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LSM Online Reviews / Critiques


Critiques de La Scena Musicale Online. [Index]


Hervé Galli: un piano contemporain au service de l’émotion

Par Stéphane Villemin / le 29 janvier 2002

Hervé Galli
Le pianiste-compositeur français, Hervé Galli renoue avec la tradition de Liszt en bien des points. Totalement dévoué au piano qu’il refuse de réduire à un instrument de percussion, il crée des oeuvres résolument virtuoses et atonales, à la recherche de l’émotion bafouée par nombre de ses contemporains.

Stéphane Villemin: La composition occupe une place prépondérante dans votre démarche artistique dont la création de vos oeuvres en concert ne représente que la partie visible de l’iceberg. En remontant à l’origine de votre formation, que vous a légué Gabriel Gordon, votre professeur de composition?

Hervé Galli: Gabriel Gordon qui était un élève de Kapp au Conservatoire de Moscou, m’a enseigné la théorie ainsi que la composition. Pendant mes études à ses côtés (cela s’est passé à Marseille mais aussi à Ajaccio), j’ai beaucoup travaillé les oeuvres de Chostakovitch, Prokofiev et Bartok. Il s’agissait d’une ouverture extraordinaire sur la musique des pays de l’Est qui était relativement peu étudiée en Europe occidentale à l’époque. Plus qu’une inspiration directe par la musique slave, la formation de Gordon m’a transmis un besoin de recherche artistique qui motive la plupart de mes compositions.

S.V.: La découverte des Klavierstück de Stockhausen fut pour vous une révélation. Quel est votre regard rétrospectif sur ces oeuvres?

H.G.: J’ai découvert les Klavierstück VII et X en écoutant France Musique, j’avais alors 16 ans. J’ai aussitôt demandé à Gabriel Gordon de les travailler. C’était un grand saut puisque je n’étais jamais allé au-delà de Debussy dans la musique du XXè siècle. Mon professeur m’a d’abord enseigné la technique avec sa gestuelle si particulière. En parallèle, nous avons étudié l’oeuvre en suivant les règles de l’analyse et il m’a fait travailler des phrases qu’il avait transcrites en écriture classique. Nous avons progressé ainsi pendant plusieurs semaines jusqu’au moment où le Klavierstück X a pris forme sous mes doigts. J’ai alors compris que la musique tonale ne me permettait pas d’accomplir totalement ma personnalité, même si je continue à penser qu’on ne peut se passer d’une formation classique basée sur nos racines culturelles et historiques.

S.V.: La virtuosité, présente dans vos compositions pour piano, est aussi impressionnante que chez Giacinto Scelsi. Est-il possible de situer le piano d’Hervé Galli plus près de celui de Scelsi que, disons, d’un Reich ou d’un Boulez?

H.G.: C’est un fait que les compositeurs du XXè siècle n’ont pas créé autant pour le piano que leurs ainés du XIXè. Les Liszt de la musique contemporaine ne sont pas légion. Scelsi et moi partageons le même amour pour l’instrument, mais nos styles sont profondément différents. Boulez est un grand compositeur, qui a peu composé pour le piano, mais dans l’ensemble ses oeuvres me laissent froid. Il me faut une dynamique plus prononcée qui donne l’aspect du feu. Cela n’empêche que ma rencontre avec Boulez demeure associée dans ma mémoire à une période heureuse liée au Conservatoire de Marseille et à Pierre Barbizet. Quant à la démarche de Steve Reich, je n’y adhère pas du tout.

S.V.: Quels sont alors les piliers de votre démarche compositionnelle?

H.G.: Pour moi, la composition est un laboratoire dans le sens où il me permet d’approfondir une recherche dans l’univers de l’abstraction. Le processus se déroule entre le conscient et l’inconscient; les accords, la dynamique, ainsi que la couleur du son et des rythmes font preuve de la même méticulosité. Bien que je ne sois pas minutieux dans la vie, c’est l’inverse qui se déroule lorsque je compose. Tout doit être réglé avec une extrême précision: le toucher, la répartition du poids entre la touche, le marteau et les cordes. La technique associée à mes oeuvres est en phase avec ma conception de la musique. Enfin le moteur qui fait avancer l’ensemble repose toujours sur l’émotion. La création contemporaine sans émotion est tout au plus intéressante, mais elle ne va pas au-delà de la satisfaction intellectuelle. En revanche, l’émotion est universelle. Elle permet de partager plus facilement mes messages avec mon auditoire.

S.V.: Comment décrivez-vous votre technique pianistique si particulière?

H.G.: Au-delà de l’autonomie des mains, je prône l’autonomie des doigts. En général, dans les compositions pour piano, la main gauche est accompagnatrice. Dans mes oeuvres, chaque doigt peut avoir sa voix. En conséquent, je suis très demandeur sur la virtuosité de la main gauche. Ma technique pourrait se définir comme une fondatio issue du piano de Liszt sur laquelle se superpose une gestuelle alla Stockhausen.

S.V.: Pensez-vous que ce particularisme fasse un jour école dans le monde du piano?

H.G.: Je ne rentre pas dans ce genre de considérations et ma démarche n’est pas démonstrative. Il est vrai que lorsque je joue en Russie, dans les Pays Baltes ou en Bulgarie, des pianistes viennent me voir à l’issue du concert, visiblement très intrigués par ma technique. Les Japonais se montrent également intéressés par mon approche du clavier. C’est curieusement dans les Pays de l’Est et au Japon que les échanges sont les plus fructueux. Peut-être ont-ils su garder l’ouverture d’esprit nécessaire aux échanges et à l’écoute de la nouveauté.

Propos recueillis par Stéphane Villemin

Hervé Galli donnera un récital de piano à la Music Gallery de Toronto, le samedi 9 février 2002, où il interprétera ses dernières compositions.


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