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The Lebrecht Weekly

 

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Changements impromptus de direction dans les institutions culturelles anglaises (Pourquoi ils perdent tous la tête).

By Norman Lebrecht / May 2, 2002

[English Version: Why they're all losing their heads ]

La question clé qui naît après démission éclair d’Adrian Noble la semaine dernière est si son poste vaut la peine qu’on s’y présente. Pas seulement le poste de la Royal Shakespeare Company, dont les administrateurs successifs ont su faire un poste choyé grâce aux millions de chiffres d’affaire réalisés juste à côté par le centre commercial du West End, mais plutôt l’administration de n’importe laquelle de nos compagnies nationales dont on est en mesure de se demander si elles peuvent être dirigées dans les conditions sociales et politiques qui sont aujourd’hui celles de l’Angleterre.

Comptez les postes vacants. Vous aurez bien besoin de vos deux mains. Le South Bank Center de Londres est sans exécutif pour la deuxième fois en trois ans. Un directeur devait être choisi la nuit dernière au sein d’une courte liste de cinq. La nomination devra être approuvée par (a) le président, Lord Hollick, (b) un conseil d’administration de 15 représentants publics, (c) l’Arts Council of England et (d) le Département (Ministère) de la Culture, des médias et du sport, avant que ses propositions personnelles puissent être étudiées.

Le nouveau venu aura trois mois pour constater l’état de naufrage dans lequel se trouve l’institution et présenter un plan de sauvetage, le quatrième en dix ans. Après avoir gagné le soutien de (a) à (d), il devra aller à la rencontre (e) du voisinage, (f) du Lambeth Council et (g) du Maire de Londres – qui adore rien moins que de se mêler des affaires qui sortent de sa juridiction, avant d’aller rendre visite (h) à l’Héritage des fonds de la Loterie nationale et (i) à la fondation Paul Hamlyn, pour s’assurer de l’appui des fonds institutionnels. Est-ce dès lors une surprise que la South Bank soit physiquement et artistiquement moribonde, marque d’infamie pour l’image culturelle de notre nation ?

Est-ce source d’étonnement que personne ne veuille le poste ? Dans la version des chaises musicales que nous jouons en matière de culture, les règles sont inversées : il y a plus de chaises vides que de joueur pour les occupant et le gagnant est le dernier à avoir démissionné.

Le Royal Opera House, notamment a perdu ses 5 administrateurs généraux en autant d’années. L’English National Opera en est à son troisième directeur en une décennie. Le Scottish Opera and Ballet a perdu son dirigeant à chaque fin de saison. Trevor Nunn quitte le Royal National Theatre après moins de cinq années de service. De façon surprenante, avec 11 ans d’ancienneté, Adrian Noble était le plus ancien serviteur de nos compagnies nationales.

Le turn-over à la tête de nos institutions est observé avec stupéfaction en Europe et en Amérique où un administrateur, qu’il dirige une équipe de foot ou d’un théâtre de répertoire, reçoit une chance décente de produire des résultats, et même les directeurs parmi les plus turbulents jouissent de carrières confortables. Gérard Mortier a dirigé le théâtre de la Monnaie à Bruxelles dans les années 80 et le Festival de Salzbourg dans les années 90. Il est désormais à 58 ans à la tête de l’Opéra de Paris où il peut s’attendre en confiance à partir à la retraite avec la légion d’honneur, toutes colères pardonnées.

A New York, il est déjà arrivé l’année dernière que le Lincoln Center et Carnegie Hall perdent en même temps leur dirigeant. Les deux nominations avaient cependant été faites à la légère. Vous pouvez parier la rançon d’un ténor que les nouveaux directeurs en place auront la pleine confiance de leur conseil d’administration pour engager un programme massif de restructuration sans le moindre murmure de réprobation.

Pourquoi agissons nous ainsi de travers? Adrian Noble n’est pas le premier à partir en se plaignant des critiques « blessantes » qui tendent à salir ses résultats. Noble est un homme sage, qui sentant venir le besoin d’un parfum de renouveau, a fait quitté à la Royal Shakespeare Company son domicile du Barbican Center, qui a projeté de démolir son Stratford Theatre et a offert de modifier le règlement de la compagnie pour permettre à des acteurs de cinéma de tenir certains rôles. Ses réformes ont été exposées de façon prévisible à la puissance de feu de vieux barbons et aux tirs de snipper de certains journalistes. Il existe en Angleterre une culture qui permet aux sans rien et aux vindicatifs qui n’ont jamais rien dirigé quelque chose de plus grand qu’un stand de gaufres dans une fête de village de chercher querelle aux patrons d’une entreprise de 20 millions de livres. Tout est dans le plaisir de faire la foire. Des gens peuvent être blessés, mais un homme comme Noble aurait difficilement choisi de consacrer sa vie au théâtre s’il ne supportait pas la critique.

Le défaut dans notre système n’est pas une excessive liberté de discours mais la montée croissante du contrôle de la pensée. L’argent est le prix pour lequel les administrateurs doivent sauter dans des cerceaux en vue de convaincre les personnalités publiques de leur utilité sociale. « Ce qui rend le travail si différent en Angleterre », dit Michael Kaiser, qui a remis Covent Garden à flot avant de partir au bout de 19 mois, « est que les règles sont si peu nettes. Si vous demandez de l’argent public, vous êtes avide. Si vous l’obtenez de manière privée, vous êtes élitiste. Si vous augmentez le prix des places, vous êtes le diable. J’étais critiqué pour avoir obtenu en fait trop d’argent. » Kaiser est maintenant heureux et dirige le Kennedy Center de Washington, où il monte le premier cycle de Stephen Sondheim, un projet qu’il n’aurait jamais pu mener à bien dans le climat britannique.

Chaque administrateur se trouve confronté à un mur de bureaucraties et de d’agences indépendantes (quangos), chacune pourvue d’un droit de veto. Il est impossible d’imaginer que Ninette de Valois ait pu jamais fonder le Royal Ballet ou Peter Hall la Royal Shakespeare Company s’il avait fallu qu’ils combattent et fassent leur chemin à travers la flagornerie et les formalités à remplir (« Quelle proportion de vos employés est d’origine anglaise ? ») qui encombrent le chemin de toute âme noble qui essaie de donner réalité à ses visions.

Qu’est-ce que Sir Thomas Beecham, en fondant deux orchestres, aurait écrit sur un questionnaire du département à la culture du Grand Londres qui demande à connaître la proportion du public susceptible de percevoir  le RMI (Income support) ?

Cette fatigue précoce qui a gagné les responsables a miné toute possibilité d’administration dans le domaine du spectacle vivant. Les arts visuels ont été bien plus épargnés, avec des conséquences évidentes. Les conservateurs de galeries et de musées ont des vies beaucoup plus longues et sereines. Norman Rosenthal a dirigé la Royal Academy pendant 25 ans, Neil Macgregor la National Gallery pendant 15 ans et Nicholas Serota la Tate Gallery pendant 14 années . Le facteur manquant dans leur vie de fructueux travail est le contrôle effréné de l’Art Council et la police du ministère de la culture.

Si la South Bank doit être sauvée et la Shakespeare rénovée, le Maire Ken doit aller se faire pendre ailleurs, Lamberth peut aller faire un tour et le Secrétaire à la Culture doit empêcher l’Arts Council d’interférer avec les compagnies nationales et permettre à une administration dirigeante créative de s’épanouir à nouveau.



Traduction effectuée par le DESS d’Administration et de Gestion de la Musique Paris-Sorbonne (Paris IV). Vous pouvez accéder au site de l'organisme en cliquant sur le lien suivant http://admuSorbonne.free.fr.

Le DESS d'administration et de gestion de la musique de l'Université Paris IV Sorbonne forme chaque année une vingtaine de responsables qui opéreront dans le domaine de la culture et de la musique classique en particulier, tant dans le domaine privé (orchestres, industries du disque) que dans le domaine public. La promotion actuelle est soutenu par AD'MUSES, association des anciens du DESS Musique Sorbonne.

[English Version: Why they're all losing their heads ]


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