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La Scena Musicale - Vol. 7, No. 1

Le choix d’un professeur: pas si simple.!

Par Lucie Renaud / 1 septembre 2001

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Septembre s’amorce, synonyme de rentrée scolaire, d’horaires un peu plus fous, de choix d’activités parascolaires pour votre enfant ou de l’odeur des cartables neufs. L’envie vous titille de vous mettre à l’étude d’un instrument. Avant même de prendre le téléphone, il faut s’interroger sérieusement sur le temps qui y sera consacré. Il ne suffit pas de bloquer l’heure de leçon dans l’agenda et de continuer la ronde des activités. Pour progresser de façon réelle à l’instrument, il faudra accepter d’investiý un minimum de temps de pratique. La plupart des professeurs mentionneront leurs exigences, qui varient généralement de 20 à 60 minutes quotidiennement. Cela peut paraître excessif à première vue, mais si vous comptez le nombre d’heures qu’un jeune engagé dans une activité sportive de niveau plus ou moins compétitif consacre chaque semaine à ce sport (incluant le transport et les heures perdues à attendre le prochain match), vous admettrez que la pratique d’un instrument n’est finalement pas si contraignante. Si vous ou votre enfant êtes fanatique d’activités dirigées tous les soirs de la semaine, abandonnez tout de suite avant d’éprouver frustration et stress inutiles.

Vous êtes maintenant prêt à amorcer le processus de sélection qui mènera à la porte du professeur idéal… pour vous. Vous pouvez bien sûr consulter les pages jaunes ou le bottin des activités de votre ville pour dénicher la perle rare. De plus en plus de professeurs s’affichent également sur le Web. S’il existe une école d’envergure dans votre ville, les responsables auront la plupart du temps une liste de professeurs à vous offrir. Demandez également à vos amis (musiciens ou non) de vous recommander un professeur (rien de plus convaincant qu’un client satisfait), mais évaluez si vos attentes se comparent aux siennes. Certains professeurs, par exemple, insistent fortement (pour utiliser un euphémisme) sur la participation de tous leurs élèves à des concours. Si, à la mention du mot performance, l’enfant se fige totalement, ce professeur n’est évidemment pas pour lui. D’autres professeurs diront d’emblée que deux heures devront être consacrées aux exercices quotidiens. Si votre seul désir est de vous offrir un défoulement artistique, la porte du studio vous sera rapidement montrée et vous vous sentirez floué.

Prenez le temps de poser au professeur toutes les questions qui vous viennent à l’esprit (l’encadré en propose une série) et n’hésitez pas à demander d’assister à une première mini-leçon qui vous permettra d’évaluer l’environnement physique (idéalement, la leçon devrait avoir lieu dans un endroit calme et bien éclairé), les politiques administratives du studio (la plupart des professeurs sérieux auront une feuille détaillée à ce sujet), les compétences du pédagogue (un baccalauréat en musique devrait vous rassurer plus que trois DEC non complétés), mais également les atomes crochus qui existeront entre vous (ou votre enfant) et elle (la plupart des professeurs étant, encore, de sexe féminin, sauf pour les instruments non traditionnels comme les cuivres). Prenez le temps qu’il faut et si vous sentez une pression suspecte (du genre « Payez dix leçons à l’avance et à la semaine prochaine »), faites attention.

L’enseignement devrait être une vocation et non seulement une occupation professionnelle. Bien sûr, le monde de la musique étant ce qu’il est, il reste bien naturel qu’un musicien doive arrondir ses fins des mois en prenant quelques élèves, mais recherchez également un musicien qui poursuit activement sa carrière d’instrumentiste (même si ce n’est pas à un niveau professionnel). Méfiez-vous de ceux qui prétendent qu’ils ont choisi d’enseigner plutôt que d’interpréter. Les belles paroles n’ont que peu de prise dans le domaine artistique où intuition, émotion et raison vont généralement de pair.

Le choix d’un professeur simplement parce que ses tarifs semblent plus raisonnables peut s’avérer une erreur grave. Même si certains passionnés offrent souvent des leçons pour bien moins cher qu’ils ne le devraient, évaluez toutes les variables de l’équation. Un professeur un peu plus onéreux peut offrir aux élèves la chance de participer gratuitement à des concerts, ne pas hésiter à prêter ses partitions ou ses enregistrements ou proposer à l’occasion d’amener ses élèves à un concert. Plusieurs professeurs offriront également de solidifier les connaissances (particulièrement théoriques) à l’aide de logiciels adaptés. Il faut également savoir évaluer le temps que le professeur investit après et avant l’heure de la leçon pour préparer le matériel adéquatement. Surtout, ne décidez pas de choisir un « moins bon » professeur parce que l’enfant débute et que vous changerez quand l’élève aura dépassé le maître.! Un mauvais professeur peut faire beaucoup plus de dommages à un élève débutant qu’à un intermédiaire. Les fondations resteront instables et handicaperont l’étudiant tout au long de ses études (s’il n’a pas été découragé par le processus bien avant d’en arriver là).

Si vous réussissez à négocier ce premier choix crucial, des heures de plaisir vous attendent au fil des ans. Si vous n’êtes pas à l’aise avec le professeur, n’abandonnez pas l’instrument, essayez plutôt un autre professeur. Le professeur idéal existe, continuez simplement à chercher. Même si la plupart des jeunes musiciens ne se lanceront pas dans une carrière internationale, la musique saura toujours combler les attentes des plus endurcis, pendant la période trouble de l’adolescence aussi bien qu’à celle qu’on dit plus raisonnable, l’âge adulte. Bonne année musicale.!

Quelques questions essentielles…

  • Quelles sont les attentes du professeur.?
    (concours, exercices, temps de leçon)
  • Dernier diplôme obtenu en enseignement et années d’expérience.?
  • Jouez-vous encore de façon régulière.?
  • Genre de musique enseignée.? Si votre chère tête blonde se meurt d’apprendre la dernière chanson pop et que le professeur n’enseigne que du Bach, problèmes à l’horizon…
  • Nombre d’élèves.? Si le professeur enseigne à 75 étudiants, il y a fort à parier qu’il ne pourra accorder toute son attention à chacun.
  • Le professeur a-t-il un dépliant ou un résumé de ses politiques de studio.?
  • Méthode utilisée.? Les meilleurs professeurs sauront adapter les nombreuses méthodes existantes à la personnalité de l’étudiant. Méfiez-vous de ceux qui ne jurent que par une seule.!
  • Puis-je assister aux leçons.? Certains professeurs interdisent l’accès au studio, d’autres l’encouragent, même si c’est de façon occasionnelle. Il est souvent souhaitable que les parents des tout jeunes enfants assistent à la leçon, histoire de pouvoir diriger plus adéquatement le temps de pratique.

La plupart des parents, même ceux qui disent n’y rien comprendre, sauront évaluer l’ampleur des progrès réalisés s’ils portent attention à leur enfant en assistant de temps à autre à la leçon et en écoutant leurs exercices quotidiens. Si vous voulez convaincre votre enfant de l’importance de l’éducation musicale, commencez par en être vous-même convaincu.! p

 


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