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La Scena Musicale - Vol. 7, No. 1

on n'a pas tous les jours 5 ans.!

Par Lucie Renaud / 1 septembre 2001

English Version...


1er année

Sans tambour ni trompette, Wah Keung Chan a lancé en septembre 1996 La Scena Vocale, « consacrée au plaisir de la musique vocale », comme le mentionnait la notice du bloc technique. Photocopié à 300 exemplaires, ce premier numéro (volume ii no 1) tenait sur un feuillet. Au recto, un calendrier des concerts, conférences et films pour amateurs d'art lyrique.; au verso, le « Dead Singers' Column », qui mettait en vedette Ljuba Welitsch. Pourtant, ce lancement « officiel » avait été précédé d'une répétition générale savamment orchestrée.: en avril de la même année, l'éditeur s'était fait la main sur des bulletins informatifs (volume i, nos 1, 2, 3) qu'il avait distribués à une trentaine de ses connaissances. Premiers pas qui mèneraient loin…

Dès le mois suivant, Wah Keung Chan ajoute une nouvelle chronique, WAK's Up, qui propose des trucs aux lecteurs.: comment enregistrer un opéra à la radio en se servant de son magnétoscope, comment réparer les boîtiers de CD, une démystification d'Internet dès le numéro de décembre 1996, bien avant que la Toile ne prenne l'importance qu'on lui connaît maintenant (la revue sera d'ailleurs disponible sur le Web dès ses presque tout débuts). S'y greffent aussi des renseignements d'ordre musical (qui deviendront « Les notes » en juin 1997). En décembre 1996, la publication passe à un feuillet de 4 pages, distribué à 500 exemplaires. En mars-avril 1997, on adopte le papier journal pour ces 8 pages imprimées (et non plus photocopiées), de nouveaux collaborateurs se greffent au duo Chan-Philip Anson et les textes apparaissent maintenant dans les deux langues officielles. Le Docteur Chagnon amorce sa populaire chronique consacrée à la voix et aux malaises qui peuvent s'y rattacher et Howard Dyck signe un émouvant hommage à la soprano Lois Marshall, décédée le mois précédent. Il mentionnait.: « J'ai été ébahi par la profondeur des émotions exprimées par nos auditeurs à l'échelle nationale. Ils ont tous souligné sa voix unique et superbe, mais encore plus l'engagement passionné qu'elle mettait dans chacune de ses performances. »

En mai 1997, La Scena Vocale devient La Scena Musicale et Vocale. Le calendrier s'étend maintenant sur trois pages, une page couverture avec photo en noir et blanc s'ajoute (sur celle-ci, on retrouvait la soprano Lyne Fortin, les ténors Schreier et Pavarotti ainsi que le pianiste Jon Kimura Parker) et la publication atteint 16 pages. Le mois suivant, le calendrier offre pour la première fois un compte rendu détaillé des festivals d'été (21 canadiens et 25 américains). À la fin de cette première année, des critiques continuent d'être présentées (principalement d'opéra mais ce numéro mentionne également le concert qu'Evgeni Kissin offrait aux mélomanes de Québec), des articles plus fouillés font leur apparition « L'anneau du Nibelung », « Le chant harmonique » ainsi que des entrevues plus étendues (le baryton Desmond Byrne, la soprano Isabel Bayrakdarian). En juillet-août (vol. ii no 10), des critiques de CD sont présentées pour la première fois, entre autres celle du désormais classique enregistrement des 24 Caprices de Paganini interprétés par le violoniste James Ehnes.

2e année

Le premier numéro du volume III (septembre 1997) passe à un format de 24 pages, distribué à 15.000 exemplaires dans plus d'une centaine de lieux à Montréal, Québec, Ottawa et Toronto. On verra en couverture la sympathique bouille du chef Bernard Labadie, qui venait de signer sa première transcription, celle des Variations Goldberg. Il avait confié à La Scena Musicale (on avait perdu le « vocale » pendant l'été).: « J'ai toujours été passionnément intéressé par la musique de Bach. Sa capacité de transformer sa musique était phénoménale. Il écrivait 2 ou 3 versions de chaque composition, en adaptant sa propre musique, la transformant comme les musiciens modernes n'oseraient jamais le faire. Il est assez ironique de constater que la pratique actuelle, en ce qui concerne la musique ancienne, accorde au mot « authentique » un sens sacré, qui n'a rien à voir avec les usages d'autrefois. »

Au cours de cette seconde année, qui verra le nombre d'exemplaires augmenter à 20.000 et l'apparition du calendrier central détachable, les amateurs ont pu également découvrir d'autres vedettes, maintenant confirmées, de la scène lyrique.: Renée Fleming, Gino Quilico, Karina Gauvin, Ben Heppner, Bryn Terfel, Donna Brown, Daniel Taylor, Gerald Finley, Dmitri Hvorostovsky, Olaf Bär, mais également les chefs Philippe Herreweghe et Joseph Rescigno et le compositeur Krzysztof Penderecki.

3e année

La Scena Musicale entame sa troisième année avec des numéros plus volumineux (d'en moyenne 32 pages). Se succéderont sur ses couvertures.: l'ensemble La Nef, James Ehnes, Stefen Fehr et Susan Pollet, Cecilia Bartoli, Leila Josefowicz, Brett Polegato, Lorraine Vaillancourt, qui célébrait les 10 ans du Nouvel Ensemble Moderne, Bernard Labadie, qui fêtait, lui, les 15 ans des Violons du Roy, Denis Brott et Margie Gillis, qui s'étaient associés le temps du Festival de musique de chambre de Montréal, consacré au mariage musique et danse, et Ben Heppner. Les critiques de concerts, de CD et de livres s'amplifient, le calendrier continue d'être des plus détaillés pour le plus grand plaisir des lecteurs mélomanes qui se réfèrent à La Scena Musicale plusieurs fois par mois.

4e année

Coup de théâtre en septembre 1999, histoire de souligner la quatrième année d'existence de la publication.: la couverture est maintenant imprimée en couleurs sur du papier glacé, offrant une visibilité accrue quasi instantanée à la revue. La blonde Amanda Forsyth soulevant son violoncelle (qu'on venait de lui voler) de façon victorieuse a ainsi été remarquée par les 35.000 lecteurs que compte alors La Scena Musicale. Outre la violoncelliste, Suzie LeBlanc, Marc-André Hamelin, Karina Gauvin, Barbara Hendricks, Yannick Nézet-Séguin, Lara St. John, Matthias Goerne, Andrew Manze et les compositeurs de la Symphonie du millénaire se retrouveront ainsi sur papier glacé. Une chronique musicologique couvrant certains chefs-d'œuvre musicaux du xxe siècle qui s'achevait avait été également proposée. Plusieurs numéros à caractère spécial ont été mis sur pied.: le numéro de septembre s'attaquait à l'apprentissage (avec des articles sur les bienfaits d'une éducation musicale, le choix d'un instrument et quelques méthodes d'initiation), le numéro de novembre poursuivait sur cette lancée en proposant des choix de carrière pour les musiciens, en faisant le point sur les nouveaux programmes. Les numéros de février et mars 2000 étaient quant à eux consacrés au piano. Articles sur les grands pianistes (Glenn Gould, Richter, Chopin) la musique pour piano avant le xxe siècle, la technique pianistique, les pianistes canadiens, Marek Jablonski, l'historique du piano, les pianos numériques et l'achat d'un piano avaient permis aux amateurs de l'instrument-roi d'épancher leur soif de connaissances.

5e année

Les articles de fond se sont multipliés lors de la cinquième année du mensuel, qui compte maintenant en moyenne 56 pages. Nos lecteurs ont pu lire des entrevues exclusives avec le maestro de l'OSM, Charles Dutoit, le musicologue français Gilles Cantagrel, qui consacre sa vie à Bach, le baryton José van Dam, qui devait offrir un récital mémorable aux amateurs montréalais, la polyvalente soprano Renée Fleming, qui confiait « n'être pas naturellement douée pour la scène », Daniel Taylor, qui démystifiait la voix d'alto masculin, la légende vivante Alfred Brendel, qui célébrait ses 70 ans, l'intense Jordi Savall, l'éblouissant jeune violoncelliste Yegor Dyachkov, le toujours actuel Quatuor Molinari, Nathalie Paulin, qui a partagé avec nous le périple qui l'a menée à tenir le rôle-titre dans l'opéra Pelléas et Mélisande, l'accompli James Ehnes, qui a su démontrer qu'il était beaucoup plus qu'un enfant prodige et la pétillante Marie-Nicole Lemieux. Trois numéros ont également été consacrés à la voix, avec des articles sur les chanteurs canadiens, les œuvres chorales de Bach, les règles du chant du regretté Louis Quilico, la ménopause et les chanteuses, l'évolution de la voix.

Après cinq ans, la vitesse de croisière de la revue semble atteinte.ý le contenu continue de s'étoffer, les artistes les plus célèbres n'hésitent pas à nous accorder une entrevue, le site Web (ayant remporté plusieurs prix) se démarque habilement, la réponse des lecteurs reste extrêmement positive, plusieurs avouant attendre avec impatience le premier du mois pour savourer leur exemplaire. Un monde idéal.? Pas tout à fait. Organisme sans but lucratif, La Scène Musicale (qui publie la revue) souffre d'instabilité financière et continue d'être dépendante (pour ne pas dire esclave) des annonceurs. Ne recevant pas (ou si peu) de subventions, chaque numéro mis sur pied tient parfois du numéro d'équilibriste. Pourtant, la fièvre persiste, tant dans l'équipe de production que des bénévoles qui nous soutiennent chaque mois avec passion. La musique classique ne rejoint peut-être qu'un minime pourcentage de la population mais qu'importe, il y a toujours moyen de gagner du terrain, un individu à la fois. Comme le disait le violoncelliste Julian Armour (vol. 3 no 9), « Nous voulons détruire le mythe que la musique classique est intellectuelle et ennuyante. Si nous pouvons convaincre le public en lui présentant une performance excitante, nous venons de le convertir à notre cause. » Longue vie et merci à nos fidèles lecteurs.!


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(c) La Scena Musicale 2002