Accueil     Sommaire     Article     La Scena Musicale     Recherche   

La Scena Musicale - Vol. 5, No. 6

Avant d'acheter un piano

Par Stéphane Villemin / 1 mars 2000

English Version...


Acheter un piano, qu'il soit droit ou à queue, s'avère toujours délicat car il en va des pianos comme des personnes : chacun a son caractère. Parmi les instruments d'une seule et même marque, on constate souvent des disparités dans la couleur sonore, la pureté, et dans les rapports entre les différents registres. Néanmoins, il existe des critères objectifs qui permettent à tout un chacun d'évaluer la qualité de l'instrument avant de signer son chèque.

L'égalité du clavier peut s'apprécier en montant une gamme, du grave vers l'aigu, puis en plaquant des accords dans les différents registres, de manière à comparer l'enfoncement des touches. Un piano d'occasion beaucoup utilisé aura tendance à être très souple dans le medium, plus enclin à la résistance dans le grave et l'aigu. Il est aussi conseillé de vérifier le bon alignement des étouffoirs au repos, puis avec la pédale de gauche enfoncée. Chaque note doit s'étouffer automatiquement lorsque la touche revient à sa position initiale. L'usure des marteaux doit faire l'objet d'un examen attentif s'il s'agit d'un piano d'occasion. Lorsque la tête est creusée de profonds sillons, il vaut mieux changer les feutres, puis réharmoniser l'instrument. L'efficacité des pédales se teste de la manière suivante : celle de gauche (una corda sur les pianos à queue) doit clairement favoriser la nuance piano, sans trop réduire pour autant la richesse des harmoniques; celle du milieu, en général une sourdine, doit vous permettre de jouer sans exaspérer votre voisin de palier; la pédale de droite doit libérer les résonances en empêchant les étouffoirs de stopper les sons. Si le piano semble avoir de l'âge, il faut s'assurer de l'intégrité de la table d'harmonie : pour cela, soulever le couvercle (pour les pianos à queue) ou enlever le cadre en bois situé sous le clavier (pour les pianos droits). Si le piano a l'air d'une anti-quité, assurez vous au moins que le cadre est bien en métal. Certains pianos du début du siècle comportaient encore un cadre en bois. Or, un tel piano est tout simplement inaccordable! La finition du meuble a aussi son importance : on reconnaît en général au premier coup d'œil un instrument bien entretenu.

Si ces premiers tests se sont avérés satisfaisants, tournez-vous vers l'essentiel, qui consiste à apprécier la qualité et la richesse du son. Toute subjective, cette appréciation peut néanmoins être reliée à deux critères : la marque, souvent gage de qualité, et la préparation du piano par le technicien. Ce dernier ne transformera pas une casserole en instrument de concert, mais il peut améliorer grandement la qualité sonore. S'il accorde et harmonise au mieux le piano, il peut réussir à faire chanter une note et à lui rendre sa vie et ses couleurs.

Enfin, comme pour les voitures, un argus du piano est publié, qui recense tous les instruments d'occasion et leur prix : en le consultant, vous aurez une idée de ce qu'offre le marché pour le budget que vous vous êtes fixé. (« L'Argus du piano », Daniel Magne dans La Lettre du Musicien, Paris).


English Version...

(c) La Scena Musicale 2002