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La Scena Musicale - Vol. 9, No. 10

Notes

July 13, 2004


Prix Polar Music 2004

Isabelle Picard

L'Académie Royale Suédoise de Musique a décerné le 24 mai dernier le prestigieux prix Polar Music à deux légendes vivantes, le bluesman B.B. King et le compositeur György Ligeti. Ce prix s'accompagne d'une bourse dont le montant est variable; elle s'élevait cette année à un million de couronnes suédoises (environ 180 000 $ canadiens). Le Prix Polar a été fondé en 1989 par Stig Anderson (éditeur, parolier et manager du groupe ABBA !), alors qu'il faisait un don important à l'Académie Royale Suédoise de Musique. Il s'agit d'un prix international destiné à mieux faire connaître la musique, et remis annuellement depuis 1992 à des personnes, des groupes ou des institutions, en reconnaissance de réalisations exceptionnelles dans le monde de la musique. Ce prix veut également briser les frontières musicales, en réunissant des figures importantes de différents milieux, ce qui est bien illustré par la liste des gagnants antérieurs : Sir Paul McCartney et les pays baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie) en 1992, Dizzy Gillespie et Witold Lutoslawski (1993), Nikolaus Harnoncourt et Quincy Jones (1994), Mstislav Rostropovitch et Sir Elton John (1995), Joni Mitchell et Pierre Boulez (1996), Bruce Springsteen et Eric Ericson (1997), Ray Charles et Ravi Shankar (1998), Iannis Xenakis et Stevie Wonder (1999), Bob Dylan et Isaac Stern (2000), Burt Bacharach, Robert Moog et Karlheinz Stockhausen (2001), Sofia Gubaidulina et Miriam Makeba (2002), et enfin, Keith Jarrett (2003). Il est remis à Stockholm par Charles XVI Gustave, Roi de Suède.

On ne peut qu'être en accord avec les choix de cette année. György Ligeti a très justement été honoré de plusieurs prix : Prix Theodor W. Adorno de la ville de Frankfurt (2003), Médaille des arts et des Sciences de la ville de Hambourg (2003), « Associé étranger » de l'Académie des Beaux Arts de Paris (1998), et j'en passe. Hongrois d'origine (né en 1923), il quitte son pays en décembre 1956, après que la révolution hongroise ait été écrasée par l'Union soviétique. Il s'installe alors en Allemagne et travaille en 1957-58 au studio de musique électronique de la WDR à Cologne, où il découvre et étudie la musique des compositeurs d'avant-garde Karlheinz Stockhausen, Mauricio Kagel et Pierre Boulez. Cette découverte trouve son expression musicale dans son œuvre Artikulation (1948) qui, avec la pièce Atmosphères (pour grand orchestre, 1961), lui apporte une reconnaissance immédiate dans les pays occidentaux. La musique de Ligeti se caractérise entre autre par le développement de la micropolyphonie, et par une polyrythmie complexe (particulièrement dans les œuvres des années 1980–90, comme les Études pour piano, le Concerto pour piano ou la Sonate pour alto solo). Parmis ses œuvres importante, il faut mentionner son opéra Le Grand Macabre (1974–77), d'après une fable de Michel de Ghelderode. Ligeti a marqué toute une génération de compositeurs. Il a été professeur invité dans plusieurs grandes institutions, pour finalement devenir professeur de composition à la Musikhochschule de Hambourg (de 1973 à 1989). On peut trouver plusieurs de ses œuvres sur disques, entre autre grâce au « Ligeti Project » actuellement en cours de chez Teldec (5 volumes sont parus).

Prix d'Europe 2004
Réjean Beaucage

Le Prix d'Europe 2004 de l'Académie de musique du Québec a été décerné le 11 juin dernier à la percussionniste Anne-Julie Caron, native de Québec. Doté d'une bourse de 15 000 $ offerte par le ministère de la Culture et des Communications, le Prix d'Europe offre à de jeunes musiciens la possibilité d'aller perfectionner leur art à l'extérieur du Canada. Si la destination privilégiée pour ce faire était auparavant l'Europe (d'où le nom), il est de plus en plus fréquent que les lauréats et lauréates se rendent aux États-Unis, comme ce sera le cas pour Anne-Julie Caron, qui ira étudier à Boston auprès de Nancy Zeltsman, spécialiste du marimba.

Anne-Julie Caron a complété ses études au Conservatoire de musique de Québec sous la direction de Carol Lemieux. Elle s'est déjà produite avec l'Orchestre symphonique de Québec et a remporté le Premier Prix en percussion dans le cadre du Concours de l'Orchestre symphonique de Trois-Rivières. Le 26 et 27 août, elle participera à l'International Marimba Competition, qui se tient cette année en Belgique.

Le Prix d'Europe, fondé en 1911, en était donc à sa 93e édition, et c'est la deuxième fois seulement qu'il est remis à une percussionniste (la première fois, en 2000, la lauréate était Catherine Meunier). La liste des récipiendaires comprend des noms prestigieux, parmi lesquels on remarque ceux de Wilfrid Pelletier (1915, piano), Germaine Malépart (1917, piano), Gabriel Cusson (1924, violoncelle), Lionel Daunais (1926, chant), Raymond Daveluy (1948, orgue), Clermont Pépin (1949, piano), Kenneth Gilbert (1953, orgue), Lise Boucher (1958, piano), Jacques Hétu (1961, composition), Colette Boky (1962, chant), Micheline Coulombe Saint-Marcoux (1967, composition), Raynald Arsenault (1973, composition), Robert Langevin (1976, flûte), Chantal Juillet (1979, violon), Marie-Danielle Parent (1980, chant) et Philippe Magnan (1987, hautbois). Notons qu'en 1971, le Prix ne fut pas attribué, les juges n'ayant pas trouvé de candidat de niveau satisfaisant.

Deux autres prix ont aussi été attribués lors de la cérémonie : le prix John-Newmark (4 000 $) à la flûtiste Jocelyne Roy, et la bourse offerte par le Centre de musique canadienne pour la meilleure exécution d'une œuvre canadienne (500 $) à la pianiste Jacynthe Riverin, pour Chute/parachute, de Michel Gonneville. Le jury était composé des cinq personnalités suivantes : Rolf Bertsch (chef d'orchestre), Alain Cazes (tubiste), Nicole Lorange (soprano), Louis-Philippe Pelletier (pianiste) et André Roy (altiste).

Prix du Conseil des Arts du Canada en musique
Réjean Beaucage

Le violoniste Jasper Wood, la violoncelliste Kaori Yamagami, la flûtiste Jocelyne Roy et la soprano Shannon Mercer sont les récipiendaires de prix décernés par le Conseil des Arts du Canada à de jeunes musiciens canadiens.

Jasper Wood, originaire de Moncton (Nouveau-Brunswick) et résidant à Toronto, est le lauréat du Prix Virginia-Parker 2004. Le prix, d'une valeur de 25 000 $, a été créé en 1982 par Virginia Parker Moore. Julie-Anne Derome, Stewart Goodyear, Marie-Nicole Lemieux, Yannick Nézet-Séguin, James Ehnes et Karina Gauvin figurent parmi les anciens lauréats du Prix Virginia-Parker.

À la mémoire de la regrettée Sylva Gelber, décédée en décembre dernier, le Prix de la Fondation Sylva-Gelber est décerné cette année à deux musiciens de talent. Kaori Yamagami de Maple (Ontario) et Jocelyne Roy de Repentigny (Québec) en sont les lauréates. Mme Yamagami recevra 15 000 $ et Mme Roy recevra 10 510 $. La liste des lauréats précédents compte les noms de David Jalbert, Jasper Wood, Jon Kimura Parker, Marc-André Hamelin, Stewart Goodyear et Alexandre Da Costa.

Shannon Mercer, originaire d'Ottawa et résidant à Toronto, est récipiendaire du Prix Bernard-Diamant, d'une valeur de 5 000 $. Créé en 2001 grâce à un généreux legs du regretté Bernard Diamant au Conseil des Arts, le prix a été décerné en 2002 à Measha Brueggergosman.

Les quatre lauréats ont été sélectionnés par un comité de pairs composé des artistes suivants : Alison Black, violon-solo de l'Orchestre symphonique de Terre-Neuve et membre du quatuor à cordes Atlantique ; Louise Bessette, pianiste et professeure au Conservatoire de musique de Montréal ; Ian McDougall, tromboniste et ex-chef du département de musique de l'Université de Victoria ; Patricia Green, mezzo-soprano et professeure à l'Université Michigan State.

Concours de musique ARAM 2004
Réjean Beaucage

Fait inusité à la finale de la classe « Récital » du Concours de musique de l'Association de Repentigny pour l'avancement de la musique, qui se tenait à la fin du mois de mai sous la présidence d'honneur de Madame Agnès Grossman : le jury, composé de Louis Charbonneau (percussionniste), Stéphane Lemelin (pianiste) et Marc Bélanger (altiste et chef d'orchestre) a trouvé les candidats d'un niveau si élevé que chaque juge a donné 100 $ afin de bonifier les prix ! Inspirée, sans doute, par cette générosité exceptionnelle, la directrice du concours, Madame Hélène Roberge, a également donné 500 $ pour ajouter une nouvelle bourse. Le palmarès s'établit donc comme suit : 1er prix à Caroline Milot, violoncelliste (bourse de 3 000 $ offerte par la ville de Repentigny) ; 2e prix à Rémi Pelletier, altiste (bourse de 2 000 $ offerte par le ministère de la Culture et des Communications du Québec) ; 3e prix à Caroline Chéhadé, violoniste et Stéphanie Lessard, soprano (qui se partagent la bourse de 1 000 $ offerte par la Fondation des J.M.C., la nouvelle bourse de 500 $ [Prix Roberge, 4e prix] et 200 $ provenant de deux juges pour une bourse totale de 850 $ chacune) ; 5e prix à Sonia Coppey, violoniste (bourse de 500 $ [Prix ARAM, 5e prix], plus 100 $ d'un juge).

Deuxième Concours International de composition du Quatuor Molinari
Réjean Beaucage

Le Quatuor Molinari dévoilait lors de son concert du 27 mai dernier à la salle Redpath les noms des lauréats de son Deuxième Concours International de composition pour quatuor à cordes. Les lauréats ont été choisis parmi 129 candidats âgés de moins de 40 ans et provenant de 38 pays. Le jury était composé des membres du Quatuor Molinari et des compositeurs José Evangelista, Alexina Louie et Michael Matthews. Les lauréats sont les suivants : 1er prix (bourse de 3 000 $) à Tazuk Izan Tajuddin (1969, Malaysie) pour son œuvre Mediasi Ukiran, Tenunan VIII ; 2e prix (bourse de 2 000 $ à Eun-Hwa Cho (1973, Corée du Sud) pour son œuvre Quatuor nº 2 ; 3e prix (bourse de 1 000 $) à Alexios Porfyriadis (1971, Grèce) pour son œuvre Dromena. Une mention d'honneur a été attribuée à Sixto Manuel Herrero Rodes (1965, Espagne) pour son œuvre Ignotalias. Les quatre lauréats seront invités à travailler avec le Quatuor Molinari avant la tenue du Concert des lauréats qui sera donné le 4 février 2005 et à participer aux Dialogues à la Chapelle, ateliers publics de discussion, d'échanges et de performance conçus par le Quatuor Molinari. De plus, les quatre œuvres primées seront gravées sur disque compact sous étiquette ATMA Classique.

Analekta
Réjean Beaucage

Le 3 juin dernier, Mario Labbé, président de la maison de disques Analekta, conviait la presse au lancement de deux nouveaux disques qui ont la particularité d'être des compilations. Pas que la chose soit d'une originalité folle, mais le catalogue d'Analekta, outre l'annuelle compilation maison, n'en compte guère. Conscient d'avoir sous la main un grand nombre d'enregistrements qui méritent certes d'être rappelés à notre bon souvenir, Mario Labbé a décidé de faire paraître chaque année jusqu'à trois compilations.

L'exercice n'offre après tout que de bons côtés: les enregistrements peuvent bénéficier d'une remasterisation et la confection d'un nouveau programme peut être bénéfique à chacune des oeuvres qui le composent. Le but premier de la compilation reste évidemment pour la maison de disques d'avoir la possibilité d'offrir à l'amateur un coup d'oeil rapide sur un large éventail de sa production, en espérant qu'il aura envie d'aller y voir de plus près.

Les deux premières productions de l'étiquette sont de belles pièces. D'abord, un recueil intitulé Sonates pour clavecin (AN 2 9761), composé d'extraits des trois volumes de l'Intégrale des sonates pour clavecin obligé et un instrument mélodique de Jean-Sébastien Bach qu'a fait paraître Geneviève Soly. Ensuite, Belle Voci, Arias: Les grandes voix du Canada (AN 2 9762) offre un programme d'extraits de cantates et d'opéras chantés par Lyne Fortin, Karina Gauvin, Suzie LeBlanc, Marie-Nicole Lemieux et Diana Soviero. Un design très moderne habille le tout. Un bon coup d'Analekta, qui attirera sans doute l'attention sur son catalogue.


(c) La Scena Musicale