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LSM Online Reviews / Critiques


Critiques de La Scena Musicale Online. [Index]


Ax et Bronfman, généralissimes

Par Stéphane Villemin / le 2 décembre 2001

Mardi 13 novembre, 2001. Roy Thomson Hall, Toronto
Brahms : Variations sur un thème de Haydn Op. 56b
Sonate en fa mineur Op. 34b
Rachmaninov: Suite No.2 Op.17
Emanuel Ax et Yefim Bronfman, deux pianos

Emanuel Ax
Comment pouvait-on imaginer à voir ces deux complices entrer en scène avec leur démarche débonnaire et, leur manière de poursuivre une conversation initiée en coulisse, illuminant leurs visages séraphiques de sourires et de joie de vivre. Comment donc imaginer, après ces quelques bons mots et ce sympathique message d'Emanuel Ax à l'égard des musiciens d'un TSO mis à mal, que la musique n'allait pas couler de connivence avec cette note liminaire bienfaisante et réjouissante? Car sans prévenir, les deux amis se séparèrent afin de nous livrer le postulat pour lequel ils devaient faire cause commune: une mâle autorité terrassera le dragon musical par la force de ses doigts.

Yefim Bronfman
Camouflés derrière leur pupitre, les yeux partis en éclairage et plongés dans la partition à la recherche du prochain fortissimo, ils lancèrent à l'assaut leurs armées de doigts et s'appliquèrent à jouer parfaitement en même temps à défaut de le faire ensemble. Les saturations sonores de cette interprétation rompue aux exigences contiguës de l'art militaire, disputèrent leur manque de naturel à la froide détermination de la stratégie clauswitzienne qui les avait mises en place. Les deux pianos se hélèrent comme dans un spectacle de rue, prémédité au point d'exhiber ses ficelles et ses rouages au grand jour. Courageusement Ax tenta d'interposer ici et là une cantilène susceptible de redonner un soupçon de vie et de couleur au combat de Saint Georges. Mais Mars repoussa sévèrement Vénus et s'en moqua au point de caricaturer la Valse et de guimauver la Romance dans la Suite de Rachmaninov. Une Sonate de Brahms durassienne fila pianistiquement tête baissée et les ultimes accords de son Finale permirent aux généraux d'apposer leur paraphe.

En leur temps, Vronsky et Babin servaient sans doute une certaine puissance mais n'omettaient jamais ce qu'il faut de référent pour l'esprit et de maelström pour l'âme. Quant à Bruk et Taimanov, ils ne semblaient pas honteux de diffuser ce qu'il faut de finesse et d'émotion sans pour autant que Rachmaninov ne devienne hollywoodien. Ce que nombre de duos actuels réussissent également avec succès.


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