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Londres a besoin de Russell Johnson

par Norman Lebrecht / le 27 mars 2002


[English Version: London needs Russell Johnson]

S'il y a une chose qui réconcilie les chefs qui parcourent tous les méridiens de la planète, c'est qu'il existe sur Terre un seul homme capable de leur fournir le son parfait. Son nom est Russel Johnson. Depuis trois décennies il crée une série de salles remarquables de Séoul à Sao Paulo en passant par Dallas et Dijon.

Le petit écrin qu'il dessine pour la ville perdue de Lahti en Finlande suffit à porter son modeste orchestre sur la scène mondiale. A Lucerne, il conçoit un hall de Festival dont les murs s'ajustent à la moindre impulsion pour s'adapter à n'importe quelle gamme de décibels, du solo de flûte à l'enthousiasme des 1024 exécutants de la Huitième symphonie de Mahler.

En Angleterre, il fait parler de lui avec deux bonnes salles à Northampton et Nottingham avant de présenter à Simon Rattle ses améliorations à Birgmingham pour la meilleure ambiance de concert que le beni royaume d'Angleterre ait jamais pu connaître. C'était en 1991. Depuis lors, Johnson n'a plus remporté le moindre contrat en Angleterre.

Etonnant, me direz-vous, alors que Londres détient sans coup férir la palme des plus mauvaises acoustiques de l'univers. Etrange qu'un homme qui en sait davantage sur la science et les mystères de l'acoustique que l'ensemble de la profession du disque doive être tenu à l'écart de toutes les ambitieuses rénovations de nos salles de concert et d'opéra.

Bizarre? Si ce n'était pas par peur d'offenser les adorables responsables des conseils d'administration du Royal Albert Hall, du Barbican Center, de la South Bank, du Royal Opera House et de l'English National Opera, je parlerais volontiers d' odieux scandale national et exigerais sans aucun doute une enquête publique.

Rendons-nous à l'évidence. Londres est un trou noir du monde de l'acoustique depuis l'ouverture du Royal Albert Hall en 1871, doté d'un écho si caverneux que vous y entendez deux fois la même symphonie. Le dôme a été tapissé de coton et des déflecteurs ont été pendus depuis les chevrons hélas sans grand résultat. Le RAH cumule 70 millions de livres (117 millionsd'euros) de coûts de réfection. L'acoustique a été traitée par Peutz, une firme allemande. Russel Johnson, pour de mystérieuses raisons, n'a a pas été contacté.

Le Royal Festival Hall a été inauguré en 1951 aux cris d'admirations pour tous ses aspects magnifiques excepté le son, terne et sec. Un réseau de 168 micros a été secretement implanté dans les murs pour améliorer la résonance. Les micros ont depuis rendu l'âme et l'acoustique est plus morte que jamais. Le RFH fait face à un ravalement de prêt de 54 millions (90 millions). De nombreux acousticiens ont été consultés et Larry Kierlegaard de Chicago a été choisi pour bâtir une maquette à l'échelle de quelques 30 000 livres (50 000 euros). Russel Johnson a été consulté pour donné son avis dès 1994. Il n'a depuis guère reçut qu'une carte de voeux de la South Bank pour le nouvel an.

Le Barbican, maintenant dans sa 21eme année, a ouvert comme le plus grand désastre acoustique en Europe. Les bruits du trafic et des toilettes envahissent la salle de concert et les musiciens ne peuvent pas même s'entendre jouer. Court-circuitant l'ingénieur originel Hugh Creighton, de nombreux acousticiens furent appelés pour tenter de remédier à ces faiblesses. Kierkegaard apporta sa contribution en 1991. Son travail de 7 millions de livres (11 millions d'euros) a apporté l'été dernier la première amélioration audible, mais la qualité sonore reste bien en deça du standing international.

C'est la calamité du Barbican qui a convaincu Rattle d'insister pour que ce soit Johnson qui ait le dernier mot à Birmingham, choisissant les matériax pour le Symphonic Hall et prévalant sur les autres architectes en cas de litige. Le résultat merveilleux a assis la réputation de Johnson auprès des salles internationales de concert et l'a amené a oeuvrer dans le monde entier, partout excepté en Angleterre.

Il a eu un premier contact à Convent Garden en isolant la vieille fosse d'orchestre et les studios de répétition. Mais lorsque l'enveloppe des 214 millions (358 millions) de rénovation est arrivée, il s'est trouvé quelqu'un pour dire qu' "un projet mobilisant autant d'argent public exigeait d'engager des experts anglais". Ove Arup, une firme locale déjà impliquée dans les travaux du RFH et du Barbican center s'est ainsi trouvée engagée.

Il y a un grand nombre d'explications à l'exclusion mystérieuse de Russel Johnson, et je pense les avoir toutes envisagées. Elles s'étendent de l'incompétence institutionnelle à l'étroitesse d'esprit, voire au délit d'initié ou trafic d'influence - qui est ce qui arrive lorsqu'un responsable de la culture commissionne son architecte favori, lequel à son tour emploiera son acousticien de service. Covent Garden n'est pas la seule société qui, face à un choix entre le britannique et le meilleur, s'est enlisée dans de lourds marécages.

Une rumeur fait le tour de Londres prêtant à Kierkegaard la réputation d'être le meilleur acousticien "de réparation", alors que le génie de Johnson s'applique le mieux aux nouvelles constructions. Absurdités et non-sens. Johnson a travaillé sur suffisamment de mauvaises salles pour rendre dépressif un concurrent plus faible. Il a virtuellement inventé la salle de concert moderne, et, à 78 ans, est en pleine possession de ses moyens. Pourquoi le tenir pour un deuxième choix?

J'ai suivi Russel à Philadelphie, où il s'occupe du problématique Kimmel Center, et lui ai demandé pour quelles raisons il pensait avoir été évincé de Grande Bretagne. Il n'a pas su me répondre. "Lorsque quelqu'un vous écarte de ses choix dans le domaine des arts, cela s'accompli dans le plus grand secret et vous neconnaissez la raison que deux ans plus tard".

La dissimulation et la bureaucratie amènent la médiocrité. Nous payons d'importants personnages pour diriger les conseils d'administration de la culture, mais lesquels soumettent ensuite leurs décisions à cinq comités et à l'Art Council au grand complet. "Ils veulent entendre que vous pouvez transformer une étable en Musikvereinsaal pour 350 000 $", se plaint Johnson, et il a raison. Rome n'a pas été bâtie par des pingres, et chaque livre économisée sur le choix de l'acoustique se trouve réinvestie dix fois en d'interminables réparations.

Le nouveau directeur de la South Bank, Lord Hollick, a une dernière chance de remettre les choses en ordre. Je parie que Rattle l'a supplié d'appeler Russel Johnson. S'il a besoin de son numéro de mobile, il est ici pour ceux qui le demanderaient.



Traduction effectuée par le DESS Musique Sorbonne (Paris). Vous pouvez accéder au site de l'organisme en cliquant sur le lien suivant http://admuSorbonne.free.fr.

Le DESS d'administration et de gestion de la musique de l'Université Paris IV Sorbonne forme chaque année une vingtaine de responsables qui opéreront dans le domaine de la culture et de la musique classique en particulier, tant dans le domaine privé (orchestres, industries du disque) que dans le domaine public. La promotion actuelle est soutenu par AD'MUSES, association des anciens du DESS Musique Sorbonne.

[English Version: London needs Russell Johnson]


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