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La Scena Musicale - Vol. 3, No. 5

Centenaire du ténor Georges Thill

Par Richard Turp / 1 février 1998

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On a souligné l’an dernier le centenaire de naissance de Georges Thill qui fut probablement le plus grand ténor français du siècle. Né à Paris, il étudia avec le légendaire ténor Fernando De Lucia à Naples. Ceci explique sans doute pourquoi il était parmi les seuls chanteurs francophones pouvant concilier une diction idiomatique française avec la technique dite du bel canto axée sur le legato et la mezza voce.

Il fit ses débuts en 1924 à l'Opéra de Paris dans le rôle de Nicias dans Thaïs de Massenet. Il se retira en 1956 après avoir interprété tous les grands rôles de l'opéra français et italien ainsi que plusieurs personnages wagnériens qu'il aimait tout particulièrement. Son répertoire comprenait plus de 50 rôles de premier plan. Il était aussi à l'aise chez Bach et chez Gluck (il faut écouter son interprétation de "Bannis la crainte" dans Alceste et de "Unis dès la plus tendre enfance" dans Iphigénie en Tauride) que dans des œuvres contemporaines inédites de Rabaud, Cantaloube et Guinsbourg.

Sa carrière s'est déroulée surtout à Paris, mais elle l'a mené aussi à Covent Garden, à la Scala, au Metropolitan et au Colón de Buenos Aires. Il trouva même le temps de tourner plusieurs films dont Louise (inspiré de l'opéra de Charpentier) d'Abel Gance avec la soprano Grace Moore.

La discographie de Thill (quelque 150 titres incluant plusieurs versions intégrales d'opéras) reflète non seulement la diversité de son art, mais aussi son génie. Il était le maître incontesté du chant lyrique et de la voix mixte (écoutez le contre-ut de "Salut! demeure chaste et pure") ainsi que du chant héroïque ("Inutiles regrets" de Les Troyens de Berlioz, par exemple). Il possédait une voix lumineuse et homogène d'une rare beauté. Outre son phrasé et sa diction exemplaires, il faisait preuve d'un goût irréprochable. Il avait tout simplement de la classe.

Il existe actuellement sur le marché deux enregistrements qui témoignent du talent de Thill. Le premier, de Pearl (GEMM CD 0047), offre quelques grands succès (La Damnation de Faust, Hérodiade, Carmen, et Roméo et Juliette), mais également plusieurs choix discutables (La Bohème et La Traviata chantés en français et 8 mélodies de Fauré). Les notices biographiques qui accompagnent cet album sont inexactes ("il ne chantait pas qu'en français"-sic!) et la qualité sonore laisse à désirer.

Par contre, le choix d'extraits de Bongiovanni (Lebendige Vergangenheir) est plus représentatif de Thill et la reproduction sonore conserve l'authenticité vocale. Ce disque fait partie d'une précieuse collection d'enregistrements historiques intitulée "Il mito dell'opera". Celle-ci surprend toujours autant par la qualité de son contenant que de son contenu. Le disque admirable de Thill chez EMI-France, auparavant offert uniquement par commande spéciale, est maintenant disponible au Canada.


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(c) La Scena Musicale 2002