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The Lebrecht Weekly

 

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Pourquoi les chefs d’orchestre prennent leur pied

By Norman Lebrecht / le 27 avril 2002


[English Version: Why conductors have great sex]

Avale tes tripes Mick Jagger. La croyance populaire que les pop stars sont celles qui profitent le mieux du sexe peut être démenti doublement. Premièrement, elles ne semblent guère y prendre de plaisir, deuxièmement, je connais une race différente d’artistes qui ont, et qui procurent de meilleurs moments de satisfaction.

Les preuves en ce domaine ne sont pas toujours très fiables, cependant, il  existe en la matière un corpus grandissant de témoignages objectifs et de documents de première main. La sereine Joan Baez me décrit un jour comment en tournée aux USA avec les Beatles, elle a vu les « roadies » aligner une parade nocturnes de jeunes filles, en choisir quatre pour l’instant où les chanteurs descendraient de scène, se serviraient avant de les renvoyer. Il n’y avait là pas la moindre once d’intimité, de mystère. John Lennon parlait du sexe avec ses fans pour ainsi dire comme une de ses obligations publiques. Il a tenté d’ajouter Joan au nombre de ces bénéficiaires, laquelle a poliment décliné l’offre.

Comparez la fonctionnalité stérile du sexe rock avec les lieux communs de la discussion d’un chef d’orchestre qui, rencontrant une jeune femme adorable avant de monter sur scène, lui murmure qu’il est sur le point de jouer la « pathétique » « rien que pour elle ». Cela rate rarement. Les chefs possèdent par rapport à tout autre organisme humain la vie sexuelle la plus longue et la plus enviable qui soit.

Sir Georg Solti, quelques semaines avant sa mort, en 1997, me parlait de sexe en militant actif. Il avait 84 ans. D’autres seniors m’ont dit qu’ils dirigeraient jusqu’à ce qu’ils commencent à flancher sur l’estrade, comme si leur autorité musicale était d’une manière ou d’une autre dépendante de leur virilité sexuelle.

Prenez le loué André Prévin, qui a eu 73 ans la semaine dernière. Après l’échec de son quatrième mariage – ou était-ce le cinquième ? avec une jolie Secrétaire de chef-lieu de comté, il a entretenu une amitié étroite avec la grande et blonde bassoniste du Pittburgh Symphony Orchestra, avant de rediriger récemment son courrier à l’adresse de fax d’Anne-Sophie Mutter, la furtive violoniste allemande. La veuve Mutter a environ la moitié de l’âge de Prévin et circulent des rumeurs de mariage. Quel que soit le résultat, les félicitations sont de rigueur.

Les performances de Prévin en concert ne sont pas toujours chargées d’énergie. Un régisseur maussade, Ernest Fleischmann du Los Angeles Philarmonic, s’en est plaint publiquement : « Il n’est pas fort physiquement ». Mais mettez ça sur le compte de la subjectivité de la critique musicale, où sur l’avis d’un mari jaloux : on n’enregistre aucune plainte contre André Prévin de la part de ses ex-épouses et aucune baisse dans son pouvoir d’attraction.

Je vous ai promis des preuves documentaires. Les lettres d’Arturo Toscanini sont sur le point d’être publiées le mois prochain par Faber and Faber. Le sac de courrier d’un tyran des podiums mort depuis longtemps peut sembler relever d’un intérêt de spécialistes, jusqu’à ce que vous appréciez combien il a dominé la première moitié du siècle dernier, plus célèbre à son époque que Frank Sinatra, et combien peu nous savons de lui.

Toscanini, mort en 1957, à quelques semaines de son 90e anniversaire, ne permettait aucune intrusion dans sa vie privée. Il n’a jamais donné la moindre interview et n’a pas laissé de mémoires. Même les biographes ayant accès à ses papiers se trouvaient livrés à eux-mêmes tâtonnant dans le noir. Ses lettres, écrivait Harvey Sachs en 1978 « sont relativement peu nombreuses et d’un faible intérêt documentaire ».

Ces mots n’étaient-ils pas achevés d’être imprimés que les correspondances commençaient à s’ouvrir et à sortir des tiroirs où elles avaient été tendrement rangées par d’anciennes amantes et leurs héritiers. Une maîtresse a ainsi gardé près de 1000 lettres et télégrammes du maestro itinérant, certaines d’entre elles remplies de mots tendres garnis d’attentions anatomiques détaillées.

Une autre femme passa et repassa d’un pas léger entre ses bras pendant des années, tout en se faisant passer pour la meilleure amie de sa femme. A partir des lettres que Sachs a désormais rassemblées, il semble que Toscanini pensait qu’il ne pouvait pas jouer de son mieux sur l’estrade sans une grande passion physique qui l’attendait dans les coulisses

La version qu’il donnait à ses amantes était que les relations avec sa femme, Carla avait cessé après la mort d’un enfant en 1906. Certaines de ses affaires étaient flagrantes. La Scala fut scandalisée par son flirt avec Rosina Storchio, la première Madame Butterfly, qui tomba enceinte; l’enfant fut mort né. En 1915, il déclencha une tempête sur New York après que Geraldine Farrar, la fiancée américaine de l’opéra, demanda à ce qu’il l’épouse.

Ses liaisons les plus intimes et les plus secrètes furent avec des femmes de musiciens. Elsa Kurzbauer, une autrichienne, était mariée au compositeur Riccardo Pick-Mangiagalli, qui divorça lorsqu’il découvrit l’affaire. Le mari d’Aida Mainardi, un as italien du violoncelle, était plus complaisant. Dans les deux affaires, Toscanini régala ses amantes avec d’explicites acomptes parfois pornographiques des plaisirs qu’ils partageaient

« Ma tendre et aimée Elsa », indique une lettre typique dans un anglais à moitié décent, « je touche du doigt chaque point sensible et caché en toi. Je passerai sur tout ton corps tel une rivière de feu… Je sens quelque chose qui gonfle et qui cuit. Où se trouve ta bouche gourmande ? »

Il adorait le sexe oral dans toute sa variété et aimait s’assurer que ses partenaires étaient également satisfaites. Dans une culture méditerranéenne où les droits sexuels de la femme étaient traditionnellement tenus comme secondaires, et où un homme se livrant au sexe oral est toujours regardé comme un faible – témoin, le plus hilarant des épisodes des Sopranos – Toscanini était révolutionnaire en matière de sexe. Il a un jour dit à Ada qu’un vieux fermier de Parme ayant connu Verdi l’avait assuré que le grand compositeur « donnait aussi une certaine sorte de baiser ». Ceci, d’une manière ou d’une autre, apporte la bénédiction du génie sur ses faiblesses.

Toute lubricité mise à part, les lettres de Toscanini dressent la ligne la plus claire possible entre l’amour tel que le conçoit un chef d’orchestre et le sexe d’une rock-star. Toscanini aimait donner autant de plaisir qu’il en recevait, et il s’est conservé longtemps et fort bien dans un vieil âge lascif. Pour le maestro suprême, le sexe n’était pas tant une récompense qu’une dette à rendre. Prends en de la graine, Jagger.



Traduction effectuée par le DESS Musique Sorbonne (Paris). Vous pouvez accéder au site de l'organisme en cliquant sur le lien suivant http://admuSorbonne.free.fr.

Le DESS d'administration et de gestion de la musique de l'Université Paris IV Sorbonne forme chaque année une vingtaine de responsables qui opéreront dans le domaine de la culture et de la musique classique en particulier, tant dans le domaine privé (orchestres, industries du disque) que dans le domaine public. La promotion actuelle est soutenu par AD'MUSES, association des anciens du DESS Musique Sorbonne.

[English Version: Why conductors have great sex]


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