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La Scena Musicale - Vol. 9, No. 5

Constantinople au Festival Montréal en lumière

Par Réjean Beaucage / 9 février 2004


L'ensemble Constantinople se consacre à un renouvellement du regard porté sur les musiques du Moyen Âge et de la Renaissance par des recherches sur la musique savante d'Orient. Il participera ce mois-ci au Festival Montréal en lumières. LSM a rencontré le directeur artistique de Constantinople, Kiya Tabassian, pour faire le point sur les activités de l'ensemble.

La première véritable saison montréalaise que présentait Constantinople (saison 2002–2003), a été un succès et, depuis, les membres de l'ensemble n'ont pas hésité à prendre les bouchées doubles. Ouvrant sa deuxième saison dans le cadre du Festival du Monde Arabe par un concert-événement incluant des invités de la Grèce et du Liban et poursuivant avec une série de concerts centrée sur les activités du percussionniste Ziya Tabassian, l'ensemble surprenait encore en se produisant à la fin de janvier 2004 dans le cadre d'une série de concerts axée sur l'improvisation et la musique actuelle...

Kiya Tabassian explique : « Ça fait partie de nos projets de développer davantage cet aspect de notre travail. Cette saison, nous avons eu deux occasions de présenter des programmes à l'esthétique plus "actuelle" : avec la série de concerts Cycles recyclés, où Ziya interprétait des oeuvres de Jérôme Blais, Georges Aperghis ou Vinko Globokar, et avec ce concert dans le cadre des Journées de l'improvisation. Il y a toujours de l'improvisation chez Constantinople et c'est ce qui maintient en vie le répertoire médiéval et de la Renaissance qui nous a fait connaître. Ces musiques ne sont pas figées dans une interprétation immuable, puisque nombre d'entre elles sont de tradition orale. Dans le concert présenté durant ces Journées, l'ensemble Constantinople a abordé l'improvisation en tant qu'élément de base de la formation de tout musicien à l'époque médiévale, puis nous présentions le trio Radical 3 (Ziya et Kiya Tabassian et Babak Masoumi), qui propose une approche beaucoup plus actuelle de l'improvisation. »

Sous étiquette Atma, Constantinople fait paraître, ce mois-ci, un quatrième disque en quatre ans. « Nous sommes très bien appuyés par Atma, confirme Kiya Tabassian, ce qui nous stimule à travailler très fort. Ce disque est assez différent des précédents, parce que l'ensemble a beaucoup évolué à travers chacun de ses membres. Nous avançons constamment et cela se ressent sur cet enregistrement. Il reprend le programme et le titre de notre concert, Terres Turquoises, constitué des romances séfarades (judéo-espagnoles) et des chants mauresques préservés par les communautés séfarades et arabes après leur expulsion d'Espagne, en 1492. Notre invitée pour le concert et pour le disque était la chanteuse Françoise Atlan. »

Constantinople participe ce mois-ci au Festival Montréal en lumières avec d'autres invités, le Boston Shawm & Sackbut Ensemble et le contre-ténor Michael Collver, pour un concert intitulé Nuevo Mundo. « Je n'ai jamais eu le plaisir de travailler avec cet ensemble, explique le directeur artistique, mais je connais ses membres pour avoir suivi leur travail. Ils avaient, comme nous, depuis longtemps le projet de faire quelque chose autour de la musique du Nouveau Monde. C'est magnifique, parce que cette musique demande un ensemble plus important que celui de Constantinople, et avec les vents du Boston Shawm & Sackbut Ensemble, ce sera assez exceptionnel. C'est une musique très polyphonique, qui provient d'une période qui est l'apogée de la musique espagnole, au moment où elle était exportée vers le Nouveau Monde. Et puis il y a le contre-ténor Michael Collver, pour qui j'ai vraiment eu un coup de foudre musical ; j'ai vraiment hâte de le présenter au public montréalais. »

Le concert Nuevo Mundo sera donné le jeudi 26 février, à 20 h, à la salle Pierre-Mercure du Centre Pierre-Péladeau. 514 987.6919. 

Constantinople, gagnant de l'Opus
« Découverte de l'année, 2002–2003
Prix Étoile Galaxie »
Robert Lepage

Montréal en lumières – faits saillants

Le Festival Montréal en lumières célèbre cette année son cinquième anniversaire et sa programmation de spectacles en salles offre de belles surprises aux amateurs de musiques de concert. Le tout démarre avec une nouvelle production du metteur en scène de génie Robert Lepage, qui propose avec The Busker's Opera une adaptation du Beggar's Opera de John Gay (1728). John Pepusch avait agrémenté le livret de Gay d'airs populaires et c'est ce que présente aussi le collectif qui passera du jazz au country et du rock au rap sous la direction musicale confiée à Martin Bélanger. Si l'action de l'oeuvre de John Gay rendait compte des malheurs du peuple écrasé par une aristocratie corrompue, Robert Lepage a choisi de transposer le tout dans l'univers du show-business... À noter que l'Opéra de Montréal présentera en mars les mises en scène que Robert Lepage produisait il y a 10 ans pour Le Château de Barbe-Bleue de Béla Bartók et Erwartung d'Arnold Schönberg à la Canadian Opera Company.

Le Festival réussira sans doute l'un de ses beaux coups en invitant le compositeur américain Howard Shore à venir diriger l'Orchestre symphonique du Festival pour l'interprétation de sa symphonie Le Seigneur des Anneaux, dont les airs sont connus par le volet cinématographique de l'oeuvre, qui connaît un succès important.

Le choeur VivaVoce et son chef Peter Schubert invitent la contralto Marie-Nicole Lemieux et le pianiste Michael McMahon pour un concert intitulé Romantisme X-trême. On y entendra des oeuvres de Schubert, Brahms, Reger et Schoenberg.

La soprano Barbara Hendricks revient au festival, après en avoir partagé la présidence avec José Carreras en 2002, pour présenter un récital d'airs de jazz avec le Magnus Lindgren Quartet de Suède, pays dont elle est maintenant citoyenne. Au programme : K. Weill, C. Porter, D. Ellington et G. Gershwin.

Le pianiste Alain Lefèvre se produit dans un récital « doublement solo » puisqu'il y interprétera sa propre musique, que l'on connaît déjà par les disques Lylatov et Carnet de notes, parus ces dernières années chez Audiogram. Le compositeur s'y révèle d'un romantisme exacerbé, comme le répertoire auquel le pianiste nous a habitués. 

 


(c) La Scena Musicale 2002