pour les autres prix, notons seulement Darett Zusko pour le prix du meilleur Canadien et Matthieu Fortin pour le prix du meilleur Québécois. Pour une liste complète des prix, veuillez consulter le site www.jeunessesmusicales.com

En conclusion, la première édition du CMIM consacrée au piano s'est avérée un grand succès. Au-delà de la compétition, cet évènement est une célébration des jeunes interprètes, et c'est là sa plus grande force. Apprécié de tous, on souhaite très fort qu'il vive longtemps, mais surtout, qu'il conserve cet esprit de fête musicale où les jeunes interprètes sont les grands invités.

laurajotte@yahoo.fr


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